Afin de clore l'année 2005 avant d'aborder les perspectives pour 2006, la Fevad a choisi de présenter une photographie complète du paysage du commerce électronique, tant en termes de progression chiffrée, que d'appréciation du niveau de satisfaction des cyberacheteurs et du positionnement des sites marchands français au sein d'un palmarès européen. Pour ce faire, la Fevad s'est entourée de partenaires, tels que DirectPanel et Médiamétrie, mais aussi, et le symbole est loin d'être anodin, du ministre des PME, du Commerce, de l'Artisanat et des professions libérales. Renaud Dutreil a ainsi ébauché les grandes tendances de l'année annonçant que "l'e-commerce se porte bien, qu'il se développe rapidement et qu'il s'impose comme une forme nouvelle de commerce."
Après l'annonce des résultats du baromètre e-commerce de l'Acsel au début du mois (lire l'article du 13/01/06), le niveau de progression du chiffre d'affaires du e-commerce sur l'année 2005 établi par la Fevad était très attendu. Verdict : + 53 % des ventes hors produits financiers sur l'année, à 8,7 milliards d'euros, soit une croissance identique à celle de 2004. Cette estimation est calculée à partir de la somme des revenus du panel iCE de trente e-commerçants, à laquelle vient s'ajouter le chiffre d'affaires des plates-formes de paiement électronique et les paiements hors carte bancaire.
Dans le détail, le chiffre d'affaire réalisé par les trente sites du panel iCE passe de 2.968 millions d'euros en 2004 à 4.169 millions sur 2005, soit une croissance de 40 %. Le nombre de transactions progresse quant-à elles de 43 % à 43,1 millions de transaction sur la base des chiffres fournis par 28 sites du panel. D'autre part, en excluant les données du panel, le volume d'affaires des prestataires de paiements, tels qu'Atos Origin, Experian, Caisse Nationale des Caisses d'épargne et PayBox, atteint 3.925 millions en 2005 (+ 66 %). En revanche, si le montant moyen de la transaction ne progresse que légèrement de 86,30 à 86,70 euros, le nombre de transactions bondit de 65 % à hauteur de 45.271 millions. Des chiffres qui viennent confirmer les tendances dévoilées par l'indice e-commerce du Journal du Net (lire l'article du JDN du 11/01/05).
Il est à noter que la part relative du panel iCE au sein de l'e-commerce français tend à diminuer, passant de 52 % en 2004 à 48 %, en raison d'une croissance forte du nombre de sites marchands. En un an, le nombre de cybermarchands est passé de 7.500 à 10.920, ce que Marc Lolivier, délégué général de la Fevad considère comme révélateur du phénomène d'arrivée en ligne de nouveaux entrants de toutes tailles. 56,1 % de ces sites marchands enregistrent moins de 10 transactions par mois, témoignant qu'Internet s'impose comme un relais de croissance pour les petits commerces traditionnels.
| Croissance de 34 % sur Noël, contre 62 % en 2004 |
A nouveaux sites, nouveaux acheteurs. L'étude menée conjointement par la Fevad et DirectPanel sur la période des fêtes de fin d'année révèle en effet l'arrivée de CSP - et d'une forte proportion de femmes (60 %) parmi les nouveaux acheteurs, Noël constituant toujours la période privilégiée pour décider de nouveaux cyberacheteurs. Toutefois, le rythme de croissance ralentit. Et ce malgré la hausse de 14 % du panier moyen à 75 euros et la progression de 17 % du montant total des dépenses, pour atteindre 258 euros sur novembre et décembre. Le chiffre d'affaires généré en ligne sur les deux derniers mois de l'année passe en effet de 1,27 à 1,70 milliard d'euros, soit une croissance de 34 % contre 62 % sur la même période en 2004.
Internet représente désormais 35 % des cadeaux achetés et 49 % du budget alloué par les cyberacheteurs à leurs achats de Noël en 2005. Une évolution due notamment au dynamisme de la vente de produits high-tech sur le Web. Mais aussi aux particularités de ce canal. Même si la complémentarité entre les canaux s'affirme, 75 % des personnes interrogées par la Fevad déclarent privilégier Internet pour sa praticité. Ce critère intervient d'ailleurs avant le prix (63 %). Côté satisfaction client, la situation est également plus positive qu'en 2004. 96,3 % des personnes interrogées se déclarent en effet satisfaits, leur intention de rachat frôlant même les 100 % (99,3 %).
| Un potentiel de croissance qui reste important |
A l'échelle européenne, ce dynamisme (un français sur quatre ayant déjà acheté en ligne) admet pourtant certains bémols : selon Médiamétrie, la France reste en retard en matière d'accès à Internet, 54,9 % des individus déclarant s'être connectés à Internet au troisième trimestre 2005, contre 79,6 % en Suède. Par ailleurs, si 11 sites français figurent parmi le palmarès des 30 premiers sites de e-commerce allemands, anglais et français drainant le plus de visiteurs uniques (hors sites de voyages), leur potentiel de croissance au regard de leurs voisins reste important.
Avec 12,3 millions de cyberacheteurs pour 26,4 millions d'internautes, le taux d'acheteurs en ligne dans l'Hexagone est de 46,6 %, tandis qu'au Royaume-Uni il est de 65,9 %, de 59,6 % en Allemagne et de 54 % en Suède. Mais la France serait en train de rattraper son retard assure Médiamétrie, le nombre d'acheteurs en ligne progressant de 28 % au troisième trimestre 2005, contre 7 % au Royaume-Uni et 4 % en Allemagne.
L'effet de cannibalisation du chiffre d'affaires des enseignes physiques par les pure-players apparaissant aujourd'hui comme une menace véritablement écartée, le e-commerce s'impose comme un relais de croissance. Toutefois, des défis sont à relever pour 2006, Renaud Dutreil pointant par exemple, la question du commerce réglementé (santé, médicaments) et la nécessité d'adopter un cadre pour le CtoC, face à l'explosion des transactions entre particuliers. Une charte de déontologie du commerce sur Internet est d'ailleurs l'un des principaux chantiers de la Fevad en 2006. Celui-ci devrait voir le jour au cours de l'été 2006.
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