288 millions d'euros : c'est le montant que Neuf Cegetel
s'engage à verser en cash à Time Warner pour le rachat de l'activité
accès Internet d'AOL France. C'est 2,3 fois moins que la somme
déboursée par Telecom Italia pour l'acquisition d'AOL Allemagne,
mais c'est près de trois fois plus que la cash flow opérationnel
dégagé par le groupe de télécommunications sur le premier semestre
2006 (101 millions d'euros).
A moins de d'alourdir sa dette - l'endettement net du groupe
s'élève à 672 millions d'euros au 30 juin 2006 -, la transaction
devrait donc être financée par une augmentation de capital consécutive
à l'admission des actions du groupe sur le marché Eurolist d'Euronext.
L'entrée en Bourse de Neuf Cegetel est en effet prévue pour
la fin octobre, date à laquelle pourrait également intervenir
le feu vert de l'autorité française de contrôle de la concurrence
au rachat d'AOL France (lire l'article
du 11/09/2006).
Car l'enjeu
en vaut l'investissement. En rachetant l'activité d'accès Internet
d'AOL France, Neuf Cegetel récupère une base de 500.000 abonnés
haut débit, ce qui porte son parc actuel à 1,907 million de
clients ADSL. L'opération place ainsi le FAI en avance d'une
courte tête par rapport à son principal rival sur le marché
de l'Internet français, Free, qui revendique 1,905 million
d'abonnés haut débit au 30 juin 2006. Neuf Cegetel escompte
d'ailleurs, grâce à ce rachat, passer le cap des deux millions
de clients haut débit fin 2006.
L'activité d'accès d'AOL France comprend également une base
d'un peu moins de 500.000 abonnés bas débit que Neuf Cegetel
compte encourager à migrer vers le haut débit. L'opérateur télécoms
entend ainsi accélérer ses gains de parts de marché.
Un
gain de marge brute par abonné AOL |
L'intégration de la base de clientèle française d'AOL devrait
en outre permettre à Neuf Cegetel, déjà fournisseur en gros
de la plupart des lignes haut débit du FAI de Time Warner, de
bénéficier de revenus supplémentaires et d'un gain de marge
brute avant amortissements du réseau, reflétant le passage de
sa marge de grossiste à une marge d'activité grand public.
Du côté des abonnés AOL, "dans l'immédiat, l'opération devrait
être transparente", annonce Neuf Cegetel dans un communiqué.
Techniquement, tous les abonnés haut débit sont en fait déjà
connectés au réseau de Neuf Cegetel, puisque la filiale française
de Time Warner n'a jamais investi dans le déploiement de son
propre réseau, préférant signer un accord de location et de
revente de lignes ADSL avec Neuf Cegetel.
Accord
sur les contenus et la régie publicitaire |
Commercialement, les abonnés AOL devraient rester, à court terme,
sous la bannière du FAI américain. A l'instar de la fusion entre
Neuf Telecom et Cegetel, le groupe privilégie une politique
de migration en douceur et annonce d'ores et déjà que tous les
abonnés haut débit d'AOL se verront proposer des services innovants
par Neuf Cegetel, tels que l'offre Neuf TV ou la téléphonie
mobile, d'ici la fin 2006. L'histoire ne dit pas si les abonnés
AOL se verront offrir une prime de 25 euros pour franchir le
pas, comme ce fut le cas pour les abonnés Cegetel (lire l'article
du 19/05/2006).
L'accord conclu entre les deux groupes porte également sur les
services de portail. En ligne avec la nouvelle stratégie de
Time Warner de recentrer le modèle économique de sa filiale
Internet sur la publicité, AOL garde en effet la maîtrise de
ses contenus sur Internet. Ceux-ci devraient être accessibles
sur les portails de Neuf et de Cegetel courant 2007. Probablement
en mars, date à laquelle l'accord éditorial passé en 2006 entre
Neuf Cegetel et le groupe TF1 devrait arriver à terme (lire
l'article
du 07/03/2006). Exit également TF1 Publicité : la gestion
des ventes d'espaces publicitaires en ligne pour les portails
de Neuf Cegetel sera à l'avenir assurée par la régie interne
d'AOL France.
Enfin, la transaction inclut la reprise du centre d'appels AOL
de Marseille, composé de 500 télé-conseillers.
Un élément stratégique fort pour Neuf Cegetel qui jusqu'à présent
externalisait la gestion de son service client. |