Internet, le numérique, le P2P bousculent les règles et les situations. Ils
apparaissent comme un désordre avant de montrer la richesse de ce qu'ils produisent
: des capacités nouvelles d'échanger, de recommander, de s'exprimer, de créer.
La frontière qui séparait nettement usagers et créateurs devient floue. Les
industries culturelles doivent apprendre à vivre dans un écosystème numérique
où les oeuvres circulent et où les créateurs ont la capacité d'atteindre des publics
étendus et de faire vivre leurs oeuvres. L'Etat peut les accompagner dans
cette transition. Les musées et les bibliothèques devront prendre le tournant
du numérique, numériser leurs collections et développer une offre culturelle numérique
en ligne.
"La loi DADVSI est inspirée par la peur du numérique" |
La droite nous a légué, avec la DADVSI, un cadre juridique inadapté et inutilement
répressif. Cette loi est inspirée par la peur du numérique. Elle exacerbe les
oppositions stériles entre le public, les créateurs, les producteurs et les diffuseurs
alors qu'il faudrait inventer ensemble les nouveaux modèles économiques en phase
avec les évolutions technologiques et garants d'une juste rétribution de tous
les acteurs.
Je crois, moi, que le numérique et le P2P ne sont pas une catastrophe mais une
chance. Une chance de démocratiser l'accès à la culture. Une chance de modernisation
économique avec l'émergence de nouveaux services et d'entreprises innovantes.
La droite a gâché une occasion. Il reviendra à la gauche de faire avancer l'équilibre
entre progrès technologique et droits d'auteur.
"Il faudra assurer la complémentarité de plusieurs
modes de rétribution" |
Il faudra donc reprendre ce chantier en concertation avec tous les professionnels.
Il faudra le faire en veillant à la défense de la rémunération des auteurs,
en assurant la complémentarité de plusieurs modes de rétribution : les
revenus directs, la vente de fichiers se substituant pour une part à la vente
des CD ; les revenus indirects, ce qui suppose que les intermédiaires (webradios,
plates-formes de P2P
) reversent une partie de leur chiffre d'affaires aux titulaires
de droits d'auteur en contrepartie de la possibilité d'exploiter commercialement
leurs oeuvres ; les revenus mutualisés, qu'il s'agisse de la redevance pour copie
privée ou d'un système forfaitaire pour les échanges gratuits entre personnes.
Concilier la liberté des usages et la rémunération de la création, rendre effectives
les exceptions pour la recherche, l'enseignement et la citation pour les besoins
de l'information et de la critique
C'est comme cela, et non en mettant des millions
de Français hors la loi, qu'on pourra tirer tout le monde vers le haut et regarder
l'avenir en face.