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Des détenus de la Riep au travail. Photo © Riep
 

Industriels, grandes marques et PME-PMI n'emploient jamais directement des détenus français. Trois types d'acteurs, un public et deux privés, servent d'intermédiaires pour les entreprises : la Régie industrielle des établissements pénitentiaires (la Riep), les concessionnaires, c'est-à-dire des sous-traitants en contrat avec l'administration pénitentiaire, et enfin trois opérateurs privés de la gestion de prisons, dont deux sont des filiales de grands groupes de services.

La Riep, outil de production de l'administration

La Riep, créée en 1951, gère "la partie concurrentielle du travail des détenus", explique Norbert Vila, en charge du travail à la direction de l'administration pénitentiaire. Relativement autonome vis-à-vis de la Chancellerie, elle est un quasi établissement public. Son chiffre d'affaires annuel s'élève à environ 21 millions d'euros. Il est à 70% réalisé avec l'administration française, puisqu'elle fabrique les uniformes des surveillants, le mobilier de bureau des prisons et celui des cellules. Elle travaille également pour le ministère de l'Intérieur et d'autres directions du ministère de la Justice. "Historiquement, la Riep est l'outil de production de l'administration pénitentiaire nécessaire à son fonctionnement", résume Norbert Vila. Côté privé, elle travaille essentiellement pour des acteurs de la vente, par correspondance comme La Redoute à une époque et des entreprises locales. Elle réalise également des activités saisonnières, comme le conditionnement des barquettes de fraises. Aujourd'hui, la Riep est référencée au catalogue d'un grand spécialiste de la vente à distance pour professionnels. Son résultat net s'élève à 1 million d'euros environ depuis deux ans, après dix ans de pertes.

Les concessionnaires, les petites mains des entreprises

En tout, plus de 500 entreprises sous-traitantes sont liées à l'administration pénitentiaire par des concessions de longue durée. Concrètement, les ateliers présents dans les prisons sont mis gratuitement à disposition des concessionnaires, qui n'ont pour charge que les fluides (électricité, eau...) et le salaire des détenus, le plus souvent payés à la pièce. En cas de salaire horaire, un minimum est fixé

Le salaire horaire minimum est fixé par l'administration : 3,70 euros au 1er janvier 2007

par l'administration : 3,70 euros au 1er janvier 2007. Le concessionnaire ne paye cependant pas directement les détenus. Il règle une facture à l'établissement pénitentiaire, qui reverse la partie qui leur est due aux prisonniers. Une entreprise de sous-traitance comme celle d'Hervé, qui fait travailler entre 100 à 150 détenus en permanence tout au long de l'année, verse ainsi entre 10 à 30.000 euros par mois à l'administration. Les clients des concessionnaires sont généralement des PME-PMI locales, souvent elles-mêmes sous-traitantes de grands groupes, qui font face à des commandes supplémentaires ou qui délèguent des tâches auxquelles elles ne sont pas habituées. Les métiers les plus pratiqués sont l'imprimerie, l'assemblage de plomberie, de mécanique ou de plastique, la menuiserie, le contrôle qualité et le conditionnement.

Les gérants privés des prisons, trois acteurs majeurs

 
La menuiserie fait partie des métiers du travail en prison. Photo © Riep
 
Selon Nobert Vila, ils représentent la majorité du chiffre d'affaires du travail en prison hors Riep. Pourtant, ils ne sont que trois : SIGES, filiale à 100% de Sodexho, Gepsa, filiale de Suez, et le groupe Idex. Gérants privés de prisons françaises, le contrat qui les lie avec l'Etat leur impose de faire travailler contre rémunération un quota de prisonniers variable selon les établissements. Comme pour les concessionnaires, les PME-PMI sont les clients les plus fréquents, mais Mikael de Tonquedec, en charge de la fonction travail chez SIGES, avoue également travailler en direct avec des grandes marques, qui craignent la publicité. Pour l'exemple, SIGES a réalisé en 2006 un chiffre d'affaires de 80 millions d'euros, et emploie 49 personnes pour le seul encadrement des ateliers. La fonction travail, au chiffre d'affaires de 7 à 8 millions d'euros, est déficitaire.
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