L'éditeur d'e-boutiques Prestashop lève 200 000 euros

La solution e-commerce open source a séduit 5 business angels. Elle compte se développer à l'international en s'appuyant sur sa communauté.

Prestashop propose un logiciel permettant de construire rapidement sa boutique en ligne. "On achète, on répond à quelques questions simples pour paramétrer les fonctionnalités et personnaliser le graphisme et la boutique est créée. Il n'y a plus qu'à entrer son catalogue dans des fiches très intuitives", explique son PDG Bruno Lévêque. Lancée en août 2007 après deux ans de R&D, cette solution disponible en 24 langues est aujourd'hui utilisée par 15 000 e-boutiques d'enseignes de toutes tailles telles que 4 Pieds, Azzaro, Smallable ou encore la place de marché Madeleine Market (Fauchon, Prunier, Veuve Clicquot...).

La société est en ce moment en train de conclure une levée de fonds de 200 000 euros auprès de cinq business angels qui n'en sont pas à leur coup d'essai. Patrice Magnard est le co-fondateur et l'ex-PDG d'Alapage. Antoine Cahen est l'ancien DG d'Alapage mais aussi l'ex-directeur du développement de Marcopoly, Igor Schlumberger est l'ancien PDG de LeGuide.com et le co-fondateur de Prestashop, Stanislas Brossollet est l'ex-directeur commercial de LeGuide.com et Gilles Vanel est le directeur adjoint de BNP Paribas Leveraged Finance Europe. Un tour de table qui va venir alimenter un modèle économique très différent de celui de ses concurrents.

"PowerBoutique ou Oxatis, par exemple, proposent la location de leur solution pour 100 à 200 euros par mois. Dans le cas de Prestashop, le marchand télécharge gratuitement un socle constituant les trois quarts de sa e-boutique et nous développons pour lui le dernier quart", précise Bruno Lévêque. Dans le socle sont déjà incluses un certain nombre de fonctionnalités comme les bons de réduction, le cross-selling, différentes méthodes de paiement, la gestion des retours et des avoirs ou encore des alertes sms. Prestashop se rémunère sur les développements additionnels ainsi que sur les formations qu'il dispense auprès des marchands et des agences qui travaillent à partir de sa solution.

Le logiciel de Prestashop étant sous licence open source, les clients peuvent choisir de fournir à la communauté les développements réalisés pour eux, enrichissant une base de modules disponibles en sus du socle de l'e-boutique. Car si les sites marchands préfèrent ne pas diffuser leurs algorithmes de cross-selling, ils n'ont a priori pas d'opposition à partager, par exemple, le code de leur système de carte de fidélité. "Nous disposons déjà plus de 500 contributions de ce type, se réjouit Bruno Lévêque. Cette dimension open source est donc très importante dans notre business model."

A en juger par les nombreux projets du PDG, les 200 000 euros levés vont très vite trouver une utilité. "D'abord, nous voulons développer notre offre en ASP qui regroupe aujourd'hui la mise en place de la boutique, son hébergement et sa mise à jour. Nous allons rajouter de nouveaux templates pour permettre la création de plus de chartes graphiques. Nous allons automatiser le système de mise à jour des e-boutiques, pour l'instant manuel. Et nous allons traduire dans plusieurs langues cette offre, qui n'est pour l'instant disponible qu'en français et en anglais." L'objectif : séduire les néophytes en prenant en charge toute la création et la gestion de leur site marchand.

Le deuxième projet qui devrait bénéficier de ces nouveaux moyens concerne le déploiement de caisses enregistreuses en points de vente. "Le système, dont un prototype tourne actuellement dans les magasins de la Compagnie du Sénégal et de l'Afrique de l'Ouest ainsi que chez Brocanteo, permet la gestion centralisée du stock entre tous les points de vente physiques et le site marchand", explique-t-il. Un client achète un article dans un magasin de l'enseigne et aussitôt, les autres magasins et le site marchand savent que le stock est débité de cet article.

Troisième chantier majeur pour Prestashop, l'ouverture d'une plate-forme à l'image de l'AppStore de l'iPhone ou du tout récent BerryStore de Blackberry. "Je suis un site marchand et je veux proposer à mes clients une nouvelle solution de paiement, celle d'Ogone par exemple, qui n'est pas fournie par Prestashop actuellement. Je vais aller la chercher dans l'annuaire des modules Prestashop et acheter celui qu'une agence ou Ogone lui-même aura développé. Même chose si je cherche une solution logistique, d'affiliation, etc." L'ouverture de la plate-forme est prévue pour le début de l'année 2009 avec, pour commencer, une cinquantaine de modules.

A plus long terme, le PDG de Prestashop désire ouvrir plusieurs bureaux en Europe. Aujourd'hui, le tiers de ses utilisateurs est en France, 11 % sont aux Etats-Unis, 6 % en Allemagne comme en Grande-Bretagne, 5 % en Espagne et 4,5 % en Italie. Les autres se répartissent sur le reste du monde. "Mais notre expansion dépendra beaucoup des opportunités et ne se concrétisera sans doute pas avant la fin 2009. Nous pensons être rentables au même horizon, en 2009-2010." Car si le chiffre d'affaires de Prestashop devrait tripler cette année pour atteindre 300 000 euros, les résultats de la société sont encore très dépendants de quelques gros contrats.