Internet : une solution pour lutter contre les inégalités scolaires ?

Depuis 2009, les médias ont tiré à boulets rouges sur le marché potentiel de 2,2 milliards d’euros du soutien scolaire. A raison? Jugées mercantiles, ces entreprises contribueraient à « aggraver les inégalités scolaires », misant sur l’angoisse de parents quant à la réussite de leur progéniture.

Pourtant, l’arrivée d’internet a constitué une révolution dans bien des secteurs et celui de l’éducation n’a pas fait exception. Grâce aux nouvelles technologies, il est aujourd’hui possible de rendre accessible à tous des contenus et savoirs très pointus, à des prix bien raisonnables…

Un palliatif à la « fracture pédagogique »
Il est vrai que les inégalités persistent dans le domaine de l’éducation et tout particulièrement dans celui du soutien scolaire. L’offre des cours particuliers est réduite voire inexistante dans certaines zones rurales[1]. De plus, tous les foyers n’ont pas forcément les ressources financières, pour des cours dont le prix horaire atteint une quarantaine d’euros en moyenne.
On comprend alors le formidable rôle que peuvent jouer l’Internet et le téléenseignement dans cette lutte contre cette fracture d’ordre pédagogique. Fracture qui désignerait les disparités d’accès et de méthodes d’enseignement qui subsistent et se creusent entre les différentes catégories socioprofessionnelles.
En effet, Internet permet une interactivité telle, qu’il est à présent possible de donner de vrais cours en direct et en ligne à des élèves munis d’une simple connexion.
Quels que soient leurs lieux de résidence, ils ont potentiellement la possibilité de recevoir l’enseignement et la pédagogie de professeurs qu’ils n’auraient jamais eus sans ce biais.
Quant au frein que représente le coût de ces cours, il devient également amoindri. Les prix proposés par ces enseignes sont quatre à cinq fois moins élevés que ceux des cours à domicile, soit moins d’une dizaine d’euros de l’heure en moyenne.

Les NTIC ne sont qu’un canal de communication
La fracture numérique tendant de toute évidence à se réduire [2], les entreprises de soutien scolaire sont devenues nombreuses à offrir des solutions en ligne, véritable complément pour l’élève et venant en renfort du programme de l’Education Nationale.
Si on leur promet un bel avenir, rares sont pourtant les services à proposer une réelle interactivité entre l’élève et son professeur.
Pour la plupart, ces enseignes mettent à disposition des exercices, des vidéos préenregistrées ou encore des cours en ligne dispensés par des étudiants, plutôt que par des professeurs de formation.
De plus, la simple mise en ligne de contenus vidéo ou audio ne confère à elle seule aucune efficacité [3] c
ar, interactivité et qualité du contenu sont précisément la clé de voûte d’un enseignement en ligne efficace. Ainsi, gardons à l’esprit que les nouvelles technologies ne restent qu’un vecteur, un canal de diffusion et de communication soit, un outil. Elles ne sauraient suppléer la qualité du contenu ni le savoir-faire pédagogique de celui qui le délivre. Auquel cas, cela n’est plus de l’enseignement mais bien encore une nouvelle solution gadget.

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[1] Rapport décembre 2006 du Pr. Mark Bray sur le soutien scolaire.
[2]
En 2010, 71 % des foyers français avaient un ordinateur et la quasi-totalité d’entre eux se déclaraient munis d’une connexion internet selon l’INSEE et Médiamétrie.
[3]
Selon une étude du Centre pour la technologie dans l’éducation commandée en 2009 par le Ministère de l’Education américain.