Anne-Laure Constanza (Enviedefraises.fr) "Enviedefraises.fr lève 1,4 million d'euros auprès d'Amundi"

Lancé en 2006, le site marchand de vêtements de grossesse annonce sa première levée de fonds. Sa fondatrice entend devenir à court terme le leader incontesté du secteur en France.

JDN. Vous annoncez votre premier tour de table institutionnel de 1,4 million d'euros, réunis principalement auprès d'Amundi Private Equity, ainsi que d'un business angel historique. Qu'allez-vous faire de ces fonds ?

Anne-Laure Constanza. Nous voulons capitaliser sur nos forces et accentuer notre positionnement sur le segment des vêtements de grossesse. En effet, notre stratégie depuis 2009 s'articule autour d'un unique objectif : devenir leader sur ce segment. A cette fin, nous devons encore progresser sur notre principal métier, la conception de notre marque propre. Nous voulons élargir notre offre, lancer de nouvelles lignes de produits et les améliorer encore. Les produits, c'est le nerf de la guerre, le cœur de notre business.

Ensuite, nous devons soutenir cette marque, que nous considérons comme notre premier levier d'acquisition de clients. D'une part grâce à des opérations telles que notre carré publicitaire "Alors Carla, envie de fraises ou pas ?" paru en Une de Libération le 9 mai dernier. D'autre part en nous appuyant sur un nouveau site et une nouvelle image, qui verront le jour dans les deux prochains mois. Le nouvel Enviedefraises.fr sera plus fluide, doté de plus de fonctionnalités et visera à accentuer le capital sympathie dont nous bénéficions déjà fortement.

Comment concevez-vous vos produits ?

La conception d'une marque pour le Web est très différente de celle d'une marque traditionnelle de prêt-à-porter. Nous ne préparons pas des collections six mois à l'avance : nous concevons des lignes de produit qui nous procurent une capacité de renouvellement très rapide. Cette exigence de réactivité venue du Web est également liée à la fugacité de notre cible, puisque nous n'avons pas plus de trois ou quatre mois pour capter une cliente enceinte !

C'est aussi ce renouvellement accéléré des lignes de produit qui nous pousse à relocaliser notre production en Europe. A notre lancement en 2006, nous produisions nos vêtements en Chine, car je venais d'y passer dix ans. En 2008, nous avons entrepris de relocaliser notre production en Europe. Aujourd'hui, elle est assurée à 85 % en Europe et à 15 % au Proche-Orient. En outre, plus de 90 % des tissus que nous utilisons viennent de France. Grâce à cette levée de fonds, nous allons encore accroître notre capacité de production en France.

Quels sont vos projets d'expansion européenne ?

Nous avons décalé à l'an prochain notre lancement au Royaume-Uni, qui était initialement prévu pour la fin de cette année. 2011 a été riche en événements, notre croissance a été plus rapide que prévu et nous ne voulions pas nous disperser. D'autant que notre première priorité reste de devenir le leader incontesté en France, et ceci à court terme. C'est d'ailleurs pour une raison similaire que nous avons attendu plusieurs années pour lever des fonds : nous voulions bien rôder notre modèle. C'est chose faite, nous sommes rentables depuis 2010. Notre chiffre d'affaires dépassera 4 millions d'euros cette année et nous visons 10 millions d'euros d'ici deux ans.

Quels événements ont marqué votre activité en 2011 ?

Tout d'abord, nous nous sommes refocalisés sur notre cœur de métier, la conception de vêtements de grossesse. A un moment, nous avions en effet eu la tentation de nous lancer sur le secteur de la puériculture. Mais il ne s'agit pas du même métier et nous aurions dû faire face à de très gros acteurs. Alors que sur notre segment, aucun acteur n'a le même modèle économique que nous, aucun acteur en France ne possède la moitié de notre offre et la concurrence est très dispersée, dans le monde physique comme sur le Web.

D'autre part, nous avons démarré cet été une activité BtoB. Nous proposons nos services à des marques de couches, de prêt-à-porter, des sites marchands, des magazines... Parmi nos partenaires figurent par exemple 3 Suisses, Eveil et Jeux, Disney ou encore le magazine Parents. Cette activité n'a pas vocation à remplacer notre cœur de métier mais représente un important vecteur de croissance. Nous attendons d'ailleurs d'autres gros partenariats d'ici la fin de l'année.

Anne-Laure Constanza a passé près de 10 ans en Chine où elle a travaillé pour des maisons de luxe françaises. En 2003, elle crée sa première société, Chinattitude, qui promeut le "Made by Chinese" en France. Fin 2006, suite à sa première grossesse, elle fonde Envie de Fraises, premier site de e-commerce pour les femmes enceintes en France, et une des toute première marque de prêt-à-porter créée et développée sur Internet. Envie de Fraises a reçu le Favor'i du Meilleur Espoir e-commerce 2010. Lauréate de Paris Pionnières et du Réseau Entreprendre, Anne-Laure Constanza a été élue "Jeune Entrepreneur de valeurs" en juin 2011 par la banque KBL Richelieu / Challenges. En novembre 2011, Envie de Fraises a à nouveau été récompensé d'un Favor'i pour sa campagne de communication "Alors Carla, envie de fraises ou pas ?"