Six semaines après avoir avoir
pris le contrôle du portail PageFrance et du service de courrier
électronique gratuit Caramail, via le rachat du groupe suédois
Spray, Lycos Europe fait un nouveau pas en avant sur le marché
français avec son offre d'achat sur Multimania. "Avec 470
millions de pages vues sur ses sites et 6 millions d'abonnés",
le groupe internet va s'établir "immédiatement comme le numéro
deux en France", affirme-t-il dans son communiqué, soit un
dauphin menaçant pour Wanadoo. Et surtout, avance Lycos
Europe, il "acquiert non seulement une position de leader
sur le marché de l'Internet en France, mais également une
des équipes dirigeantes les plus reconnues dans cette industrie".
Lycos Europe estime qu'il proposera "le portail Internet français
avec l'offre la plus complète, avec le premier site de communauté,
le numéro un français de l'e-mail gratuit et le moteur de
recherche Lycos".
Reste que le regroupement de
toutes ces marques et activités ne se fera pas sans douleur,
notamment si Lycos Europe souhaite mettre en place des synergies
publicitaires. MultiMania s'est en effet doté en janvier 1999
d'une régie publicitaire intégrée, alors que Spray France
a mis en place en septembre sa propre régie, jusque là assurée
par Hi-Media, qui conservait cependant la commercialisation
de Caramail... Quant à Lycos France, il dispose lui aussi
de sa régie. Parmi les autres dossiers à régler, le partenariat
scellé en juillet avec AltaVista, qui visait à fournir un
espace "pages persos" au portail. AltaVista est en effet un
concurrent frontal de Lycos. Ce dernier possède par ailleurs
Tripod
et Angelfire,
qui opèrent sur le même secteur des pages personnelles que
Multimania.
Ce type d'enchevêtrements
n'est d'ailleurs pas l'apanage de la France au moment où
Lycos Europe déploie sa stratégie visant à se positionner
parmi les trois premiers sur ses marchés principaux (ll'Allemagne,
la France, la Grande-Bretagne et la Scandinavie), à coups
d'acquisitions. Grâce au rachat de Spray Network en septembre,
Lycos Europe a renforcé sa position sur le continent avec
1,1 milliard de pages vues, 21 millions de visiteurs uniques
et plus de 9 millions d'utilisateurs. Par ailleurs, en octobre,
Lycos Europe a signé un accord avec l'allemand Bertelsmann
pour profiter des nouveaux contenus numériques de ce dernier.
Bertelsmann figure d'ailleurs
au capital de Lycos Europe, dont il détient 19,3%, au coté
de Lycos Etats-Unis (31%). Les deux groupes se sont alliés
en mai 1997 pour former Lycos Europe, aujourd'hui présent
dans douze pays européens et qui a réalisé un chiffre d'affaires
de 71,6 millions d'euros pour l'exercice s'achevant en juin
2000. Lycos Europe est coté depuis mars au Neuer Market de
Francfort, a vu son titre, introduit à 24 euros, chûter de
plus de la moitié depuis. En raison notamment de coûts marketing
très élevés, Lycos Europe a enregistré une perte nette de
99,7 millions d'euros sur son exercice 1999/2000.
Pour compliquer un peu plus le
dossier, la maison-mère américaine de Lycos Europe vient d'être
racheté par l'espagnol Terra Networks, la filiale Internet
de l'opérateur de télécommunications Telefonica. En lançant
cette opération de rachat en juin, Telefonica ne cachait pas
ses intentions de renforcer sa présence en Europe. Ce rachat
a justement été conclu au début de cette semaine. Le nouveau
Terra-Lycos, présent dans quarante pays et dix-neuf langues,
revendiquait dans son acte de naissance 91 millions de visiteurs
uniques par mois. Il faut désormais y ajouter ceux de Multimania.
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