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Sur les traces des business angels
2) Les premiers maillons de la chaîne de financement
Constituant l'une des rares sources d'amorçage, les business angels accompagnent l'entreprise jusqu'au bout. Pour le meilleur et pour le pire.   (23/02/2005)
  A LIRE EGALEMENT    
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1) La face cachée du capital-risque
 Chausson Finance
Dossier  Capital risque
 Christophe Chausson
 Pierre Kosciusko-Morizet
 Michel de Guilhermier
  Le site
Franceangels.org
Leonardofinance.fr
De façon traditionnelle, les business angels interviennent essentiellement lors de la phase d'amorçage, c'est-à-dire au premier stade de financement d'une société. Ils s'inscrivent au capital en amont des fonds de capital-risque, avec lesquels ils sont complémentaires, parfois concurrents. Très actifs au cours de la phase la plus critique de la vie d'une entreprise, leur rôle apparaît donc essentiel dans la chaîne de financement. Pour cette raison, la structuration et le développement de leur activité sont jugés comme des facteurs clefs pour le dynamisme économique.

"Au démarrage de l'activité d'une entreprise innovante, les banques et les capital-risqueurs sont exclus, explique Claude Rameau, président de l'association France Angels. Ils n'investissent pas, car le niveau de risque est trop élevé. Ils ne pourraient pas justifier cette prise de risque auprès de leurs actionnaires et mandants. Restent les business angels, les incubateurs, les aides locales ou régionales, l'Anvar, et les organismes de prêt sans intérêts ni garanties. Ceux qu'on appelle fonds d'amorçage interviennent en fait souvent plus tard, ce qui entretient l'ambiguïté. Cela dit, certains en font un peu plus que d'autres, comme I-Source."

Selon l'enquête 2003 de France Angels, 61 % des business angels ont investi pour développer une société de moins de trois ans d'âge et 85 % pour créer une nouvelle entreprise. 31 % seulement ont investi dans le but de développer une société de plus de trois ans. Ces investisseurs jouent donc un rôle capital, de chasseur de têtes pour les fonds. "Les fonds n'aiment pas tellement investir dans l'amorçage, confirme Christophe Chausson, président fondateur de Chausson Finance. Chaque année, ils financent 200 à 300 sociétés seulement, qu'ils sélectionnent en fonction de critères de rentabilité pointus. Les business angels nous permettent d'élargir ce vivier, en amenant les entreprises à atteindre la bonne taille."

Mais ce n'est pas leur seule fonction. Si les business angels investissent des sommes moins importantes que les fonds de capital-risque, ils apportent d'autres valeurs tout aussi essentielles : leurs compétences techniques et leur capital social, la plupart du temps sans contrepartie. 82 % des investisseurs interrogés par France Angels déclarent apporter leur appui aux dirigeants, et 67 % mettent à leur disposition leurs relations professionnelles. "Le business angel est là pour conseiller le manager, souligne Pierre Kosciusko-Morizet, Pdg de Priceminister, pas pour gérer son entreprise à sa place, comme c'est parfois le cas des fonds."

Trouver des défis à relever
Cette implication contribue à la croissance de l'entreprise, au même titre que le capital économique. Christophe Chausson étaye cette analyse : "La complémentarité avec les fonds de capital-risque est très forte quand les investisseurs privés sont actifs. L'intérêt d'une start-up, c'est de faire entrer dans ses tours initiaux des personnes qui vont lui apporter leur expérience, trouver des clients, faire embaucher les bons collaborateurs. Cela institutionnalise la société vis-à-vis des fonds et sous-entend qu'elle a été repérée par des professionnels."

Pour accepter de s'impliquer autant, et sans certitude d'un retour sur investissement, les business angels souhaitent également vivre une expérience et trouver des défis à relever. "Il faut plus tabler sur l'aventure humaine, qui est passionnante, que sur des plus-values fantastiques", lance Michel de Guilhermier, Pdg de Photoways et business angel. Ce côté "humain" de la relation entre entrepreneurs et business angels se retrouve dès la sélection des dossiers. Selon France Angels, la confiance inspirée est le premier critère de sélection. "Les business angels que j'ai rencontrés y vont beaucoup au feeling, ajoute Pierre Kosciusko-Morizet. Ils ne raisonnent pas en multiples comme les fonds, dont les décisions sont dictées par des automatismes, des comparables et des prévisions de cash flow."

Des business angels moins "moutonniers"
En termes de secteur, la spécificité des business angels est moins évidente. Si les fonds de capital-risque sont très présents dans les nouvelles technologies, cela ne signifie pas que le secteur ait moins besoin des business angels. La rentabilité y étant relativement élevée, ces derniers y trouvent également leur compte. De plus, la mise au point d'un "prototype" de site Web ou de service en ligne, par exemple, demande moins de capital que dans l'industrie par exemple, ce qui ouvre les portes à de plus petits investissements. L'effet multiplicateur des réseaux implique par ailleurs que la vitesse de croisière est atteinte plus rapidement, autre point positif pour les business angels, qui investissent en général sur de plus courtes périodes que d'autres types d'investisseurs. Enfin, les business angels étant moins sensibles aux effets de mode, le secteur de l'Internet en particulier a bénéficié de leurs apports au moment ou plus aucun fonds ne souhaitaient y investir un centime.

Dans les phases ultérieures du développement des entreprises innovantes, la complémentarité des business angels et des fonds de capital-risque se transforme parfois en coexistence. Au moment de l'entrée des fonds au capital de l'entreprise, les business angels signent un nouveau pacte d'actionnaires, déterminant notamment des clauses de sortie, et qui peut s'avérer assez lourd pour eux. D'autant plus qu'à cette étape, c'est le fonds qui devient généralement l'interlocuteur principal du chef d'entreprise, et qui va décider de la stratégie avec lui. Mécaniquement, les business angels perdent du poids dans le capital au fur et à mesure des tours de table, à moins de pouvoir suivre.

Premiers rentrés, rarement premiers sortis
Premiers rentrés au capital, il est rare que les business angels sortent avant les fonds. L'horizon de sortie s'établit autour de cinq ans. En pratique, les différentes possibilités de sortie pour un business angel sont le rachat par une entreprise, l'introduction en Bourse, le rachat par un autre business angel ou un dirigeant, le LBO (ou leverage buy-out, rachat par la création d'une holding financée par l'emprunt), et dans le pire des cas…la disparition de l'entreprise. "Les capital-risqueurs ne rachètent jamais les parts des business angels, explique Claude Rameau. Ils n'amènent que du capital de développement."

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Dans les mois qui viennent, le rythme des sorties va être déterminant pour la santé du secteur du capital-risque dans son ensemble, y compris les business angels. "Si les sorties s'accélèrent, on va voir revenir tout le monde, estime Christophe Chausson : les fonds et les business angels." Quoiqu'il en soit, même si l'activité du business angel fait moins rêver qu'il y a cinq ans, les opportunités sont là. Ces investisseurs devraient pouvoir profiter notamment de la chute des valorisations, tout en jouant un rôle actif très attendu. "Nous venons de traverser une période de bas de cycle anormalement longue, explique Yves Delacour, président de Leonardo Finance. Les investisseurs réclament déjà du chiffre d'affaires pour investir, et la chaîne du financement est grippée à cause du manque de dynamisme de la Bourse. Les fonds se tournent vers les LBO, s'internationalisent, deviennent des méga-fonds à la recherche de méga-deals. Les business angels doivent donc reprendre le flambeau pour relancer la machine."
Raphaële KARAYAN, JDN Sommaire E-Pme
 
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