|
|
Antoine Veyrat
Président
LD
Collectivités |
|
Antoine
Veyrat
"LD Collectivités vise la rentabilité à l'horizon 2010"
Leader sur le marché des opérateurs d'opérateurs, LD Collectivités a investi 320 millions d'euros dans le déploiement de réseaux haut débit régionaux. Attribution de nouvelles concessions, candidature pour les licences régionales Wimax... Retour sur l'actualité dense de cette filiale de Neuf Cegetel avec son président, Antoine Veyrat.
(06/03/2006) |
|
|
|
(Article modifié le 31 août 2006, à 14h45)
JDN.
Quel est le métier exact de LD Collectivités au
sein du groupe
Neuf Cegetel ?
Antoine Veyrat. Filiale à 100 % du groupe
Neuf Cegetel, LD Collectivités est une société de construction,
de promotion et d'exploitation d'infrastructures de télécommunications
pour les collectivités et les opérateurs. Le cur d'activité
de LDCollectivités est d'accompagner les collectivités
locales dans leur mission d'aménagement numérique du territoire.
Toutefois, lors de la création de la société en 1998,
les DSP (délégations de service public) n'existaient pas
encore. Nous avons donc réalisé ce qu'on appelle des Réseaux
Régionaux Haut Débit (RRHD) ou des réseaux privés, sous
forme de contrats de service. Mais depuis que les collectivités
sont habilitées à opérer leur propre réseau dans le cadre
de l'aménagement du territoire numérique [lire l'article
du 29/06/04], ces deux activités ont cessé progressivement
en 2005. Aujourd'hui, LD Collectivités se concentre à
100 % sur les DSP. Notre optique est d'évoluer avec
les collectivités territoriales, quel que soit le modèle
de partenariat choisi.
Des articles de la presse française
ont raporté que le groupe Neuf Cegetel était
en négociation pour la revente de sa filiale LD
Collectivités. Est-ce exact ?
Je démens formellement cette allégation. Le groupe Neuf
Cegetel n'a jamais déclaré, dans quelque interview que
ce soit, qu'il souhait vendre LD Collectivités. Qu'il
ait reçu de nombreuses porpositions de rachat de sociétés
intéressées par LD Collectivités, oui, mais qu'il souhaite
vendre, non.
A combien s'élèvent
les investissements de LD Collectivités dans l'aménagement
numérique du territoire ?
LD Collectivités a investi un total de 320 millions d'euros
dans toutes ses DSP.
Quel est le chiffre d'affaires
de LD Collectivités en 2005 ? La société
est-elle rentable ?
Le chiffre d'affaires 2005 est de 10 millions d'euros,
chiffre que nous prévoyons de doubler en 2006. Il est
certain que si la société reste à ces niveaux de revenus,
le retour sur investissements risque d'être très long.
Mais LD Collectivités est en phase de montée en puissance,
la première DSP exploitée, Irisé, n'a que un an et nombre
de DSP sont encore en phase de développement. Nous prévoyons
d'atteindre la rentabilité à l'horizon 2009-2010.
Combien de DSP gérez-vous ?
LD Collectivités gère aujourd'hui onze concessions de
services publics, ce qui représente un réseau de 6.000
kilomètres. Le plus avancé est le réseau du SIPPEREC,
Irisé, où l'investissement de premier établissement est
achevé et la DSP en exploitation. Les premiers résultats
d'Irisé en matière de chiffre d'affaires sont conformes,
voire meilleurs que prévu [lire l'article
du 13/07/05]. Les autres DSP où le réseau est déjà
en exploitation, même s'il n'est pas entièrement déployé,
sont celles des départements de l'Oise, du Loiret, l'Alsace,
les Pyrénées Atlantiques et la Communauté d'Agglomération
de Seine-Eure. Quant aux autres DSP, la Communauté d'Agglomération
Périgourdine, celle de Bordeaux, de la Manche, et plus
récemment les DSP des Conseils généraux de l'Ariège et
de la Moselle, elles sont encore en cours de déploiement.
|
|
Nos
plus gros clients sont Free et Neuf Cegetel." |
|
Qui sont les clients des réseaux
haut débit ouverts de LD Collectivités ?
Tous les fournisseurs d'accès Internet
grand public louent les réseaux dont LD Collectivités
est le concessionnaire. Nos plus gros clients sont Neuf
Cegetel et Free. Free est celui qui tire le meilleur parti
de ces initiatives publiques, puisqu'il n'investit pas,
mais achète massivement des lignes une fois le réseau
exploité. Une position très habile dont LD Collectivités
se félicite puisque c'est un de nos plus importants clients.
Nos autres clients, plus modestes, sont Club Internet T-Online, Telecom Italia France, Tele2, AOL, et des
opérateurs d'entreprises comme Completel ou MCI.
Comment le prix de revente
de gros des lignes ADSL est-il fixé ? Les
prix sont-il alignés sur les offres de gros de
France Télécom ?
Le prix de vente relève de la responsabilité du déléguant,
à savoir la collectivité locale. Ces prix sont négociés
avec le concessionnaire lors de la passation de la DSP.
Ils sont impactés par la taille du réseau et le niveau
d'investissement de la collectivité dans la DSP. La philosophie
de LD Collectivités est de proposer des prix les plus
compétitifs possibles. Je tiens à souligner ce fait car
depuis quelques temps, Free reproche à LD Collectivités
d'offrir des tarifs trop élevés, ce qui n'est pas le cas.
Free essaie de faire pression
sur les élus des collectivités locales pour faire baisser
le prix de revente de gros sur les réseaux exploités par
LD Collectivités, vers un seuil plancher proche de la
gratuité. Ce n'est pas viable pour le délégataire. Certes,
le prix est fixé par le déléguant, la collectivité, mais
son objectif doit être aussi de faire vivre le prestataire
en lui procurant des marges sur les ventes. Même si les
tarifs varient d'une DSP à l'autre, LD Collectivités est
moins cher que France Télécom. En moyenne, une ligne ADSL
dégroupée est vendue autour de 14 euros par mois.
LD Collectivités a déposé
un dossier de candidature pour 22 licences régionales
Wimax
auprès de l'Autorité de régulation
des communications électroniques et des postes
(Arcep). Pour cela, vous avez créé un consortium
avec TDF et Axione, au sein d'une structure baptisée
HDRR Multi Régions. Quelles sont les synergies
avec ces partenaires et comment comptez-vous exploiter
le Wimax si vous obtenez une licence ?
|
|
L'obtention
d'une licence régionale Wimax est essentielle." |
|
Le Wimax est une technologie particulièrement utile dans
les projets d'aménagement du territoire car il existe
toujours des zones où il est trop compliqué, voire impossible
d'amener l'ADSL. Le Wimax est une technologie ponctuelle,
complémentaire de l'ADSL pour les zones blanches. Les
DSP signées avec le Loiret et l'Ariège comprennent un
volet d'aménagement du territoire en Wimax. C'est pourquoi
l'obtention d'une licence est essentielle pour nous. LD
Collectivités a choisi de s'associer avec TDF car c'est,
à nos yeux, l'acteur le mieux placé pour l'aménagement
du territoire en Wimax, compte-tenu de ses infrastructures
sur la télévision hertzienne.
Votre maison-mère, Neuf
Cegetel, a également déposé des candidatures
au nom de la Société du Haut Débit, en association avec
Canal Plus Active et SFR. N'y a-t-il pas contradiction
dans la stratégie du groupe ?
LD Collectivités n'est engagé qu'à hauteur de 5 % dans
la société HDRR. C'est TDF l'actionnaire majoritaire avec
90 % des parts. A ce titre, le groupe Neuf Cegetel ne
peut être taxé de position dominante parmi les candidats.
En outre, les candidatures du consortium Société du Haut
débit, auquel participe Neuf Cegetel, ne répondent a priori
pas à la même problématique que celle de HDRR, à savoir
l'aménagement numérique du territoire dans les
zones rurales.
Si le coeur de métier
de LD Collectivités est d'accompagner les collectivités
dans l'aménagement du territoire, votre candidature
pour une licence Wimax ne vient-elle pas concurrencer
celles des régions, toutes candidates ?
Je ne sais pas si l'on peut parler de concurrence. Que
nous remportions une licence ou que ce soit la région,
dans les deux cas nous aurons la possibilité d'exploiter
le Wimax là où nous sommes délégataire. C'est pourquoi
nous serons très contents si les collectivités remportent
les licences.
Mais dans les régions
où vous n'avez pas encore signé de DSP,
le fait que vous déteniez une licence régionale
Wimax ne risque-t-il pas de biaiser le jeu de la concurrence
lors des appels d'offre publics ?
Certes, le jeu est un peu biaisé. C'est pourquoi nous
avons également choisi de nous associer dans le consortium
avec Axione, qui est un de nos concurrents. Par ailleurs,
d'autres consortiums d'opérateurs ont également déposé
des candidatures. Enfin, le métier de LD Collectivités
est d'être oérateur d'opérateur. Notre
objectif majeur est de réaliser un réseau d'infrastructures
de télécommunications indépendant de l'opérateur historique,
accessible et attractif, tant pour les opérateurs de services
que les usagers finaux.
|
|
Le
FTTH est très coûteux comparé à l'ADSL." |
|
Que pensez-vous de la procédure
d'atribution des licences fixées par l'Arcep, qui
se base notamment sur le montant de la redevance que les
candidats sont prêts à investir ? Critère
que contestent les régions en proposant une offre
à un euro symbolique ?
Je comprend la démarche des collectivités. L'ambiguité
avec le Wimax, c'est que ce n'est pas une technologie
qui sert uniquement à couvrir les zones blanches en haut
débit. C'est une forte valeur d'avenir, notamment avec
l'arrivée attendue du Wimax mobile. Si l'on se réfère
aux licences UMTS, pour lesquelles les opérateurs mobiles
ont dépensé des millions d'euros, il est anormal de vendre
une licence Wimax à un euro. C'est une véritable problématique
pour l'Arcep. En outre, le rachat par Free de la seule
licence nationale Wimax à Altitude Telecom, pour un montant
que l'on dit astronomique, fait monter la spéculation
autour de cette technologie.
Quel avenir, selon vous, pour
les technologies alternatives à l'ADSL comme le
Wimax, le Wi-Fi
ou le CPL ?
Toutes ces technologies ont un rôle à jouer dans l'aménagement
du territoire, mais comme des alternatives ponctuelles
à l'ADSL. Ni le Wi-Fi, ni le Wimax, ni le CPL ne peuvent
avoir l'ambition d'être aussi peu coûteux et aussi largement
déployés que l'ADSL.
Et le FTTH, technologie qui
fait beaucoup parler d'elle en raison de la commercialisation
des premières offres grand public ?
Le FTTH finira pas arriver de manière significative en
France, car contrairement au Wi-Fi, la fibre apporte une
grande plus value par rapport à l'ADSL, ses débits étant illimités. C'est le sens de l'histoire de penser que
les besoins en débits des internautes vont croître, mais
cela va prendre beaucoup de temps. Aujourd'hui, je ne
pense pas que les particuliers aient des besoins qui nécessitent
une connexion en fibre optique à domicile. En outre, le
FTTH est très coûteux comparé à l'ADSL.
Plus précisément ?
Le différentiel de prix entre l'ADSL et le FTTH
est difficile à mesurer avec précision. Je dirais
que le raccordement d'un foyer en FTTH est dix fois plus
cher que le raccordement via la paire de cuivre. Soit
un retour sur investissement pour l'opérateur filaire
impossible avant des centaines de mois. |
|
|
Propos recueillis par Emilie LEVEQUE, JDN |
|
PARCOURS
|
|
|
|
Antoine Veyrat a rejoint LDcâble,
filiale de Neuf Telecom, en 1998 pour y assurer
les fonctions de directeur général. Devenu LDCollectivités,
il en est depuis le président.
Diplômé de Supélec et du Collège des Ingénieurs,
il exerce diverses fonctions à La Cinq puis
chez Matra Communication.
En 1990, il rejoint la société Cegelec et
travaille à la constitution de projets industriels
à l'export. |
|
|
|