C'est officiel : Pixmania en sauvegarde, e-Merchant en redressement

C'est officiel : Pixmania en sauvegarde, e-Merchant en redressement L'e-marchand a été placé ce 27 octobre sous la protection du tribunal de commerce de Nanterre. L'administrateur judiciaire va recentrer l'activité sur la marketplace et chercher un repreneur pour e-Merchant.

[Mise à jour du 27/10/2015] Conformément à sa demande, Pixmania a été placé ce matin du 27 octobre sous la protection du tribunal de commerce de Nanterre, qui a accepté d'ouvrir une procédure de sauvegarde. Le tribunal a également nommé un administrateur judiciaire pour la société : Charles-Henri Carboni. Il travaillera avec la direction pour mettre en place un nouveau modèle d'exploitation destiné à rendre Pixmania rentable durablement. Cette protection du tribunal doit permettre à l'entreprise de sécuriser ses opérations le temps de se réorganiser.

Par ailleurs, la filiale de Pixmania, e-Merchant, a été mise en redressement judiciaire, après s'être déclaré la semaine dernière en cessation de paiement, comme l'avait révélé le JDN. "Son actif disponible ne permettait plus de financer son passif exigible à court terme", explique au JDN une source proche du dossier. L'administrateur nommé par le tribunal de commerce de Nanterre est le même que celui qui s'occupera de de sa maison-mère.

"Une période d'observation a été ouverte pour 6 mois, durant lesquels seront recherchés des repreneurs ou des partenaires", précise notre source.

[Article du 19/10/2015] Pixmania, qui fête actuellement ses 16 ans, a demandé le 19 octobre à être placé en procédure de sauvegarde, selon une information de l'AFP confirmée par le JDN. Face à la concurrence de mastodontes du Web comme Amazon et Cdiscount, le site marchand a en effet vu son chiffre d'affaires dégringoler de 897 millions d'euros en 2010 à moins de 200 millions en 2014, selon nos informations. Ses pertes, qui atteignaient 25 millions d'euros en 2012, ont été bien réduites par le fonds allemand Mutares, qui a racheté l'e-commerçant au groupe britannique Dixons en 2014. Mais Pixmania demeure très déficitaire. Et le nombre de ses salariés est passé d'un millier en 2010 à 430 aujourd'hui, dont 320 en France. Un administrateur judiciaire va être nommé cette semaine pour une période de six mois. Cette période de sauvegarde, étape préventive intervenant avant la cessation de paiement, doit lui donner le temps de se réorganiser ou de trouver des repreneurs.

L'activité de vente en propre stoppée d'ici Noël

A quoi doit-on maintenant s'attendre ? Mutares souhaite recentrer Pixmania sur sa marketplace afin d'alléger les coûts de stockage et de livraison. Selon nos sources, le site va arrêter très rapidement la vente en propre. L'administrateur judiciaire veillera bien sûr à écouler le stock actuel "proprement", mais d'ici Noël on ne devrait plus trouver d'offres émanant directement de Pixmania. En effet, une société ne peut être en procédure de sauvegarde si elle est en cessation de paiement. Or selon nos informations, l'activité s'est dégradée plus vite que prévu ces derniers mois. Il faut donc aller vite et ne plus poursuivre dans un modèle qui ne fonctionne pas. A moins que des repreneurs ne se déclarent, les entrepôts de Brétigny vont d'ailleurs fermer, leur a annoncé la direction de Pixmania le 19 octobre.

Ce recentrage sur la marketplace, que proposera donc le plan de sauvegarde à venir, n'offre toutefois aucune garantie de succès. La place de marché de Pixmania lutte déjà contre des marketplaces bien plus grosses qu'elle : celles d'Amazon et de Cdiscount bien sûr mais également celles de la Fnac et de Darty, que rejoindront bientôt celles que sont en train de lancer deux retailers : Auchan et Carrefour. En chiffre d'affaires comme en volume d'affaires, Pixmania restera donc bien loin du Top 10 de l'e-commerce français. Seulement, les pertes de Pixmania montrent bien que son modèle actuel ne fonctionne pas. Restera à prouver qu'une place de marché peut fonctionner sans site marchand jouant le rôle de locomotive.

e-Merchant sera placé cette semaine en redressement judiciaire

Qu'adviendra-t-il de Grosbill, racheté cet été à Auchan comme l'avait révélé le JDN ? Dans l'immédiat rien de spécial : le site spécialisé de high-tech appartient à Mutares et non à Pixmania. Certes les synergies imaginées n'auront pas lieu, mais l'e-marchand n'est pas (encore) en danger. Tel n'est pas le cas d'e-Merchant, qui se trouve dans une situation plus complexe encore que Pixmania. Selon nos informations, la filiale de délégation e-commerce de Pixmania, également déficitaire, se déclarera ces 20 ou 21 octobre en cessation de paiement en vue d'être mise en redressement judiciaire. Une information que ne dément pas la direction, contactée par le JDN.

Or e-Merchant et ses 80 salariés assurent toujours tout l'e-commerce non alimentaire de Carrefour. Si le distributeur vient de racheter Rueducommerce et ne comptait donc probablement pas laisser cette activité aux mains du concurrent de sa filiale, il va sans doute devoir se prendre en main pour ne pas fermer boutique avant même d'avoir opéré le transfert. L'hypothèse d'une reprise d'e-Merchant revient donc sur le devant de la scène : elle ne devrait pas coûter bien cher à Carrefour tout en étant bien accueillie par l'administrateur judiciaire qui cherchera à sauver les emplois. C'est d'ailleurs aussi l'intérêt du redressement judiciaire, qui permet de céder des parts de l'entreprise.