Capital-risque
Gérard Corvisier (IVCS) : " Il faut désormais un an en moyenne pour boucler un tour de table "
L'organisateur de l'International Venture Capital Summit, qui aura lieu les 1er et 2 décembre, analyse la situation du capital-risque et révèle les caractéristiques des fonds et des start-ups présents à l'ICVS.  (Lundi 24 novembre 2003)
         
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La septième édition de l'International Venture Capital Summit aura lieu les 1er et 2 décembre 2003 à Sophia Antipolis. Comme chaque année, la manifestation va réunir des créateurs de start-ups et des fonds de capital-risque européens et nord-américains (Techfund Capital, Emertec gestion, I-Source Gestion, Auriga Partners…), dans le but de déboucher sur le financement de projets innovants. En tout, la quarantaine d'entreprises sélectionnées recherche plus de 120 millions d'euros. Gérard Corvisier, directeur du CERAM Entrepreneurs Innovation, une entité issue de la CCI Nice Côte d'Azur qui est à la fois un incubateur et l'organisateur de l'IVCS, revient sur les spécificités de cette édition 2003 et analyse la situation globale du capital-risque.

JDN. Le capital-risque a-t-il remonté la pente en 2003 ? Comment jugez-vous la situation actuelle ?
Gérard Corvisier.
Les investissements du capital-risque en Europe et en France en 2003 ont atteint la moitié du niveau de 2002. Très objectivement, la conjoncture reste mauvaise. Cela finira par s'arranger, mais on ne peut pas dire qu'il y ait des signes clairs de reprise. Bien sûr, ça a l'air de repartir aux Etats-Unis, et en général cela a des répercussions sur l'ensemble de l'économie. Mais c'est aujourd'hui l'ensemble de la machine qui est bloquée, car la chaîne est grippée à tous les niveaux : les business angels n'arrivent pas à sortir donc ne peuvent pas réinvestir, et ils sont obligés de remettre de l'argent dans leurs projets pour ne pas les abandonner ; les capitaux-risqueurs ne trouvent pas de débouchés dans le capital-développement, qui lui-même n'arrive pas à sortir en Bourse, d'autant plus qu'il n'existe pas de vrai outil puissant, à l'instar du Nasdaq, pour faire repartir la machine. Par ailleurs, on trouve plus de dossiers demandant un financement important. Dans ce cas, soit c'est non, soit la syndication est obligatoire, d'où des délais rallongés (un an en moyenne pour boucler un tour de table), des complications et des lourdeurs. Par exemple, il a fallu douze mois, quatre partenaires et 180 présentations à Open Plug, l'une des start-ups IVCS, pour boucler sa levée de fonds en 2003.

Quelles sont les spécificités de l'édition 2003 ? Comment IVCS se différencie-t-elle des autres manifestations de ce type ?
Les maîtres-mots d'IVCS 2003 sont l'Europe et l'international. Nous avons diversifié les sources et les pays des intervenants. Nous essayons de drainer des actions de capital-risque et de capital d'amorçage françaises et européennes, de faire se rencontrer les capitaux-risqueurs européens, car il est souhaitable qu'ils se connaissent davantage, pour pouvoir participer à des projets communs. Pour l'instant, une cinquantaine de sociétés dont le capital-risque est le cœur de métier sont inscrites à IVCS. Notre positionnement a toujours été plus international que les autres manifestations de ce type, mais nous avons accentué cet aspect cette année. A part ça, nous avons axé l'organisation sur la cohérence entre les thématiques abordées, qui révèlent les tendances lourdes, et la présence de start-ups et d'investisseurs dans les secteurs associés. Pour chaque thématique, nous avons invité un spécialiste du secteur. Parmi les thématiques abordées lors des ateliers, citons les biotechnologies. Nous avons préféré parler de sciences du vivant et mettre l'accent sur la recherche de niches à cycle court (sachant qu'en général, on considère qu'il faut attendre 18 ans entre la découverte d'une molécule et sa rentabilité sur le marché). Une autre thématique concerne les spin-offs. On sait que ces derniers fonctionnent mieux que les créations à partir de 0. L'atelier va analyser comment s'y prendre pour que les spin-offs émergent mieux (en France, le taux de spin-off est moins bon qu'en Grande-Bretagne). Ces gisements de projets technologiques existent, mais sont cachés. On compte d'ailleurs quelques spin-offs parmi les projets sélectionnés à IVCS. Concernant les fonds présents, le capital d'amorçage est plus représenté que dans les éditions précédentes. Dans le passé, le cœur de cible d'IVCS était surtout les entreprises mûres (après la première levée de fonds), mais si on ne finance jamais en amorçage, la chaîne est rompue !

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Quelles sont les caractéristiques de la sélection 2003 et que sont devenues les entreprises sélectionnées en 2002 ?
La sélection compte 36 projets - essentiellement BtoB -, dont un seul dans l'Internet, neuf dans les logiciels, cinq dans les télécoms et le wireless, et sept dans les micro-composants. Plus de 50% des projets cherchent leur première levée de fonds. 47% des sociétés sont en phase premier produit/premier client, 22% en phase de développement commercial, 20% en phase de développement international et de diversification, 3% en pré-IPO, et 8% en phase de développement technique. Une vingtaine de projets sont internationaux, dont neuf viennent de Grande-Bretagne. Il n'y a quasiment aucune redondance entre notre sélection et celle de Capital-IT ou des autres manifestations de ce type, car IVCS possède des spécificités : son caractère européen, un " réseautage " plus approfondi car les gens qui viennent restent au moins un jour sur place, et des projets plus matures. Parmi les entreprises sélectionnées en 2002 et en 2001 qui ont accompli des levées de fonds, on peut citer Open Plug (3,6 millions d'euros), Europe Technologies (9 millions d'euros), BimExpress (7,5 millions d'euros), Innovacard…

[Raphaële Karayan, JDNet]
 
 
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