Eyal Lifshitz (Greylock Partners) "Nous étudions deux opportunités d'investissement en France"

Après avoir co-investi 25 millions d'euros dans la solution de paiement mobile iZettle, le fonds américain Greylock Partners compte poursuivre ses emplettes en l'Europe.

JDN. Comment s'articule Greylock IL par rapport à la structure américaine Greylocks Partners ?

"Nous gérons 360 millions de dollars"

Eyal Lifshitz. Greylock IL est une branche de Greylocks Partners dédiée aux investissements en Europe et en Israël. Nous avons des bureaux à Tel Aviv et à Londres. Curieusement, je travaille en Israël mais suis chargé des investissements en Europe. Nous gérons 360 millions de dollars sous deux fonds. Nous avons investi dans une trentaine de sociétés, par exemple les services de prêts en ligne Wonga, le service de livraison de nourriture Just Eat ou encore dans NotOnTheHighStreet, qui est une forme d'Etsy intégrant davantage de mécanismes de curation de produits. Nous avons également récemment co-investi 25 millions d'euros dans le concurrent de Square, iZettle, avec Northzone Venture.

iZettle a levé des fonds pour se développer en Europe. Quand se lancera-t-il dans l'Hexagone ?

En France, le lancement d'iZettle va se faire mais les obstacles sont plus complexes que dans d'autres pays car la régulation française sur les cartes de crédit est plus lourde qu'ailleurs. iZettle va donc devoir travailler avec tous les établissements bancaires avant d'envisager un lancement, ce qui ne permet pas d'avoir une date précise.

De manière générale, combien et où investissez-vous ?

"Nous venons d'étudier deux dossiers français"

Nous faisons davantage d'amorçage en Israël mais en moyenne, nos tickets vont de 200 000 à 10 millions de dollars, le plus souvent à l'occasion de premiers tours de table et parfois de seconds. Géographiquement, le Royaume-Uni et Israël sont clairement notre périmètre d'action privilégié mais nous regardons aussi des dossiers en Europe de l'Est comme en Russie. Cette semaine, nous avons par exemple étudié deux dossiers français, l'un étant une application mobile spécialisée dans la distribution et l'autre une société évoluant dans l'univers des tablettes.

Quels sont vos principaux critères de sélection ?

Nous cherchons par exemple des sociétés spécialisées dans l'intégration du big data dans des services mobiles innovants. Je ne pense pas pour autant que les PC vont disparaître mais il est clair que la manière de consommer des données se fera principalement sur mobile ou tablette, tout comme la consommation de biens. Nous nous intéressons également aux services financiers en ligne, aux problématiques web-to-shop ainsi qu'aux services proposant des business model proches de ceux de Just Eat ou d'Uber.

Quels signaux vous permettent d'identifier des marchés et des business models prometteurs ?

Un marché est prometteur quand il est compétitif. Un investissement d'un autre fonds dans un marché inconnu ou dans un business model particulier nous envoie donc directement un signal, ce qui ne veut pas dire que ce signal est forcément positif et que le marché deviendra mécaniquement compétitif. Il est cependant assez fort pour que nous nous interrogions sur la taille du marché et la viabilité du business model, ce qui nous permet de saisir certaines opportunités.

N'est-ce pas ce que fait Rocket Internet ?

Il est très facile de critiquer Rocket Internet mais lorsqu'ils copient une société, ils le font d'une manière innovante et internationale. Ils ont une vision plus globale que celle d'un jeune entrepreneur et ils ont l'exécution qui va avec. En revanche, je ne comprends par exemple pas pourquoi ils ont copié Wrapp avec DropGift, puisque ce ne sont pas des sociétés d'e-commerce, le coeur de leur savoir-faire. Toujours est-il que si Amazon n'a pas été capable de s'implanter en Thaïlande et que Rocket Internet implante un clone là-bas en répondant aux besoins des internautes, ils auront été plus performants qu'Amazon.

Diplômé de l'université de Tel Aviv et de la Booth School of Business de l'Université de Chicago, Eyal Lifshitz débute sa carrière en 2003 chez Texas Instruments en tant qu'ingénieur avant d'intégrer pour de courtes missions McKinsey & Co et OCA Ventures. En 2009, il retourne chez McKinsey avant d'intégrer Greylock Partners en décembre 2010, dans la branche Greylock IL.