Christian Paul (Député PS) "En 2010, il faudra se battre pour la neutralité du Net"

Pour le député socialiste, la couverture des réseaux mobile, le déploiement du haut et du très haut débit et la neutralité du Net seront les principaux chantiers du Web en 2010.

Quels sont vos vœux pour l'Internet en 2010 ?

Christian Paul. Mon premier est un combat qu'il faut renouveler pour les libertés numériques. Celui à mener en 2010 est la façon dont Internet et tous les terminaux disponibles permettent la mobilité. Il faut permettre le nomadisme professionnel de tous les jours, que l'on soit dans les villes, ou comme c'est mon cas, souvent dans l'espace rural.

Un autre principe pour lequel il faudra se battre cette année est la neutralité du Net. C'est un principe intéressant car ce principe n'a rien de révolutionnaire. La neutralité, traditionnellement, ce n'est pas révolutionnaire. Mais quand on parle d'Internet c'est un principe qui l'est beaucoup plus qu'il n'y paraît. C'est très paradoxal. Et pour parvenir à cette neutralité il faut l'engagement de tous : des réseaux, des opérateurs, de tous les acteurs de l'Internet, et aussi de la puissance publique qui doit en faire un principe cardinal de la cité numérique. Il faut donc s'assurer que les lois votées par le parlement n'apportent pas atteinte à cette neutralité.

Pensez-vous que le déploiement de l'accès haut-débit avance suffisamment vite ?

Non, il faut accélérer son déploiement. On n'a pas encore terminé le déploiement du haut débit que ce soit au niveau des régions, des territoires, des villes, ou des quartiers. Donc un de mes vœux pour 2010 est que l'accès haut débit fasse des avancées décisives. Mais cela fait quelques années déjà que l'Etat ne joue pas son rôle moteur.

Dan sle très haut débit, on nous a annoncé qu'il y avait deux milliards d'euros dans le grand emprunt pour accélérer son déploiement et j'espère que ce n'est pas une promesse en l'air. Car si on laisse faire le marché, seulement un tiers des foyers seront desservis d'ici cinq ans. De cette manière, la France ne sera pas couverte dans 20 ans. Au contraire, si l'on peut trouver un partage des rôles entre les opérateurs privés et la puissance publique, le territoire national peut être couvert dans dix ans. Mais la prise de conscience de l'enjeu n'est pas encore là.

Comment voyez-vous la mise en œuvre de la loi Hadopi ?

La loi votée est contestable et inutile. Notre responsabilité et celle des tribunaux est de s'assurer qu'il n'en est pas fait un usage abusif. Il faut donc défendre les internautes face à cette usine à gaz répressive. Maintenant, la question qui m'intéresse est : comment va-t-on transposer les droits d'auteurs dans le monde numérique et comment va-t-on financer la création ?

J'ai pris connaissance du rapport de la commission Zelnik. Je pense que la création française n'y trouvera pas son sésame, car les moyens proposés sont très faibles et rien n'indique qu'ils soient à portée de main. Sur la possibilité de taxer les moteurs de recherche et les gros agrégateurs de contenus, on aurait dû y ajouter les opérateurs télécom, mais ils sont déjà taxés pour l'audiovisuel public, et je peux comprendre qu'il soit difficile pour le gouvernement de les imposer encore plus.