Gilles Domartini (Cleeng) "Notre solution de paiement cross-media est plus complète que celle de PayPal"

Offrant une solution de monétisation de contenus digitaux, le dirigeant de Cleeng présente son positionnement et son business model.

JDN. Pouvez-vous nous présenter Cleeng ?

Cleeng est une solution de paiement en ligne qui permet aux propriétaires de sites web de vendre n'importe quel type de contenus numériques. Nous protégeons ces derniers et notre solution brevetée permet de masquer une partie d'un contenu. Un média en ligne pourra donc par exemple rendre une partie de ses articles gratuite et l'autre payante. Cleeng est cependant principalement orienté sur le paiement à l'acte comme nous le faisons pour le Journal du Net Premium. La solution que nous avons créée est donc sans DRM et développée uniquement en HTML pour qu'elle puisse être implémentée au plus grand nombre de plates-formes.

Sur quel constat avez-vous défini votre positionnement ?

Il est de plus en plus difficile de vendre du contenu digital en ligne notamment parce que le volume de contenus et le nombre de formats de ces derniers sont de plus en plus croissants. Aujourd'hui, c'est dans l'expérience d'achat sur iTunes que les internautes acceptent le plus facilement d'acheter du contenu payant. Apple délivre en effet des contenus de qualité, bien packagés, inspirant la confiance des utilisateurs à la différence des paywall qui sont très troublants. Notre positionnement résulte donc de la problématique revenant à se demander "comment répliquer l'expérience iTunes pour les éditeurs de sites Internet et mobiles pour ceux disposant de webapps ?".

Finalement, qu'est-ce qui vous différencie de Paypal ?

"Il est possible de commencer à regarder une vidéo payante au bureau et de la finir sur un portable dans les transports"

L'idée était de faciliter l'implantation de la solution au sein des sites comme il en est le cas pour Google Adwords, raison pour laquelle nous avons développé des plugins en open source qui ont d'ailleurs été téléchargés 8 000 fois. Ils sont disponibles pour WordPress, PayPal, Drupal ou encore Brightcove. Avec Cleeng, l'internaute n'a besoin que d'un seul identifiant pour acheter des contenus chez tous nos partenaires. Nous conservons l'intégralité de son historique d'achats et il peut également accéder à sa bibliothèque de contenus sur notre site. Il peut aussi commencer à regarder une vidéo qu'il a achetée à son bureau pour ensuite continuer de la visionner sur son mobile dans les transports en commun. En ce sens, notre solution de paiement cross-media est plus complète que celle de PayPal. Rajoutons à cela le fait que nous permettons aux solutions de sécurisation de vidéos d'être compatibles sur iPad.

Quel est votre business model ?

Nous fonctionnons sur un business model basé sur du partage de revenus avec les éditeurs, où nous prenons 20% du montant des transactions. Nous prenons en charge les frais de paiement, la gestion de la plateforme de monétisation et le support client. Mais quand certains grands groupes souhaitent travailler avec nous, ils peuvent s'ils le souhaitent payer un abonnement mensuel quel que soit le volume des transactions. Dans ce type de situation, l'éditeur peut récupérer plus de 90% du montant de ses transactions.

Combien de partenaires avez-vous aujourd'hui ? Quels enseignements avez-vous pu en tirer ?

"En février, 57% du volume de nos ventes était réalisé par les éditeurs de presse"

Nous avons aujourd'hui nous 1 500 éditeurs partenaires dont une majorité de blogueurs. Des éditeurs plus importants comme La Tribune, Omega TV, VentureBeat, MyliveTV et Le Journal du Net ont également souscrit à notre solution.

Nous avons jusque-là constaté une forte croissance du paiement par mobile qui représente en moyenne 11% des ventes et ce même pour les concerts en live, qui sont consommés sur terminaux mobiles dans 20% des cas. Côté ventes, si l'on regarde nos chiffres à fin février, 57% du volume de nos ventes était réalisé par les éditeurs de presse, générant cependant 6% de nos revenus. A l'inverse, 13% du volume de nos ventes étaient des évènements, qui ont généré 78% de nos revenus.

Quel avenir envisagez-vous pour la société ?

Nous souhaitons réaliser une levée de fonds conséquente dans les six prochains mois pour renforcer nos outils de reporting, nous étendre à l'international notamment en Allemagne et au Brésil et évidemment améliorer notre support. A plus long terme, pourquoi ne pas imaginer se faire racheter par PayPal ou un groupe média qui produit beaucoup de contenus comme Orange ou Vivendi ? Les éditeurs de solutions comme Akamai et Cisco ou les fournisseurs de moyens de paiement comme Visa et AmericanExpress ont également des raisons d'être intéressés par Cleeng...

Diplômé de l'Université d'Aston à Birmingham et de l'Edhec/Espeme de Lille, Gilles Domartini débute sa carrière en 1994 chez Zenith Data System pour ensuite diriger les activités Internet de Packard Bell en Europe de 1996 à 2001. Il rentre ensuite chez Apple où il dirige les magasin en ligne de la firme dans la zone EMEA jusqu'en 2006, pour rejoindre Philips Consumer Lifestyle et prendre les rennes de l'activité Internet. En 2010, il fonde Dg2all, une société de conseil en stratégie digitale et Cleeng, une société qui fournit des solutions de monétisation de contenu.