Loïc Le Meur (Seesmic / LeWeb) "Les start-up doivent continuer à lancer des produits tout en prévoyant que 70% d'entre eux ne décolleront pas"

Le fondateur de LeWeb présente l'édition britannique de LeWeb et annonce le futur business model de Seesmic, désormais réduit à Seesmic Ping.

Pourquoi un LeWeb à Londres ?

"LeWeb London se tiendra les 19 et 20 juin"

Les équipes de David Cameron sont venues nous voir pour nous demander d'organiser un LeWeb à Londres, qui est une ville hyperactive dans le secteur technologique et qui offre d'importantes opportunités aux start-up. A ce titre la "TechCity London" fut notre premier sponsor. L'événement se tiendra les 19 et 20 juin et notre objectif est de 1000 participants. Nous en avons déjà atteint 750, ce qui est très bon signe ! La "startup competition" a par ailleurs reçu 600 candidatures contre 800 à Paris l'hiver dernier, ce qui acte une très bonne notoriété pour LeWeb auprès des jeunes pousses.

LeWeb a-t-il vocation à se dupliquer dans de nombreux pays ?

Avant d'accepter d'organiser LeWeb à Londres, nous étions en train de préparer une édition à San Francisco mais nous avons finalement décidé de nous concentrer uniquement sur Londres. Le fait est qu'on ne peut pas industrialiser le concept si on souhaite produire un événement de qualité, d'autant que c'est la même équipe française qui travaille sur les deux événements, à Londres et à Paris.

Quel thème avez-vous choisi cette fois ?

L'événement de cette année aura "Faster than real time" comme thème et nous allons accueillir des speakers de haut niveau dans le secteur comme le CEO de Voxer, une application à l'origine développée pour l'armée qui fonctionne comme un talkie-walkie communautaire. Le dirigeant de l'application mobile Highlight sera également présent. Cette dernière permet de géolocaliser en permanence ses amis. Enfin le traditionnel thème "Silicon Valley vs Europe" sera également présenté. Nous allons d'ailleurs mettre en scène un match où les dirigeants des services de chauffeurs Uber et Hailo devront défendre leurs projets avec la présence de leurs investisseurs respectifs.

Pour revenir sur votre parcours d'entrepreneur, vous avez récemment connu des difficultés avec Seesmic. Quelles en ont été les conséquences ?

J'ai en effet licencié 18 personnes mais j'ai essayé de le faire de la manière la plus intelligente, en publiant sur le blog de Seesmic un article intitulé "Qui veut d'une équipe de développeurs à Bucarest ?" où leurs noms pointaient vers leur profil LinkedIn. Ils ont en moyenne reçu une quinzaine de propositions d'emploi et ont retrouvé du travail en moins de deux semaines. Il faut reconnaître qu'ils avaient l'avantage d'être tous ingénieurs et mobiles.

Cet échec est-il irrémédiable ?

"Je ne vois pas d'inconvénients à continuer à lancer des produits même en prévoyant que 70% d'entre eux ne décolleront pas"

Le fait qu'un produit ne décolle pas est une éventualité fréquente et j'estime que son échec ne doit pas être caché. Il est vrai que Seesmic n'a pas été à la hauteur de mes espérances. Notre premier modèle basé autour de la vidéo s'est avéré être un échec, comme les deux suivants centrés sur l'écosystème Twitter et Salesforce. Mais je ne vois pas d'inconvénients à continuer à lancer des produits même en prévoyant que 70% d'entre eux ne décolleront pas.

Quel est donc le futur business model de Seesmic ?

Nous concentrons désormais nos forces sur Ping qui est une plateforme de publication multi-réseaux sociaux. A la différence des précédents produits, elle est beaucoup plus simple à paramétrer et prend en compte tous les réseaux sociaux avec la même importance. Elle permet également de programmer ses publications. La version gratuite autorise de faire une dizaine de mise à jour par jour et nous prévoyons de la monétiser très vite via deux versions en abonnement qui seront certainement à 4,99 dollars par mois pour une quantité supérieure mais encore non définie de publications ainsi qu'un abonnement autour de 50 dollars par mois pour une utilisation illimitée.

Que reste-t-il du Seesmic pour Twitter ?

"Seesmic pour Android génère 10 000 dollars par mois"

Nous avons gardé l'application de Seesmic pour Android qui génère toujours 10 000 dollars de revenus par mois, dont 50% grâce à la publicité et 50% grâce à la version payante sans publicité qui est commercialisée à 2,3 euros. Nous allons d'ailleurs bientôt intégrer une régie japonaise avec qui nous espérons accroître nos revenus publicitaires.

Ce qu'il faut garder en tête c'est que la nouvelle version de Seesmic Ping nous permet de nous positionner différemment des plateformes comme Hootsuite en ciblant particulièrement ceux qui doivent animer une quantité importante de pages sur différents réseaux sociaux.

Diplômé d'HEC Paris en 1996, Loïc Le Meur fut DG Europe de la plateforme Six Apart jusqu'en 2007, année où il quitte la France pour San Fransisco afin de lancer Seesmic. La société a d'ailleurs racheté Ping.fm début 2010 devenu désormais Seesmic Ping. Loïc et Géraldine Le Meur - sa femme - ont lancé la conférence LeWeb en 2004 qui se tient une fois par ans à Paris. Pour la première fois en 2012, LeWeb sera organisé à Londres et Paris.