En obligeant Skype et Whatsapp à devenir des opérateurs, l'UE va accélérer la mort d'Orange et de SFR

La Commission européenne présentera en septembre des axes de réflexion afin de réduire les écarts de réglementation entre les opérateurs télécom et les OTT (over the top) concurrents sur Internet.

Les propositions de la Commission européenne visant à réduire les écarts de réglementation entre les opérateurs télécom et les OTT (over the top) concurrents sur Internet ont pour objectif de :
- mettre fin aux exceptions fiscales- permettre une meilleure collaboration avec la justice- permettre l'émission d'appels d'urgence- empêcher la revente des données personnelles
Depuis maintenant plusieurs années, Skype, Whatsapp, Hangouts, Viber ou Wechat lorgnent sur le marché européen des télécoms. Ce marché représente 263 milliards d'euros.Obliger les OTT à devenir opérateurs télécoms donnera un à deux ans de répit aux Telcos historiques pour consolider leurs positions, car ils vont devoir s'adapter à cette nouvelle réglementation.Mais il est vrai qu'à moyen terme, l'obtention du statut d'opérateur leur permettra de gagner en crédibilité face aux clients et d'élargir leur gamme de services. Surtout, derrière les Skype, Hangouts ou Wechat se trouvent Microsoft, Google et Tencent. Chacun de ces groupes à suffisamment de trésorerie pour acheter cash Orange, Vodafone et Telefonica. Cela revient à faire rentrer les loups dans une bergerie.

L'UE n'est pas coupable
Le réflexe assez facile est d'incriminer l'UE. Mais ces propositions font suite à un lobbying soutenu des quatre gros opérateurs européens (Orange, Vodafone, Deutsche Telekom et Telefonica). La volonté initiale était clairement de taxer les OTT et de limiter les services possibles. Le résultat va beaucoup plus loin qu'escompté et il offre de vraies opportunités pour les OTT.

Par exemple, si les appels d'urgence sont presque impossibles avec Skype, ce n'est pas de son fait, mais de celui des opérateurs qui refusent de vendre et de mettre en place la terminaison d'appel. En offrant un cadre légal aux OTT, les "telcos" ne pourront plus se permettre de refuser la vente.

Creuser sa propre tombe, un syndrome bien connu
Les exemples de leaders historiques qui refusent d'évoluer sont nombreux. Kodak en refusant le numérique, Compaq en limitant la notion de mobilité aux ordinateurs... 

Les opérateurs historiques semblent aller dans la même direction, incapables d'anticiper les nouvelles tendances. La lourdeur et la lenteur de leur structure les empêche de s'adapter rapidement.

Les télécoms, un secteur déjà en plein conflit interne

Outre l'aspect concurrentiel, cette arrivée forcée des OTT dans les télécoms est assez symptomatique de la situation des telcos depuis quelques années. Le secteur est secoué par une opposition entre les personnes ayant une vision classique des télécoms et les acteurs venus du monde de l'Internet qui veulent casser les codes. Cela amène des employés d'une même société à se regrouper par clans provoquant de nombreuses frictions en interne. 

Le défi : adapter le modèle économique des Telcos 

Les telcos doivent adapter leur modèle économique, accepter leur changement de métier. La valorisation du rôle d'opérateur ne se fera plus sur de "l'airtime" (minutes ou Data) mais sur la notion de performances, qui s'articuleront sur trois axes : des économies budgétaires, de nouveaux revenus et des avantages en termes de services.