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Le Bob's Juice Bar, rue Lucien Sampaix à Paris Photo © François-Régis GAUDRY
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"Je viens d'un pays où il y a des bars à jus à tous les coins de rue " |
"Je viens d'un pays où il y a des bars à jus à tous les coins de rue depuis longtemps." Quand Marc Grossman, alias Bob, débarque à Paris, il est frappé par la rareté des lieux où déguster de bons jus de fruits. Ce New-Yorkais, partisan de la nourriture saine et végétarienne, sent que les Français sont mûrs pour adopter le concept. Il y a bientôt un an, il se lance et ouvre le Bob's juice bar dans le Xe arrondissement. "Pour moi, c'était assez naturel. C'est un peu comme si un Japonais ne découvrait aucun restaurant à sushis à Paris!"
Dans son bar, Bob propose un ensemble de fruits frais et surgelés ainsi que
des légumes. Ensuite, c'est au client de décider du dosage. Les fruits passent
dans une centrifugeuse. Le smoothie, c'est des fruits pressés, rien que des
fruits pressés. Les clients en redemandent : "Aujourd'hui, nous ne sommes
limités que par notre efficacité, explique-t-il. Si nous parvenons à travailler
plus vite, nous pourrions vendre plus sans problème."
Le succès passe par les bobos
Mais les smoothies ne se cantonnent pas à certains quartiers branchés de la
capitale, ils ont aussi envahi les étals des magasins. Là encore, le précurseur
est anglo-saxon. L'histoire d'Innocent commence lors d'un festival de jazz
britannique en avril 1998. Aujourd'hui, la marque est présente dans tout le nord
de l'Europe et la France. Avec, toujours la même recette : "des fruits mixés
avec un goutte de jus d'orange et de citron, explique Philippe Cantet, le directeur
général d'Innocent en France. C'est extrêmement simple."
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La gamme de smoothies Innocent Photo © Innocent
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"Le smoothie allie le naturel au bon goût"
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Même simple, la recette des smoothies Innocent est élaborée au fil d'innombrables
tests consommateurs réalisés en aveugle. "L'équilibre de la recette mangue-passion
a ainsi été modifié en mai. Le fraise-banane a été retravaillé l'an dernier. On
n'attend pas de devenir challenger pour se remettre en question." En plus, un
soin particulier est apporté au choix des matières premières. Les mangues utilisées
sont nécessairement de la variété Alfonso, cultivées dans le Sud de l'Inde. "Bien
sûr, on pourrait aller à Rungis, mais la qualité du produit s'en ressentirait."
Lancée en France en 2005, la boisson s'installe dans l'Hexagone grâce aux bobos
parisiens. Basé à deux pas du Bob Juice Bar, Innocent commercialise
ses premières bouteilles Chez Collette, temple de la consommation branchée.
"Certes, ce sont ces consommateurs qui ont adopté le produit le plus vite, admet
Philippe Cantet. Pourtant, c'est tout sauf un produit bobo, ce n'est pas du tout
sophistiqué." Depuis ses débuts, le profil des consommateurs s'est en effet
grandement élargi. Les petites bouteilles de 25 centilitres vendues 2,70 euros
ont conquis les actifs urbains qui les consomment à la pause-déjeuner. Ils
font en général partie des 16 % de buveurs de jus de fruits
qui ont adopté une consommation nomade.
Les packs d'un litre, eux, ont trouvé leur place sur les tables familiales
au petit-déjeuner ou pour le goûter des enfants. "Les mères sont rassurées, se
félicite Philippe Cantet. Le smoothie allie le naturel au bon goût." Ce public
élargi est à l'origine de la bonne santé de la société : au début de l'année,
Innocent vendait 15.000 bouteilles par semaine. Depuis, ce chiffre a grimpé
à 60.000.