Erik-Marie Bion, COO, Hi-Media
"Cette opération va dans le sens de l'histoire. Elle semblait être dans les
tuyaux depuis longtemps. Elle montre que les fondamentaux de la publicité sur
Internet sont bons. Vu les sommes en jeu, c'est un signe que le média Internet
constitue un enjeu considérable, que la croissance est là et pour longtemps, et
que les acteurs qui comptent ce sont les pure players. C'est donc plutôt encourageant
pour les autres acteurs comme Hi-Media. Selon moi, la synergie la plus probable
entre les deux groupes m'apparaît être les liens sponsorisés, plus que les portails
et les forces de vente."
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Mykim Chikli
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Mykim Chikli, directrice générale, Zed Digital
"D'une part, je trouverais cela dommage que cette concentration ait lieu,
car je pense que la compétition stimule les acteurs. Le marché n'est pas assez
mature pour ça. En termes de valeur ajoutée et de qualité de l'offre proposée,
les annonceurs y perdraient. D'autre part, quand on analyse les offres des
deux régies, elles sont relativement similaires. Les deux sites proposent plus
ou moins les mêmes outils. Il existe quelques petites complémentarités, mais à
la marge. Dans ces conditions, quel est l'intérêt ? On est loin du rachat d'un
DoubleClick par Google, par exemple. En termes d'audiences, cela va juste créer
un acteur plus gros.
Le véritable objectif, bien sûr, c'est le search. Car c'est sur les liens
sponsorisés que les investissements progressent le plus rapidement. Chez Zed
Digital, par exemple, nous avons enregistré cette année une progression des investissements
en search de 100 %, pour une progression des investissements display environ dans
la moyenne du marché. Mais même dans ce domaine, le rapprochement ne permettra
pas à la nouvelle entité de rattraper Google de sitôt.
Quoiqu'il en soit, Microsoft a choisi un moment très propice, après les résultats de Yahoo et l'annonce des réductions d'effectifs."
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Guillaume Multrier
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Guillaume Multrier, président, Isobar
"Sur la France, cela ne va pas fondamentalement changer quoique ce soit
car Google occupe une position très dominante, même en additionnant MSN et Yahoo
sur le search. Cela ne serait pas la révolution, la fusion ne bousculerait pas
le géant qu'est Google. Aux Etats-Unis, c'est plus intéressant comme mouvement.
La nouvelle entité créerait un contrepoids intéressant à Google.
Je n'imagine pas une fusion des deux portails, car ils y perdraient beaucoup
de valeur. Les synergies sont donc plutôt à chercher du côté des coûts. Il n'y
aurait probablement plus qu'une seule régie. Ce qui, en France, permettrait
à MSN-Yahoo de devenir quand même plus incontournables, un peu comme TF1 en télévision.
Ils pourraient rattraper Orange.
En ce qui concerne la valorisation, je ne suis pas sûr que Yahoo la vaille.
Ce que Microsoft achète, ce sont un bassin d'audience, une position compétitive
aux Etats-Unis et des synergies de coûts."