Bienvenue dans la "web-téléréalité" des marques

Et si la téléréalité avait, finalement, une utilité ? Une vraie utilité : pas uniquement celle de nous divertir, de satisfaire notre curiosité. Un réel apport marketing, commercial, au-delà, bien-sûr, des recettes publicitaires.

Venons-en aux faits, ou plutôt à l'histoire, au storytelling honorable que pourrait commencer à raconter la téléréalité. Elle passe par le web. Et aussi par les marques, les consommateurs et des plate-formes web communautaires.

Imaginons que des consommateurs soient recrutés pour intégrer une plate-forme communautaire, donc, dédiée à une marque, et, allons plus loin, à une thématique particulière choisie par la marque.

Ce serait, on pourrait l'appeler comme cela, une web-téléréalité du marketing. Il ne s'agirait pas de consommateurs lambda, mais d'experts, que le chercheur en économie américain Eric Von Hippel, du MIT, appelle des « lead users », des utilisateurs avant-gardistes des produits de la marque. Il s'agirait d'utilisateurs capables d'imaginer tout seuls, sans que la marque le leur suggère, des usages nouveaux, peut-être même détournés. Bref : des « prototypeurs » d'autant plus intéressants qu'ils ne seraient pas issus des laboratoires de la marque mais de la vraie vie, sur le marché.

La marque pourrait alors les regarder vivre avec elle, pratiquement en direct, sur la problématique qui l'intéresse. Imaginons une marque de jean, qui voudrait en savoir plus sur la thématique de la personnalisation-customisation de ses produits. Blogueurs, tendanceurs, influenceurs : peu importent les appellations et les endroits où il seront dénichés (directeur de casting de web-téléréalité serait un nouveau métier), ce sont des « cobayes » de choix.

Il faudrait bien entendu les rémunérer et les mobiliser pour un temps limité mais intense.

Un community manager chargé d'injecter des doses d'informations définies à l'avance à des intervalles également prédéfinis régulerait la communauté, équivalent de l'animateur de télé-réalité, mais en un peu plus discret.

Et comme nous serions vraiment dans de la télé-réalité, il faudrait aussi que le commanditaire de cette étude un peu particulière puisse observer en permanence le comportement des membres de la communauté à l'égard du produit, de la marque, son évolution dans le temps de l'expérience, au rythme des informations distillées sur la communauté. Dans l'idéal, il faudrait une caméra cachée dans l'environnement de chaque cobaye, complétée par la webcam de l'ordinateur.

A l'arrivée : des expériences produit et marque certainement assez riches, une étude sur la façon dont la marque se positionne dans la vie de tous les jours, la place qu'elle occupe dans l'histoire du consommateur... Des idées d'innovation pour la marque également.

Imaginons ? Non, bien-sûr, ce type d'initiative existe déjà, même si ce n'est pas depuis très longtemps. Peu importe le nom de ses promoteurs, il y a fort à parier qu'ils seront très vite rejoints par d'autres sur ce marché qui s'annonce prometteur.

Alors oui, alors que la téléréalité semble s'essouffler à la télévision, le web prend le relais, avec plus d'audace commerciale.

Et oui, cela donne un peu plus de noblesse au concept de téléréalité, ici axé études et enseignements, ce qui change du pur divertissement. Une nouvelle histoire est en route.