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Médias : l'éditeur le plus web
1. Philippe Jannet / Les Echos
2. Anne Sinclair / TF1 (lire)

Grâce au vigilant Philippe Jannet, qui pilote depuis quatre ans le site, "Les Echos" peuvent s'enorgueillir, avec 25 millions de pages vues par mois, d'être le leader des médias français pour l'audience en ligne.

Pour le directeur des éditions électroniques du journal "Les Echos", le premier contact avec Internet remonte à 1994. "C'était chez des amis en Californie qui venaient de s'abonner à CompuServe. Leur interface propriétaire était assez lourde, à part le fait qu'il y avait la couleur. Par rapport au minitel ça ne m'avait pas épaté plus que ça". Philippe Jannet, 39 ans, avait commencé comme journaliste "parmi les dinosaures qui ont créé le minitel en France", dans plusieurs groupes de presse dans les années 80, comme au Parisien et aux éditions Filipacchi. Et il se souvient d'un de ses premiers reportages, "à Biarritz, sur la télévision interactive: on pouvait commander un film à l'heure de son choix, l'interrompre, chercher des informations sur les acteurs, d'autres films avec le même acteur. Intellectuellement c'était passionnant, financièrement par contre le modèle restait à trouver. Je pense qu'on y viendra un jour avec Internet, mais ce n'est pas pour tout de suite."

Peu d'images, mais un espace illimité
S'il rêve en conséquence du moment où la vidéo sera intégrée au site des Echos, son directeur reconnaît que sur un plan graphique, "l'information ne se prête pas à une créativité formidable. Les lecteurs veulent voir une information tout de suite, la trouver le plus vite et le plus facilement possible. On voit des sites démentiels utilisant du Flash, comme MelonDezign, qui est magnifique. Comment faire la même chose en presse?" Coté positif, Philippe Jannet souligne cependant que "pour un journaliste, Internet est bien moins frustrant que le papier: pas de date ni même d'heure de bouclage, pas de limitation dans l'espace -en presse écrite il y aura toujours un chef pour dire "pas plus de deux feuillets"-, dans le nombre de liens si on l'estime nécessaire pour compléter l'information."

Plus de 100.000 visites par jour ouvré
Souvent l'Internet a été l'occasion pour des nouveaux venus ou des challengers de prendre quelques longueurs d'avance sur des leaders confortablement assoupis. Philippe Jannet a eu le grand mérite d'éviter aux Echos, premier quotidien économique français, de tomber dans ce piège. Malgré les efforts et l'imagination de son concurrent, "La Tribune", le site affiche une audience très supérieure: lesechos.fr est même le site le plus visité des médias français: selon un audit de Médiamétrie, il dépasse mensuellement 2,5 millions de visites et 25 millions de pages vues. Un succès même pas amputé par son design austère, fidèle à l'édition papier, ou par la partie payante. Conséquence de ce succès, les annonceurs affluent: ils étaient 60 sur le site pour tout 1998, pour les huit premiers mois de 1999 ils ont été plus de 200. Et le chiffre d'affaires publicitaire, de 4 millions de francs en 1998, devrait être multiplié "par trois à quatre" cette année. Le journal est acheté en ligne en majorité à l'international, toujours au même prix de 7 francs que sa version imprimée. Mais ce qui marche le mieux auprès des internautes payants reste l'achat d'articles en archives et de bilans d'entreprises. "Globalement, entre le journal et ces achats, notre activité est à deux tiers en France et un tiers à l'international". L'équipe du site des Echos, renforcée cet été, est composée de 20 personnes, réparties en quatre quarts entre les journalistes, les techniciens, les chargés du marketing et du commercial et les administratifs.

De l'e-trading "pour voir", de l'info et des jouets
Philippe Jannet se reconnaît volontiers lui-même boulimique d'informations en ligne -il revendique son passé de journaliste et défend "une certaine qualité éditoriale, contre ceux qui croient que parce qu'Internet s'appuie sur l'informatique, il faut laisser les sites aux mains des informaticiens". Il lit d'abord les articles sur le marché du Net et "plein de sites américains, Red Herring, le New York Times, le San Jose Mercury News, le Wall Street Journal", tout en "aimant bien ce que fait Libération". Comme il ne lit pas moins de journaux papier qu'avant, le directeur des Echos online estime avoir dû réduire son temps de télévision. Il a utilisé "pour voir" E*Trade, et compte y revenir: "J'avais pris des actions DoubleClick, qui ont explosé, et d'autres qui ont moins bien tourné. J'ai gagné un peu d'argent et je me suis bien amusé. Mais acheter des actions, ce n'est pas si simple!" Philippe Jannet est un utilisateur plus régulier de sites marchands, pour des disques sur CDNow et MusicBoulevard. Il est parti en vacances au Kenya avec Dégriftour, et surtout cite comme la caverne d'Ali Baba de Noël le site FAO Schwarz, une merveille pour son petit garçon. "On y trouve tout -même l'énorme camion de pompiers dont j'avais toujours rêvé-, avec un choix fabuleux. Ce qui fait l'avance des sites américains, c'est qu'on peut tout y trouver, tout y faire. Sur les sites automobiles, vous pouvez choisir la couleur, les équipements, le plan de financement, tout de A à Z. Les Américains osent, eux". Un regret?

[Thierry Noisette, JDNet]

Medias / Le challenger :

En quelques mois, Anne Sinclair a redonné à TF1 sur le Web une place plus conforme à son statut de première chaîne française de télévision. Dans l'anonymat relatif du site, la journaliste gagne ses galons de patronne..


 

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