Jean-François Buet (Bien'ici) "Bien'ici devrait atteindre le million de visites d'ici l'automne prochain"

Trois mois après son lancement, le portail d'annonces immobilières a dépassé ses objectifs en termes de stocks. Reste à former les professionnels partenaires à toutes les fonctionnalités.

Depuis décembre 2015, le marché de la petite annonce immobilière compte avec un nouvel acteur, le site Bien'ici.com. Créée par et pour les professionnels de la pierre, désireux de mutualiser leurs forces afin de bénéficier d'une meilleure exposition, la plateforme totalise aujourd'hui 1,1 million d'annonces, dans l'ancien comme dans le neuf, à la vente et à la location. Un chiffre qu'elle s'était fixée d'atteindre au bout d'un an d'existence. Trois mois après le lancement de Bien'ici, son président Jean-François Buet, également à la tête de la Fnaim, dresse un premier bilan.

 Jean-François Buet, président de Bien'ici, également à la tête de la Fnaim. © FNAIM

JDN. Quelle est l'audience réalisée par Bien'ici ?

Jean-François Buet. Comme nous n'en sommes qu'au début, les chiffres évoluent tous les jours. Mais nous étions sur une tendance de 500 000 visites en février, selon AT Internet. Nous avons également un autre indicateur de performance : le temps moyen par visite. Sur ce genre de sites, il tourne généralement autour 7 minutes. Sur Bien'ici, il est de 11 minutes, avec environ 16 pages vues. Cela signifie que les visiteurs qui viennent sont surpris, intéressés, qu'ils se prennent au jeu. C'est un site que nous avons voulu immersif et ça fonctionne. La faiblesse du taux de rebond, qui est de 28,9%, envoie également un signal positif quant aux prévisions.

Quels sont vos objectifs d'audience ?

On devrait atteindre les 1 million de visites avant l'automne.

Avez-vous une idée du nombre de transactions réalisées grâce à Bien'ici ?

Non, il est encore trop tôt. Et même lorsque nous aurons des chiffres, ce seront des éléments critiquables. Pour être certain de l'origine du contact, il faut mettre en place un mécanisme précis. Par exemple, dans mon agence immobilière de Dijon, j'ai 110 biens en mandat. Je les mets dans ma vitrine, sur quelques journaux papiers aussi. Sur le site Internet de mon agence, sur celui de la Fnaim locale, sur le site de la Bi21, la bourse immobilière de Dijon, sur Bien'ici, bien sûr… Quand l'internaute appelle à l'agence, il est difficile de savoir sur quel site il a vu l'annonce. Le meilleur moyen de savoir si c'est un client qui a été apporté par Bien'Ici, c'est de mettre en place un numéro de téléphone dédié. Ce qui a été fait dans quelques agences très structurées, mais c'est encore peu répandu.

Avez-vous eu des retours d'utilisateurs ?

"Nous voulons contenir la dépendance publicitaire de nos adhérents"

Pas de retours d'internautes directement mais des retours d'annonceurs, avec lesquels je me suis d'ailleurs réuni fin janvier début février. J'ai des confrères qui m'ont dit avoir vendu des biens grâce à Bien'ici. Certains ont déjà eu des retours et sont enchantés.

D'autres, qui n'ont pas encore mis toutes leurs affaires sur Bien'Ici, n'ont pas encore compris comment fonctionnait la géolocalisation, ce qui fait que leurs annonces apparaissent dans le listing de droite mais pas encore avec un picto sur le plan, sont plus mesurés. Il y a un vrai travail de pédagogie à faire auprès nos adhérents.

Quelle est votre stratégie marketing pour faire connaître le site ?

Nous jouons sur les PLV, flyers, les stickers, les dépliants, les salons... Internet et les salons sont les deux biais des primo-accédants. On essaie donc d'être présents sur les salons, en prenant la parole lors d'une table ronde, par le biais de nos promoteurs adhérents qui sont présents sur place, en ayant un stand… Il y a les réseaux sociaux aussi, sur lesquels ça commence à prendre. Nous avons aussi eu droit à un communiqué de presse de Sylvia Pinel et d'Emmanuel Macron pour soutenir le projet. L'Elysée, où je me suis rendu jeudi, est intéressé par une campagne de publicité pour le prêt à taux zéro sur Bien'ici… Ca tombe de tous les côtés. Nous avons également des rendez-vous avec des courtiers, des assureurs, des banques…

Combien d'annonces postées sur Bien'ici sont exclusives ?

"Ce qui nous intéresse c'est qu'il y ait de la concurrence"

On ne sait pas encore. Nous sommes dans une période de gratuité jusqu'en juillet. Nous avons décidé de ne pas jouer l'exclusivité des annonces durant cette période-là. On veut donner envie aux gens de venir pour leur montrer que ça marche. Un confrère bordelais m'a récemment dit : "J'ai tout résilié, je suis sur Bien'ici, mais je n'ai pas encore suffisamment de retours." C'est normal, il est encore tôt.

De toute façon, on ne cherche pas à ce que toutes les annonces soient sur Bien'ici et nulle part ailleurs. Si nous avons construit le site, c'est parce que dans les pays où il existe un monopole, comme au Royaume-Uni, où deux acteurs se partagent le marché, Rightmove et Zoopla, les professionnels sont pris en otages et les prix grimpent à une vitesse vertigineuse. Il faut rétablir la concurrence pour contenir la dépendance publicitaire de nos adhérents. On ne veut pas forcément être les seuls. Ce qui nous intéresse c'est qu'il y ait de la concurrence. Le site a également été conçu pour simplifier la recherche de l'utilisateur. Honnêtement, il y a trois ans, j'ai cherché un appartement. Je suis agent immobilier et, pourtant, j'ai baissé les bras. Les sites sont mal construits, les listings top longs. Si nos adhérents mettent très majoritairement leurs annonces chez nous, on aura gagné la partie.

Le principal intérêt de Bien'ici réside dans la géolocalisation. Or, on ne connaît pas les adresses exactes des biens à vendre et les zones de géolocalisation restent très larges, notamment pour éviter aux agents de se faire "piquer" une affaire. Allez-vous pousser à une évolution de ce côté-là ?

"La géolocalisation précise des biens, il y a six mois, était encore tabou"

La géolocalisation, il y a six mois, était encore tabou. Cela fonctionne aux Etats-Unis, en raison du mandat exclusif, donc la question ne se pose pas là-bas. Il faut différencier quatre types de biens : les programmes neufs, pour lesquels il n'y a aucune difficulté à donner l'adresse précise – le site a même été fait pour ça, pour permettre aux promoteurs de placer leurs immeubles sur les parcelles cadastrales sur lesquelles les permis ont été déposés – les annonces en location – nous en avons environ 200 000 annonces en location, pour lesquelles il n'y a pas non plus de problème à donner l'adresse du bien. Puis il y a les ventes. A l'intérieur des ventes, il y a les mandats exclusifs, pour lesquelles il n'y a pas de difficulté à divulguer la localisation précise du bien. Et puis il y a les mandats qui ne sont pas exclusifs. Pour ceux-là, la zone de floutage autour du bien est plus large. A Paris, pour un bien qui se trouve rue du Faubourg Saint-Honoré, le cercle autour du bien fait environ 200 mètres. S'il s'agit d'un mandat simple, on va l'élargir un peu. Mais nous pensions que l'exclusivité du mandat est le nerf de la guerre.

Prévoyez-vous d'ajouter de nouvelles fonctionnalités au site ?

Oui, plusieurs réflexions ont été lancées, mais tout est encore très confidentiel.

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