Journal du Net > Economie  Untitled Document > Les goinfres, enquête sur l'argent des grands patrons
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Comme si la manne des stock-options ne suffisait pas, une autre source de revenus faciles vient d'apparaître. Là encore, il suffit d'ouvrir les vannes pour que l'argent coule à flots. L'action gratuite est en rayon en France depuis le 1er janvier 2005. C'est l'Américain Microsoft qui l'a mise au goût du jour en 2003. Comme le roi mondial des logiciels ne parvenait pas à "tenir" son action, il ne pouvait plus distribuer de stocks qui, dans cette société où la créativité est privilégiée, jouent un rôle important pour motiver les crânes d'œuf. D'où l'idée de donner purement et simplement des actions.


"Même si le cours de l'action baisse au moment de la vente on peut toucher du cash"

L'avantage des gratuites par rapport aux stocks c'est que leurs détenteurs sont sûr de gagner. Même si le cours de l'action baisse au moment de la vente on peut toucher du cash; alors que dans le cas des stocks, pour gagner il faut que le cours de l'action ait monté. Le mode a vite gagné la France: un quart des entreprises du Cac 40 distribuent déjà des actions gratuites. Ce n'est sûrement qu'un début.


A priori le cadeau n'est pas automatique. Il y a des contreparties. Pour récupérer les actions gratuites, il faut ainsi donner quelques gages d'excellence en répondant à des critères fixés à l'avance. Mais les obstacles ne sont pas vraiment contraignants pour les P-DG. Ils sont du même ordre que pour les stocks. Pierre-Henri Leroy, le président de Proxinvest, société de conseils financiers indépendante, est formel: "Les critères d'attribution des actions gratuites, hormis chez Carrefour, sont extrêmement vagues" Un grand financier parisien ajoute: "Les stocks, c'est déjà scandaleux. Les actions gratuites, alors là, ça ressemble à de l'abus de bien social. Même si le cours de l'action baisse, le patron gagne quelque chose." L'homme qui fait cette confidence n'a rien gauchiste éthéré, il travaille pour un fonds d'investissement réputé. Il précise: "Dans les entreprises où nous entrons, nous ne donnons pas de stocks. Nous demandons à nos managers d'acheter des actions plein pot. S'ils ne le font pas, c'est qu'ils ne croient pas à la réussite de l'opération de redressement que nous entamons."


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En réalité, les amateurs d'actions gratuites ont la plupart du temps déjà goûté aux stock-options. Les stocks, drogue douce, les gratuites, drogue dure?


Copyright Patrick Bonazza - "Les goinfres. Enquête sur l'argent des grands patrons français" - 2007

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