NKM présente un plan de relance numérique axé sur la fibre optique

La secrétaire d'Etat à l'Economie numérique veut investir 250 millions d'euros dès 2009 dans la fibre optique, ainsi que 50 millions d'euros pour les PME innovantes du Web 2.0 et du serious gaming.

La secrétaire d'Etat au développement de l'économie numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet, a présenté mercredi 6 mai en Conseil des ministres une série de mesures formant le volet numérique finalement ajouté au plan de relance de Patrick Devedjian.

La première des mesures présentées vise à accélérer le déploiement des réseaux à très haut débit dans les zones moyennement denses. Considérées par les opérateurs comme moins rentables, ces zones rurales feront donc l'objet de co-investissements. La Caisse des Dépôts et Consignations disposera de 250 millions d'euros par an pendant trois ans pour structurer les fonds propres de ces réseaux de fibre optique et sera également chargée de mobiliser des acteurs sur le terrain.

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Nathalie Kosciusko-Morizet © JDN

Cette mesure sera complétée dans quelques semaines par le plan européen de relance qui devrait apporter à la France plusieurs millions d'euros pour développer la fibre dans les zones rurales. Objectif : ajouter 4 millions de prises aux 4 millions existantes à l'horizon 2012. Trois projets sont déjà prêts à être financés, dans deux grandes villes et un département semi-rural. "Nous voulons aussi créer de l'emploi très vite et sommes donc décidés à 'déstocker' les projets déjà prêts", a précisé la secrétaire d'Etat, qui table sur la création de plusieurs dizaines de milliers d'emplois.

Nathalie Kosciusko-Morizet avait indiqué l'importance qu'elle accordait à ne pas se cantonner au développement des réseaux mais à soutenir aussi les technologies et les usages. En pratique, les deux opérations annoncées en la matière restent d'une portée limitée. La première prévoit l'attribution de 30 millions d'euros, sous forme d'appel à projets ou de commandes publiques, aux 300 entreprises du secteur du jeu vidéo dans le domaine du serious gaming.

"Avec trois acteurs dans le top 10 mondial, la France est très bien placée sur le marché du jeu vidéo, mobile y compris, constate-t-elle. Mais nous le sommes moins sur le serious gaming, qui représente pourtant un potentiel de 45 millions d'euros de chiffre d'affaires dans le monde. Nous lancerons l'opération en septembre et arrêterons notre sélection des projets en décembre, pour des premiers investissements début 2010." C'est dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la défense, de la sécurité civile et du français comme langue étrangère que seront commandés ces jeux sérieux.

"L'administration gagnerait, pour se moderniser, à s'appuyer sur le Web 2.0"

Un dispositif identique est prévu pour les projets Web 2.0, qui suivront le même calendrier et disposeront d'une enveloppe de 20 millions d'euros. Nathalie Kosciusko-Morizet entend en effet permettre la mise en place de solutions collaboratives dans le domaine des services mobiles et de l'accès aux données publiques. "On pourrait par exemple imaginer que quelqu'un qui se gare dans un parking puisse sortir son iPhone et consulter les statistiques de criminalité du quartier, du parking, savoir si une agression y a eu lieu récemment..." De plus, la secrétaire d'Etat est rentrée d'un voyage d'études aux Etats-Unis avec la conviction que "l'administration gagnerait, pour se moderniser, à s'appuyer sur les ressorts de la créativité des programmeurs extérieurs". Ces plates-formes 2.0 serviront aussi à cela.

Les investissements du plan de relance consacrés aux technologies et aux usages s'arrêtent donc là. Nathalie Kosciusko-Morizet se défend pourtant d'avoir bradé ces domaines : "de nombreux dispositifs transversaux leur bénéficient déjà : dispositif ISF PME, création du statut d'auto-entrepreneur... Les investissements dans les réseaux ressortent car ils correspondent à des lignes budgétaires individualisées. Mais les flux de financement permettent un effet de levier et apportent en réalité beaucoup plus d'argent qu'une ligne budgétaire."

L'article 26 de la LME, considéré comme un Small Business Act à la française, ne sera toutefois pas renforcé. Il prévoit aujourd'hui d'attribuer 15 % des commandes et appels d'offres publics aux TPE et PME, contre une proportion de 20 à 40 % aux Etats-Unis. "Cela n'évoluera qu'à l'issue du bilan qui en sera fait. précise cependant Nathalie Kosciusko-Morizet. Appliquons d'abord les 15 %, qui représentent déjà des sommes considérables."