Comment greffer ses racines sur
Internet ? C'est ce chemin que Niry Jules a suivi en lançant,
en 2000, Sobika.com, le site de la communauté malgache
de France. Rencontre avec un responsable de site qui,
fort d'un parcours de professionnel du Web, sait très
bien vers quoi faire évoluer son service en ligne
et son modèle.
Dans
quelles circonstances avez-vous créé le site Sobika.com
? Qu'est-ce
que cela veut dire d'ailleurs ?
Niry
Jules. Sobika est le nom malgache de "Soubique"
qui est un panier fourre-tout. Soubique est l'un des
rares noms communs français directement dérivés
du malgache. Le site, créé en 2000, est
destiné à la communauté malgache de France.
Quel
est le statut de votre société ?
C'est une EURL depuis six mois (entreprise unipersonnelle
à responsabilité limitée). Nous sommes deux personnes
. Nous éditons un autre site complémentaire à Sobika.com,
un site de rencontres malgaches nommé Fitia.com.
Pouvez-vous résumer le positionnement
de Sobika.com et répertorier ses plus grandes rubriques
?
Nous visons clairement tous les malgaches expatriés.
Nous avons une partie information où nous proposons
des news alternatives aux médias officiels malgaches,
une sorte de weblogs qui a trouvé tout son intérêt lors
de la crise malgache il y a quelques mois. Enfin, nous
avons une seconde partie plus interactive et communautaire
avec des forums, des témoignages, une rubrique
"Copains d'avant" [NDLR, service de Benchmark Group,
éditeur du JDNet] trés active, des interviews
de webmasters malgaches...Par ailleurs, nous avons dès
le début mis en place une rubrique féminine, ce qui
est assez rare dans les sites africains.
Quelle est l'audience du site
?
Nous comptons 30.000 visiteurs uniques par mois. Ce
chiffre est très important car il faut le ramener
à la population visée qui est de 300.000 internautes
potentiels. Par ailleurs, nous sommes juste derrière
Wanadoo Madagascar qui est le premier FAI à Madagascar.
Pour la mesure d'audience, nous utilisons Urchin qui
est l'outil statistique de notre hébergeur.
Quel est le modèle économique
de Sobika.com ?
Au tout début, comme pour d'autres :-), il n'en y avait
pas. Mais la publicité est venue d'elle-même car nous
avons été sollicités de suite pour des campagnes. Cela
représente 80 % de nos revenus avec l'e-mailing.
Les 20 % restants sont des demandes ponctuelles
en conseils ou création de sites.
Comment commercialisez-vous
l'espace publicitaire ?
Nous commercialisons nous-mêmes. Fort de mon expérience
en régie publicitaire Internet puis chez Hi Media Technologies
pour la vente de solutions technologiques d'ad servers,
j' ai voulu radicalement changer le mode traditionnel
de vente des espaces sur Sobika. Tout d'abord, l'e-publicité
n'existait pas pour les entreprises malgaches. Nous
avons donc lancé nos propres standards. En ce qui concerne
la vente des espaces, nous n'offrons aucun CPC (coût
au clic) ou CPM (coût pour mille). Pour convaincre
nos annonceurs, nous avons choisi la simplicité avec
un modèle de vente par emplacement avec un minimum de
visiteurs garantis. Cela se situe entre la presse et
la Télé. Ainsi nous vendons au forfait la page d'accueil,
par mois ou par semaine, comme une quatrième
de couverture presse, avec toutefois un minimum de visiteurs
garantis. Ce modèle est aujourd hui accepté par tous
nos annonceurs et c'est même devenu un standard de vente
pour les autres sites malgaches. Cela a un gros avantage
car nous ne sommes ni dépendants de solutions technologiques
d'ad servers ni prisonnier des taux de clics. Nous vendons
plutôt de la réclame.
Comment assurez-vous la communication
de Sobika.com auprès de la communauté malgache en France
?
Nous avons eu une approche très "terrain"
avec la distribution de flyers dans les endroits fréquentés
par notre public. Nous avons organisé des soirées ce
qui a contribué à nous sortir du "virtuel" et avons
développé une gamme de produits dérivés Sobika afin
de faire de notre site une marque à part entière.
Les acteurs du Net français
sont-ils intéressés par la communauté malgache et l'Internet
à Madagascar en général ?
Ceux qui s'intéressent à ce pays l'ont
vite compris. Wanadoo est le premier FAI à Madagascar
et adopte une vraie politique de développement. C'est
un pays africain à très forte culture
technologique. Un nombre croissant d'entreprises "high
tech" comprennent qu'il est intéressant
pour eux de délocaliser à Madagascar car les
coûts sont divisés par cinq, et des zones franches technologiques
sont créées pour les attirer. Enfin, la main
d'oeuvre est francophone et a été formée dans les universités
et les écoles d'ingénieurs françaises. Si des entreprises
sont intéressées par une implantation à
Madagascar, elles peuvent nous contacter. En ce qui
concerne les annonceurs francais, nous avons des voyagistes,
des entreprises de transport, des cabinets de recrutement.
Comment assurez-vous les liaisons
avec l'Internet malgache ? Entretenez-vous des liaisons
avec des organismes Internet à Madagascar ?
Un chat "personnalités" en partenariat avec Wanadoo
Madagascar va être lancé. Nous allons convier des personnalités
malgaches à venir chatter en direct. Le chat
sera retransmis en direct sur les deux sites partenaires.
Par ailleurs, avons un autre projet plus industriel
pour lequel nous cherchons des partenaires de type web
agencies - intégrateurs. Le but pour ces futurs
partenaires étant de baisser les coûts de production
en sous-traitant une partie de leur activités via une
unité de production basée à Madagascar.
Croyez-vous à un modèle payant
?
Oui pour les sites qui sont des canaux de distribution
: tourisme,
e-commerce. Oui pour les sites de services (places de
marché, sites de rencontres, moteurs de recherche).
Mais non pour les sites éditoriaux sauf s' ils ont développé
une vraie marque et une vraie légitimité sur le Net.
Quelle est la plate-forme technologique
de Sobika ? Quels sont vos outils d'édtion Web ?
Linux et Apache. Pour l'édition, nous utilisons
PHP/MySQL et Dreamweaver pour la partie HTML. Nous avons
migré chez OVH. Même si les premiers jours ont été
difficiles, nous sommes satisfaits aujourd'hui.
Quel est votre parcours personnel
? Quelle place tient Sobika.com dans votre vie aujourd'hui
?
Une maîtrise de gestion, un passage dans la finance
avant le grand saut dans le Net chez en tant que Chef
de publicité chez Mediatris puis directeur de Clientèle
chez Hi Media Technologies. Parallèlement l'apprentissage
du métier de webmaster, des langages d'édition et des
techniques spécifiques du marketing Web. Sobika.com
tient une grande place mais c'est avant tout l'envie
de participer à la création du net malgache. Une passion
dévorante.
Seriez-vous
prêt à céder Sobika.com, maintenant ou plus tard ?
Tout dépend de l'offre et pour quoi faire. Mais je ne
serais pas contre un retour à la vie professionnelle
en entreprise. Mais toujours en lien avec le Web.
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