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Des investissments très lourds

Chaque année, les grands laboratoires dépensent plus en recherche et développement. Beaucoup plus. Le budget de R&D des grands laboratoires double tous les cinq ans depuis 1970.

En 2006, ils ont investi plus de 69,6 milliards d'euros dans la recherche. Merck, par exemple, a augmenté son budget R&D de 24,3% à plus d'un milliard d'euros, soit 20% de son chiffre d'affaires. Cela va même jusqu'à la moitié du chiffre d'affaires pour certains laboratoires spécialisés.

 

 
En décembre dernier, Pfizer a du interrompre le développement du Torcetrapib, un anticholesterol prometteur. La firme y avait pourtant déjà investi plus de 800 millions de dollars. Photo ©
 

800 millions de dollars pour un nouveau médicament

Selon la PhRMA, qui regroupe les principaux laboratoires pharmaceutiques américains, le coût de développement d'un nouveau médicament est passé de 54 millions de dollars en 1976 à 802 millions aujourd'hui.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce coût faramineux. D'abord, les nouvelles molécules issues des biotechnologies sont beaucoup plus difficiles à identifier. De super-ordinateurs passent au crible des milliers de molécules et de "cibles" potentielles pour tenter de dénicher la perle rare.

"La quantité de données double chaque année, les biologistes se retrouvent à gérer des quantités monumentales d'informations" explique le professeur Jacques Haiech , du Laboratoire de pharmacogénomique de Strasbourg.

 

La mise au point d'un nouveau médicament est longue (11,8 ans en moyenne) et coûteuse. Sans garantie de succès

Mais ce sont surtout les phases suivantes qui font exploser les budgets. Les essais cliniques, qui représentent 42% du coût de recherche, se sont considérablement allongés. Là où 2.300 personnes suffisaient en 1980, les laboratoires doivent procéder à des tests géants sur plus de 10 000 volontaires.

 

Au final, sur 10.000 molécules testées, une seul arrivera au stade de la commercialisation. Bref, la mise au point d'un nouveau médicament est longue (11,8 ans en moyenne) et coûteuse. Sans garantie de succès. En décembre dernier, Pfizer a du interrompre le développement du Torcetrapib, un anticholesterol, suite à 82 décès dans la population test. La firme avait pourtant déjà investi plus de 800 millions de dollars dans son médicament phare, qui devait à terme remplacer le Lipitor (ce dernier représente 24 % de son chiffre d'affaires). Un coup dur pour Pfizer.

 

Méfiance

Pourtant, tout le monde n'est pas prêt à plaindre l'industrie pharmaceutique. Cette dernière communique d'autant plus volontiers sur les coûts "gigantesques" de la recherche qu'elle espère un prix de vente élevé pour ses nouveaux médicaments. Selon Philippe Pignarre, auteur du "Grand secret de l'industrie pharmaceutique", le montant de 800 millions de dollars est largement exagéré. De plus, "en deux ou trois ans, les frais engagés sont remboursés, ensuite les labos enregistrent des profits considérables", estime-t-il.

 

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