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Daniel Bernard par le passé, Jean-Paul Agon et Franck Riboud aujourd'hui, se distinguent par le montant que provisionne leurs entreprises pour leurs retraites. Photo © Kingfisher/ L'Oréal/ Danone

Ce que gagnent les patrons ne peut être appréhendé uniquement à travers leurs fixes, leurs bonus ou leurs stocks. Une part très importante de leur rémunération est constituée de leurs retraites. Comme on sait, ce n'est pas l'ancien P-DG de Carrefour, Daniel Bernard, qui dirait le contraire. Les sommes en jeu étant considérables, les patrons ne connaissent pas l'angoisse du travailleur avant de basculer dans l'oisiveté. La retraite c'est même sans doute le domaine où ils réussissent le mieux à se border.

 

Nos chers patrons bénéficient de pensions en béton. Ils ont beau invoquer en permanence la nécessité de prendre des risques, ils jouent la sécurité quand il s'agit de leurs petites affaires. On ne sait pas de quoi demain sera fait, n'est-ce pas, et il faut bien préparer l'avenir des enfants. Très prévoyants, la plupart d'entre eux se mettent au chaud pour leurs vieux jours, grâce à la "retraite chapeau". Financée par l'entreprise, elle coiffe les régimes propres au commun des mortels (Sécu plus Agirc et Arrco). D'où ce nom de "retraite chapeau". (…)

Si les salariés lambda redoutent de partir en retraite, par peur d'une chute trop brutale de leur pouvoir d'achat, les P-DG, eux, sont donc à couvert. Les sommes que les entreprises doivent leur consacrer ne cessent de croître. Normal, elles suivent l'inflation des salaires des P-DG!

En juin 2006, le magazine Capital relevait que le groupe Danone a déjà provisionné 39 millions d'euros pour assurer les vieux jours de ses principaux dirigeants, dont le P-DG Franck Riboud, qui pourtant n'est déjà pas si mal rétribué avec 2,5 millions d'euros en 2005.


"La retraite c'est même sans doute le domaine où ils réussissent le mieux à se border"

Sans compter ses perspectives de plus-values de 17 millions d'euros grâce à ses stock-options. Cela suffirait pour une belle retraite. Et bien non ! L'appétit vient en mangeant, n'est-ce pas? Chez l'Oréal, on ne publie pas non plus les détails, mais pour une petite poignée de dirigeants, une somme énorme de 134 millions d'euros a été

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provisionnée afin d'assurer les retraites. A ce tarif pendant leurs vieux jours nos retraités ne seront pas condamner à tuer le temps en jouant au bridge.


Copyright Patrick Bonazza - "Les goinfres. Enquête sur l'argent des grands patrons français" - 2007

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