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Sur les traces des business angels
3) Comment séduire ces investisseurs privés
Les business angels donnent souvent le petit coup de pouce qui permet à un projet de voir le jour. Encore faut-il réussir à les convaincre. Mode d'emploi.   (24/02/2005)
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Dossier  Capital risque
 Michel de Guilhermier  P. Kosciusko-Morizet
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Faire appel aux business angels pour financer l'amorçage d'une société ne s'improvise pas. Le JDN a interrogé des professionnels de la création d'entreprise que sont les fondateurs de Photoways, de Priceminister et de Meetic, pour recueillir leurs témoignages sur cette expérience.

Pourquoi choisir ce mode de financement
Au démarrage d'une société innovante, il reste souvent difficile de faire appel aux banques ou aux fonds de capital-risque, qui réclament des garanties et de forts retours sur investissement cadrant rarement avec la réalité des jeunes entreprises. Autre écueil : les aides locales, régionales et celles de l'Anvar ne sont pas toujours perçues immédiatement et sont plafonnées. Elles ne peuvent suffire en outre à financer des besoins durables. Restent, pour l'entrepreneur, l'investissement en fonds propres, l'appel au patrimoine familial, à l'épargne de proximité et les business angels.

Lorsque Marc Simoncini, qui avait pourtant déjà fait ses preuves avec la création d'iFrance qu'il a revendu pour plus de 100 millions d'euros à Vivendi Universal, a lancé le site de rencontres sur Internet Meetic en 2002, il a cherché à lever plusieurs millions d'euros auprès de fonds de capital-risque pour asseoir sa nouvelle entreprise. Ce qui s'est avéré mission impossible. "J'ai essayé de faire entrer des fonds institutionnels pour légitimer mon activité, plus que par besoin impérieux de financement, mais je n'ai trouvé personne. Meetic a été lancé en pleine crise de l'Internet, et plus personne ne voulait en entendre parler. Même la banque a refusé de cautionner nos bureaux. En fait, les investisseurs investissent quand tout va bien, ce qui est une erreur totale." Finalement, Marc Simoncini s'est contenté d'un investissement en fonds propres, et d'un premier tour de 1,8 million d'euros réunis par une petite dizaine de business angels, recrutés parmi sa famille, ses amis et son réseau.

Le recours à ces investisseurs privés peut aussi relever d'un choix plus que d'une contrainte, notamment si l'entrepreneur cherche à s'entourer de compétences particulières pour faire décoller son activité, ou s'il veut boucler rapidement un tour de table en évitant les roadshows de plusieurs mois. Michel de Guilhermier, business angel lui-même, a par exemple réactivé son réseau d'investisseurs "en une heure", en 2000, pour financer Photoways. Une dizaine de business angels et quelques fonds ont participé au premier tour, à hauteur de 8 millions de francs.

Réactivité, indépendance, prise de risque

Pierre Kosciusko-Morizet, Pdg de PriceMinister, a lui aussi choisi ce mode de financement pour son premier tour de table (700.000 euros), puis lors de son deuxième tour (1 million d'euros). "Pour être les premiers sur le marché, il était impératif de boucler rapidement notre premier tour. Ce que nous avons fait en un mois et demi, en août-septembre 2000, en réunissant un peu moins d'une trentaine de business angels. C'était le seul moyen d'aller aussi vite. L'avantage avec eux, c'est qu'ils sont réactifs, et qu'ils ne vous poussent pas à dépenser l'argent trop vite. L'idée, c'était aussi d'attirer des compétences. Au deuxième tour, en juin 2001, nous voulions faire entrer des fonds. Mais ils ne comprenaient rien au business, disaient que cela ne fonctionnerait pas. A l'époque, c'était la mode des nanotechnologies. Donc nous avons fait un deuxième tour en faisant entrer une dizaine de business angels supplémentaires."

Comment entrer en contact
Pour contacter des investisseurs, les entrepreneurs font appel en premier lieu à leur réseau personnel et à ses ramifications. "Pour réussir l'opération, j'ai rencontré en tout près de 200 business angels, dont certains au quatrième niveau de réseau, note Pierre Kosciusko-Morizet. Au final, Priceminister a surtout attiré des investisseurs atypiques. Les habitués avaient déjà investi ailleurs et s'étaient pris des grosses claques, alors ils ne voulaient plus investir."

L'importance du réseau... et des réseaux

Il existe d'autres moyens de trouver des partenaires. Des intermédiaires comme Chausson Finance, Leonardo ou Aelios Finance font office de leveurs de fonds. Ils prennent en charge la recherche de capitaux en se rémunérant sur un pourcentage des fonds obtenus. Autre formule, moins onéreuse : les rencontres organisées entre porteurs de projets et investisseurs par des organismes tel que Finance et Technologie. Enfin, les réseaux de business angels, fédérés par France Angels, organisent également des rencontres de ce type. Dans tous les cas, l'entrepreneur doit disposer d'un business plan complet.

Comment convaincre
Aujourd'hui, l'Internet fait certainement moins rêver les investisseurs potentiels. Mais le développement des réseaux de business angels a facilité les contacts avec les porteurs de projets, et "les bons dossiers sont moins chers", comme le rapporte Michel de Guilhermier. Si Marc Simoncini voit dans la maturité du secteur un facteur négatif pour l'investissement privé, dans la mesure où il faut plus de fonds aujourd'hui pour se lancer, Pierre Kosciusko-Morizet y voit au contraire un encouragement : "La bulle a créé des vocations. Les statistiques montrent que les gens ont envie de créer leur entreprise, et cela se retrouve dans les vocations de business angels. Pour moi, il y a un vrai changement de mentalité." Rien n'est donc impossible, même avec un projet Internet.

Sur le plan formel, les business angels ne sont pas sensibles aux mêmes arguments que les fonds de capital-risque. Instaurer dès le départ une relation de confiance est primordial pour la suite des événements. Pierre Kosciusko-Morizet insiste sur ce point : "Il faut partir du principe que c'est une relation de séduction. Il faut les faire rêver, les rassurer, en trouvant le bon équilibre. L'entrepreneur doit savoir inspirer confiance, car au départ, il n'a rien à vendre sinon une idée. Il doit aussi savoir s'entourer d'une bonne équipe." En d'autres termes, les business angels sont moins demandeurs de ratios et de projections que les fonds de capital-risque, et s'attachent bien plus à la personnalité du créateur.

Comment gérer cette relation
Sur le plan du cadre juridique, les relations entre l'entrepreneur et les business angels, et éventuellement les autres investisseurs, sont gérées par un pacte d'actionnaires. Ce document, à la valeur contractuelle, détermine les conditions dans lesquelles les actionnaires disposent de leurs actions (clauses d'inaliénabilité, de préemption...) et participent à la gestion de l'entreprise. Il fixe également les clauses de sortie du capital.

Sur le plan pratique, la relation dépend du nombre et de l'implication des business angels. L'idéal est d'animer ce pool d'investisseurs de sorte que chacun apporte quelque chose à l'entreprise. Mais l'entrepreneur n'a pas toujours des relations poussées avec tous ses business angels. "Sur une soixantaine au total, nous avons un-tiers de business angels très actifs, un-tiers que l'on voit une à deux fois par an, et un-tiers que l'on voit très peu", indique Pierre Kosciusko-Morizet.

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Quand enchaîner avec le capital-risque
Réponse unanime des entrepreneurs interrogés par le JDN : il faut lever des fonds lorsque l'on en n'a pas besoin. Facile à dire… Dans tous les cas, l'arrivée des fonds est une étape difficile à gérer, à la fois pour le dirigeant et pour les business angels, qui perdent de leur autonomie. Les business angels, qui sont parfois devenus très proches des fondateurs et qui ont participé à la stratégie de l'entreprise, voient leur influence diminuer.

Michel de Guilhermier, qui a réalisé avec Photoways un deuxième tour de 5 millions de francs en avril 2001 auprès d'Innova France, note que depuis, pour lui, "le management s'est corsé". Marc Simoncini, qui a levé 7 millions d'euros en octobre 2004 auprès d'AGF, ajoute que "les fonds ne font pas de cadeau". Priceminister, qui a été démarché par des fonds lors de son troisième tour en janvier 2002, a poliment décliné leurs avances pour ces raisons.

Le recours aux fonds est cependant nécessaire en phase de développement et d'accélération. "Aujourd'hui, avec notre volonté de développement international, nous nous posons la question, confie Pierre Kosciusko-Morizet. C'est un choix stratégique, car cela implique de renoncer à une certaine flexibilité. Mais une somme entre 5 et 10 millions d'euros est trop compliquée à rassembler auprès de business angels."

Raphaële KARAYAN, JDN Sommaire E-Pme
 
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