Priceminister, qui confiait récemment au JDN être en phase de
réflexion concernant une levée de fonds auprès de sociétés de
capital-risque (lire l'article
du JDN du 24/02/05), a annoncé lundi 28 février avoir bouclé
un tour de table de 7 millions d'euros auprès de 3i, Quilvest,
Eric Archambeau et Nicolas Dufourcq, qui prennent une participation
minoritaire. Le fonds d'investissement international 3i a mené
ce quatrième tour de table, en apportant plus de trois-quarts
des fonds, qui permettront à Priceminister de poursuivre sa
diversification en France et de s'implanter en Espagne et en
Italie en 2005 comme il l'avait annoncé lors d'un chat
réalisé avec le Journal du Net (lire la retranscription
du 20/01/05).
C'est la première fois que Priceminister fait appel à des fonds
de capital-risque pour financer sa croissance. Jusqu'à présent,
le capital était détenu uniquement par des business angels et
des groupements de business angels (une soixantaine en tout).
Cette fois, le capital ne leur a pas été réouvert. Ce sont des
considérations stratégiques qui ont déclenché ce passage à l'acte
de la part de Pierre Kosciusko-Morizet. "Nos trois axes de croissance
sont très coûteux : la croissance du nombre de clients demande
plus de marketing, l'ouverture de nouvelles catégories de produits
réclame plus d'investissement technique et commercial, et ne
parlons pas du développement international. Nous aurions pu
nous passer d'une levée, mais nous aurions été moins vite."
Priceminister reste donc fidèle à sa ligne de conduite,
en plaçant le "time to market" au rang de priorité numéro un
dans ses choix stratégiques. Pour son PDG, aller vite signifie
poursuivre de front tous ses objectifs, et s'implanter en Espagne
et en Italie au deuxième semestre 2005, avant d'envisager une
expansion en Allemagne et en Grande-Bretagne en 2006 ou 2007.
"Le taux de croissance du e-commerce est beaucoup plus élevé
en Espagne et en Italie qu'en Allemagne et au Royaume-Uni. Attendre
un an pour attaquer ces deux derniers pays est donc moins grave
qu'attendre un an pour viser l'Europe du Sud. D'ici un an, l'e-commerce
espagnol aura doublé. Les barrières à l'entrée se construisent
maintenant, là-bas, alors qu'on peut dire qu'elles sont déjà
installées en Allemagne et en Grande-Bretagne."
Priceminister ne confond pas pour autant vitesse et précipitation.
Cette levée de fonds est mûrement réfléchie depuis un an, tandis
que les négociations ont été entamées il y a trois mois environ.
Pierre Kosciusko-Morizet, qui redoutait l'étape de l'entrée
des fonds en termes de marge de manuvre personnelle, affirme
avoir "obtenu de bonnes conditions" de la part des investisseurs,
dans la mesure où la levée n'était pas une obligation et où
la société était rentable. "Nous avons laissé les fonds venir
vers nous, ce qu'ils avaient commencé à faire il y a un an.
Nous avons eu la chance de trouver des esprits ouverts, et au
final avons estimé que l'entrée des fonds nous apporterait plus
d'avantages que d'inconvénients."
Parmi les fonds qui se sont montrés intéressés, Priceminister
a donc choisi de travailler avec 3i et Quilvest, en raison notamment
de leur caractère international. Le fait que ces deux groupes
investissent leurs propres fonds a également séduit Pierre Kosciusko-Morizet,
qui y voit le gage d'une plus grande indépendance et de visées
à plus long terme.
Jean-David Chamboredon, directeur associé de 3i France, membre
du comité d'investissement Software et Télécoms et désormais
membre du conseil d'administration de Priceminister, fixe l'horizon
de son engagement entre 3 et 5 ans. Lui qui concède que les
capital-risqueurs ont été frileux sur le e-commerce, lorgne
Priceminister depuis 2002. Aujourd'hui, il estime que le
marchand a le potentiel et le business model nécessaires pour
continuer à croître plus vite que le marché, et pour séduire
l'Europe du Sud. Outre son propre apport de plus de 5 millions
d'euros, le fonds a amené d'autres administrateurs au conseil
d'administration (Nicolas Dufourcq et Eric Archambeau), et aidera
Priceminister à monter ses équipes commerciales et marketing
locales, en Espagne et en Italie.
En attendant l'ouverture de ses filiales étrangères, Priceminister
compte employer son pactole à l'embauche d'ingénieurs et de
commerciaux chargés du développement de la rubrique automobile,
et au déploiement d'une campagne marketing destinée à prendre
rapidement des parts de marché sur ce secteur déjà encombré.
D'ici là devraient ouvrir les rayons "maison et jardin" et "gastronomie".
De quoi s'occuper avant la dernière étape, "celle de l'entrée
en Bourse ou des dividendes", dixit Pierre Kosciusko-Morizet.
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