Comment le lancement de “Poke” de Facebook a relancé l’application concurrente SnapChat

Après le rachat d'Instagram, Facebook a lancé fin 2012 une application mobile Poke, pour partager des contenus qui s'auto-détruisent après quelques secondes. Cette "innovation"est un clone de l'application existante et désormais concurrente SnapChat. Malgré la puissance de Facebook, c'est SnapChat qui a bénéficié du buzz...

En décembre 2012, Facebook a annoncé le lancement d’une nouvelle application mobile (sur iPhone). Poke permet de partager un contenu (texte, photo, vidéo) de manière temporaire (pendant 1,3,5 ou 10 secondes). Comme dans « Mission Impossible », à la fin de ce laps de temps, le message disparaît.

Après le rachat d’Instagram pour 1 milliard de $ et la refonte de l’application mobile Facebook (après une version HTML5 assez catastrophique), cette annonce est un signal fort de la part de Facebook pour  démontrer son savoir faire en matière mobile. En effet depuis son entrée en bourse, le marché attend particulièrement Facebook sur sa capacité  à monétiser le mobile qui représente désormais plus de 55% des accès au réseau social. Ce n’est donc pas pour rien que Mark Zuckerberg a largement communiqué sur cette nouvelle application (dont sa voix est même utilisée pour le son émis à l’envoi d’un message) en vantant le temps de développement (12 jours) particulièrement court.

Pourtant ce type d’application mobile n’est pas nouveau. Poke est la copie quasi conforme de SnapChat, qui rencontre un grand succès auprès des adolescents depuis quelques mois (l’affichage temporaire serait à priori très adapté au « sexting »). Certains n’hésiteraient pas en partager plus de 35 contenus aka « snaps » par jour. En novembre 2012, ceux-ci échangeaient ainsi plus de 50 millions de messages par jour sur cette plateforme (contre 20 millions en Octobre)! De nombreux utilisateurs ont critiqué ce copier-coller de la part de Facebook. Certains experts  comme Om Malik y voient même un signal de l’incapacité de Facebook à réellement innover et inventer.


Avec ses 1 milliard d’utilisateurs,  Facebook aurait de quoi fortement inquiéter Snapchat. Pourtant son fondateur Evan Spiegel ne s’est pas laissé démonter… celui-ci à même fait un clin d’œil au message d’Apple à IBM en 1981 en déclarant: “Welcome, Facebook. Seriously.

Et au lieu de se voir menacée, Snapchat a en fait été propulsée grâce au coup de projecteur et au buzz autour du lancement de Poke. Sur Twitter le nombre de mentions à propos de Snapchat est loin devant celui des mentions sur Poke :


Aux Etats-Unis, SnapChat occupe désormais la 6ème  place du Top 100 des applications gratuites les plus populaires (Facebook Poke s’est effondré à la 204ème place). En France Snapchat est passé de la 363ème application gratuite la plus populaire à la 208ème entre le 31dec et le 2 janvier.  L’application de géolocalisation Foursquare avait connu un destin similaire en 2010 à l’annonce du lancement de Facebook Checkins. 

La disponibilité de Snapchat sur iOS ET Android a évidemment aidé (Poke n’est disponible que sur iPhone) mais on peut aussi imaginer que les adolescents ont de moins en moins envie de partager des contenus personnels, voire croustillants sur une plateforme comme Facebook où se trouve désormais leur famille, leurs professeurs, leurs voisins et, qui de toute façon, modère de manière stricte tout soupçon de nudité.

Ces deux dernières semaines montrent bien que le succès d’une application sociale n’est pas due uniquement à la dimension technologie (il suffit de voir les débuts pénibles de Google+) et que la création d’un sentiment communautaire est plus complexe. Si Snapchat semble avoir gagné la 1ère bataille, il ne faut cependant pas sous-estimer les moyens et la puissance de Facebook (à moins que Google sorte son porte monnaie avant pour se payer l’application).