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Un an après son IPO, Google enflamme toujours Wall Street
Le valeur du moteur de recherche a plus que triplé depuis son entrée sur le Nasdaq en août 2004. En guise de cadeau d'anniversaire, Google va lever quatre milliards de dollars supplémentaires.   (22/08/2005)

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Dossier Google
Evénement majeur de l'Internet en 2004, l'introduction en Bourse de Google a connu un succès fulgurant. En un an, le moteur de recherche le plus utilisé dans le monde a raflé sur le Nasdaq plus de trois fois sa mise originelle. Pour les investisseurs qui ont acheté des titres GOOG le 19 août 2004, l'enjeu en valait la chandelle. Pour les autres - et ils sont nombreux -, Google leur offre une séance de rattrapage. En effet, en guise de cadeau d'anniversaire, la société créée en 1998 par Larry Page et Serguei Brin, deux anciens étudiants de Stanford, va mettre en vente 14,2 millions d'actions nouvelles sur le Nasdaq, soit une levée de fonds d'environ quatre milliards de dollars au cours actuel du titre GOOG. Une annonce qui a surpris analystes et investisseurs, relançant par là même les spéculations sur la stratégie de croissance du moteur de recherche et révélant les espoirs les plus fous quant à sa valorisation future.

Pourtant, il y a douze mois, la mise sur le marché de Google n'a pas eu l'éclat escompté. Boudé par les investisseurs institutionnels, le moteur de recherche fut contraint de revoir ses ambitions à la baisse (lire l'article du 20/08/04). Il faut dire que la méthode d'introduction choisie par les dirigeants de Google ne manquait pas d'originalité. Généralement, l'opération de placement des actions est menée par des banques et des investisseurs institutionnels. Pour sa part, Google a choisi de vendre ses actions sur Internet par le biais d'enchères publiques. De quoi freiner l'enthousiasme des professionnels de la Bourse.

La veille de son IPO, le groupe annonçait donc une nouvelle fourchette indicative de prix d'introduction entre 85 et 95 dollars, contre 108 à 135 dollars précédemment. Et au final, c'est la limite basse de la fourchette qui a été retenue comme prix d'introduction, à 85 dollars l'action. Autre révision à la baisse : le nombre d'actions mis en vente. La société californienne a ainsi émis 19,6 millions de titres, contre 25,7 millions prévues à l'origine.

Il n'aura cependant pas fallu à Google plus de quelques semaines de cotation pour dépasser sa fourchette de prix initiale. Après avoir atteint un plus haut en juillet dernier de 317 dollars, le titre GOOG s'échange aujourd'hui autour de 280 dollars, ce qui valorise la société de près de 80 milliards de dollars, contre 23 milliards un an plus tôt. A ce prix, faut-il encore acheter Google ? Aux Etats-Unis, des voix s'élèvent pour dénoncer un phénomène de surchauffe. Elles sont néanmoins minoritaires. Sur les 34 principaux analystes qui suivent le titre GOOG à Wall Street, 23 placent une recommandation "à acheter" et 9 "à conserver". Par ailleurs, sur les quinze plus importants apporteurs de fonds lors de l'IPO en août 2004, douze ont augmenté leur participation au capital de la société au cours du deuxième trimestre 2005, à l'image du plus gros investisseur, Fidelity Investments, dont le nombre d'actions GOOG est passé de 3,9 à 15,9 millions en trois mois.

Le sceptiscisme initial des investisseurs institutionnels semble bel et bien oublié. Non pas que Google ait fait beaucoup d'efforts pour se plier aux règles d'usages du marché. Au contraire ! Depuis son introduction en Bourse, la société prend un malin plaisir à fournir le minimum d'indications sur ses perspectives financières et sa stratégie de croissance. Et pourtant, certains analystes voient le titre atteindre 400 dollars.

Une envolée boursière portée par les bénéfices du groupe
Car loin des années folles de la bulle Internet, l'envolée de la valeur de Google repose sur des fondamentaux solides. En un mot : le profit. Les résultats publiés ces douze derniers mois par le moteur de recherche ont systématiquement dépassé les prévisions du marché. Le chiffre d'affaires du groupe a presque doublé en un an, atteignant 1,38 milliards de dollars au cours du deuxième trimestre 2005. Quant à son bénéfice net, il enregistrait au 30 juin 2005 une hausse de 334 % à 343 millions de dollars, contre 79 millions au deuxième trimestre 2004 (lire l'article du 25/07/05).

Les gains de part de marché (56 % des recherches dans le monde en juin selon ComScore Networks, contre 48 % un an plus tôt) et, surtout, la forte croissance attendue de la publicité en ligne, qui représente 99 % du chiffre d'affaires de Google, laissent espérer plus de profits encore. Mais personne n'est dupe : confronté à une concurrence de plus en plus intense sur un marché en phase de maturation, la société ne pourra éternellement afficher des taux de croissance de ses revenus à deux ou trois chiffres. Google lui-même le reconnaît : lors de la présentation des résultats du deuxième trimestre le mois dernier, Eric Schmidt, le PDG de Google, a laissé entendre que le chiffre d'affaires du groupe au troisième trimestre pourrait souffrir du ralentissement estival de l'activité publicitaire.

Qui Google va-t-il acquérir avec 7 milliards de dollars ?
C'est pourquoi l'annonce, jeudi 18 août, de la mise en vente de 14,2 millions d'actions nouvelles GOOG a mis le feu aux poudres des analystes de Wall Street. Sur la base du cours de clôture jeudi soir à 279,99 dollars, la vente des actions rapporterait près de quatre milliards de dollars. Or Google dispose déjà d'une solide santé financière, faisant état de 2,9 milliards de dollars de trésorerie au 30 juin 2005. Que va donc faire Google avec près de 7 milliards de dollars de liquidités ? Comme à son habitude, le moteur de recherche est resté très évasif sur ses projets.

Pour les investisseurs cependant, l'usage de cet argent ne fait pas de doute : il s'agit d'un trésor de guerre en vue de futures acquisitions. Jusqu'à présent, Google a privilégié le rachat de start-up au profil très pointu, dans le but de couvrir des secteurs qu'il ne maîtrisait pas (lire le volet Le bal des acquisitions du dossier JDN "Google, MSN, Yahoo : Le grand combat"). Selon les dernières rumeurs du marché, Google envisagerait aujourd'hui d'entrer sur le marché de l'accès Internet, via l'acquisition d'AOL, ou celui de la voix sur IP (VoIP) via le rachat de Skype. Un consensus plus large se dessine autour de la volonté du moteur de recherche d'étendre sa position en Asie, et notamment en Chine.

L'Internet chinois suscite en effet bien des convoitises. Depuis que Yahoo a annoncé, la semaine dernière, qu'il allait investir un milliard de dollars pour acquérir 40 % du capital d'Alibaba, un des plus importants acteurs du e-commerce chinois (lire l'article du 12/08/05), les analystes s'attendent en effet à une contre-attaque de Google. D'aucuns parient notamment sur une montée dans le capital de Baidu.com, dont Google détient 2,6 % depuis juin 2004. Le moteur de recherche chinois vient d'ailleurs de faire une entrée spectaculaire sur le Nasdaq, levant près de 110 millions de dollars lors de son premier jour de cotation (lire l'article du 09/08/05). La capitalisation boursière de Baidu.com s'élève désormais à… quatre milliards de dollars. Soit la somme qu'espère encaisser Google via la mise en vente de 14,2 millions d'actions.

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Trêve de spéculations. Une chose est certaine, la levée de fonds annoncée par Google est une réponse à la pression concurrentielle de plus en plus forte, notamment de la part de Microsoft et de Yahoo. Ces deux sociétés sont en mesure "d'utiliser leur expérience et leurs ressources pour entrer en concurrence directe avec nous dans de nombreux domaines, en procédant à des acquisitions ou en investissant de manière agressive dans la recherche et le développement, gagnant ainsi du poids sur le marché de la publicité en ligne", souligne Google dans le document transmis à la SEC, le jeudi 18 août 2005.
Emilie LEVEQUE, JDN Sommaire Le Net
 
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