Charles Letourneur (Alven Capital) "La dynamique des IPO est un bon indicateur pour les fonds"

Alven Capital accentue ses investissements dans le web social, le mobile et l'e-commerce. Le fonds reste optimiste sur le secteur des IPO, malgré des indicateurs parfois inquiétants aux Etats-Unis.

JDN. Comment se structurent les investissements d'Alven Capital ? Le fonds mise-t-il principalement sur la Toile ?

Charles Letourneur. Le web représente deux tiers des investissements d'Alven Capital. En 2006, nous nous sommes d'abord intéressés à l'e-commerce ainsi qu'à l'e-tourisme, avec par exemple Monshowroom.com ou Planetveo.com. Plus tard, Alven Capital s'est penché sur la mobilité avec Mobile Tag. Récemment, nous nous sommes lancés dans le web social, avec la régie Facebook MakeMeReach. Nous considérons également le marketing à la performance et l'intermédiation avec attention, ce qui explique notre investissement dans Companéo, un site qui met les PME en relation avec leurs potentiels prestataires.

L'e-commerce et les ventes privées restent des marchés porteurs...

Les ventes privées sont très tendances, si on prend l'exemple du rachat de Brands4Friends par Ebay ou encore celui de Dress-for-less par Privalia. Dans ce secteur, nous avons réalisé une sortie le 6 juillet du site Eboutic.ch dans laquelle le Groupe Maus a pris 70 % de participation. Ce sujet restera important car ces sociétés ont des charges faibles et dégagent de bonnes marges. Il en est de même dans l'e-commerce. Le site de vente d'optique en ligne HappyView en est un bon exemple. D'autres fonds investissent également dans des concurrents de l'optique en ligne comme Jaïna Capital avec Sensee. Cela veut dire que le marché est porteur.

Ne voyez-vous pas comme une menace les fonds d'entrepreneurs du Net dont l'expertise sur les start-up est plus avisée ?

Les fonds d'entrepreneurs du Web sont en effet bien positionnés, mais davantage en seed capital. Alven Capital intervient davantage en late stage plutôt qu'en early stage. Nous ne répondons donc pas à la même stratégie car nous investissons généralement en premier tour de table institutionnel. Notre expertise sur la Toile est différente, et nos fonds plus diversifiés. Nous arrivons en effet à réaliser de belles sorties comme celle de Seloger.com. Des opportunités s'ouvrent, par exemple les start-up qui œuvrent autour des réseaux sociaux ont aujourd'hui des business model plus avancés qu'il y a trois ans. Elles cherchent par conséquent des fonds plus importants.

Aux Etats-Unis en 2011, certaines sociétés comme Pandora ou Renren se sont introduites en bourse et ont aujourd'hui une valeur inférieure à celle d'introduction. N'y voyez-vous pas un risque ?

Même si certaines introductions sont annulées ou que des valeurs sont revues à la baisse, les IPO sont de plus en plus fréquentes. C'est un bon indicateur pour les fonds d'investissement car le marché outre-Atlantique est toujours actif et notamment dans le seed capital. L'ensemble est positif car il permet de créer de la visibilité pour les fonds ainsi que les sociétés qui entrent en bourse. Cela laisse donc de bonnes opportunités pour les futures levées de fonds. Il est cependant vrai qu'en France, la situation est moins dynamique qu'aux Etats-Unis...

Charles Letourneur est diplômé de l'École Polytechnique, de l'Ecole Nationale de la Statistique et de l'Administration Economique (ENSAE) et de l'IEP Paris. Il rejoint le département de Fusions & Acquisitions de Lazard Frères & Cie en 1991 à New York puis à Paris. En 1999, il est nommé gérant de Lazard Frères & Cie. De 1999 à 2000, il est également membre du comité de direction de Gaz & Eaux, devenu Eurazeo. Il est aujourd'hui managing partner du fonds d'investissement Alven Capital, qu'il a co-fondé en 2000.