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Idées : le gourou le plus stimulant
1. Jean-Michel Billaut / L'Atelier (lire)
2. Olivier Andrieu

Il n'a pas lu tous les livres (sur Internet) mais en a écrit bon nombre: Olivier Andrieu, défricheur et vulgarisateur de talent, analyse l'Internet avec un sens de la relativité précieux, aiguisé par la fréquentation assidue de ses outils de prédilection: les moteurs de recherche.

Dans la production diluvienne de livres sur Internet, Olivier Andrieu occupe une place à part, ne serait-ce que chronologiquement. Lorsqu'il publie, à la mi-1994, "Internet, guide de connexion", c'est le premier ouvrage du genre en français écrit par un Français (il a été précédé par une traduction du livre américain "Internet pour les nuls"). Ce livre a été depuis vendu à 30.000 exemplaires, suivi par cinq autres qui eux oscillent chacun entre 10.000 et 15.000 exemplaires. Signe du vide éditorial sur le sujet, Olivier Andrieu n'obtint que des réponses favorables des éditeurs contactés. Il n'eut donc que l'embarras du choix pour finalement publier chez Eyrolles qui a également édité ses livres suivants: "L'officiel d'Internet" ("une version en 1995 et une en 1996, après j'ai arrêté, tout le monde en faisait et ça n'avait plus d'intérêt"), "Internet et l'entreprise", qu'il co-écrit en 1995, "Trouver l'info sur Internet" et, en février 1999, "Créer du trafic sur son site web".

Du minitel au référencement
Au commencement, l'Arlésien qu'était Olivier Andrieu a suivi des études d'ingénieur à Supélec, option télématique et systèmes d'information, puis part en Guadeloupe, où il travaille au Crédit Agricole comme responsable télématique, en charge du minitel et de l'audiotel. Cinq ans plus tard, de retour en métropole, dans le Sud près de Martigues, il est responsable de clientèle dans une petite entreprise de serveurs et solutions vidéotex et audiotel. Le mariage avec une Alsacienne amène son accent chantant près de Strasbourg, où il rejoint l'Adit, l'agence pour la diffusion de l'information technologique. Là, il fait de la veille dans le domaine des télécoms, publie articles et études, et voit arriver les prémices du Net. "Je me suis documenté, j'ai constaté qu'il n'y avait rien en français sur le sujet, alors ça m'a donné envie d'écrire un livre sur la question, et voilà." En mars 1996, Olivier Andrieu franchit le Rubicon et devient indépendant: "Je suis devenu conseil en entreprise, au départ en proposant pas mal de formations et surtout de conférences. J'ai fait beaucoup d'évangélisation au début. Mais un indépendant ne peut être crédible que s'il est spécialisé, surtout pour un domaine aussi vaste qu'Internet, et ma spécialisation s'est faite rapidement sur les outils de recherche. Depuis un an et demi, je me suis concentré sur le référencement, qui me prend 95% du temps. En fait, je suis passé de l'usage de ces outils côté utilisateur à leur emploi par les entreprises qui veulent que leur site soit visible". Mais l'évangélisation n'est pas finie pour autant: "Pour Alsace Immo, une agence immobilière de Strasbourg prête à consacrer quelques milliers de francs à son référencement, combien de grosses entreprises qui ne voient pas l'utilité de la chose". Certaines ont pourtant compris: on trouve parmi les clients d'Olivier Andrieu France Loisirs, les papiers à rouler OCB, la Camif ou, via des prestataires,
Cartier, SFR ou la DGAC.

Abondance, un site-ressource
En attendant, curieux et fanas du référencement et des moteurs se retrouvent sur Abondance, un site qu'Olivier Andrieu a ouvert début 99 (en .com et en .net, "réglé en cinq minutes avec une carte de crédit; en .fr c'est tellement compliqué que ça ne m'est même pas venu à l'esprit"). Ce site entièrement consacré aux outils de recherche est devenu "sa danseuse", affirme-t-il en souriant: "En vacances pendant trois semaines cet été, je me connectais tous les jours pour l'actualisation", un rituel quotidien entre 8 et 9 heures du matin. On y trouve toutes les informations utiles, en dossiers et en actualités, sur les annuaires et moteurs de recherche. Le site accueille 40.000 visites (générant 100.000 pages vues) par mois, et compte une soixantaine d'abonnés à sa partie payante (360 francs HT par an), qui détaille des données pour les spécialistes de la documentation et de la promotion. Son auteur est en contact avec les responsables de maints outils de recherche, "sans les harceler, mais je pense qu'un référencement intelligent est profitable aussi bien au client qu'à l'outil. Les astuces du genre textes en blanc sur fonds blancs, ça n'a pas d'avenir!" Olivier Andrieu dévore quotidiennement nombre de sources d'informations online, dont "la Bible du domaine", Search Engine Watch -son responsable, Danny Sullivan, est un de ses correspondants attitrés.

Par Toutatis
Trois ans et demi après être devenu indépendant, Olivier Andrieu apprécie trop ce mode de vie pour s'imaginer, à 38 ans, revenir en arrière. "Au début, je gardais des horaires de bureau, je culpabilisais si des copains m'entraînaient pour une balade en VTT. Et puis je me suis aperçu que je pouvais m'organiser à mon rythme, travailler le soir ou le week-end si nécessaire, et mieux profiter de ma famille". Installé dans la campagne alsacienne, à 40 kilomètres au sud de Strasbourg, "sur la route des vins", notre internaute savoure sa condition, relié au reste du monde par son PC et son Mac -"deux vieux clous que je changerai tôt ou tard", reconnaît-il. Et à côté de ses activités professionnelles, ce fan de bandes dessinées se remémore les aventures de Spirou et Fantasio sur le site des éditions Dupuis, et fréquente Univers BD. Cette passion l'amène même à une infidélité à Internet: Olivier Andrieu a collaboré à l'écriture du livre "définitif" sur Astérix qu'ont voulu Albert Uderzo et Anne Goscinny, fille de René, pour marquer les 40 ans du héros de papier. Sortie prévue le 27 octobre. Ils sont fous ces internautes.


[Thierry Noisette, JDNet]

Idées / Le gagnant :

L'incontournable Jean-Michel Billaut, à force d'arpenter les estrades, hier pour expliquer la télématique aujourd'hui pour décortiquer le Net, finira-t-il par lasser? On peut en douter: son anticonformisme et son souci du réel réservent toujours des surprises.


 
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