JURIDIQUE 
PAR THIBAULT VERBIEST
Jeux et concours en ligne : quelle légalité ?
Les jeux-concours sont soumis à une réglementation stricte, et les supports Internet et mobile ne dérogent pas à la règle.  (09/12/2004)
 
Avocat aux Barreaux de Paris et de Bruxelles, chargé d'enseignement à l'Université Paris I (Sorbonne)
 
   Le site
Cabinet Ulys
Lui écrire
  A lire également
 Jeux-concours en ligne : les règles à suivre
 Jeux-concours en ligne : Peugeot tire les leçons de son Tour du Monde
Tous les jeux d'argent sont réglementés et contrôlés, et ce depuis l'empire romain.

La loi française prohibe, en principe, l'organisation de jeux de hasard et de paris hippiques (sauf ceux du PMU). Quant aux autres paris sportifs, ils sont réservés à la Française des jeux, qui détient aussi le monopole des loteries.

Concours et loteries gratuites
Les jeux d'adresse, à savoir ceux qui font appel à la culture générale ou à la sagacité du joueur plutôt qu'au hasard sont légaux.

Tout sera donc affaire d'appréciation au cas par cas. En outre, les loteries sont légales si elles sont gratuites. Toutefois, dans le cas de loteries "gratuites" organisées par correspondance, téléphone ou minitel, les tribunaux ont considéré que le simple coût de l'affranchissement ou de la communication téléphonique constituait un "prix de participation" suffisant pour rendre la loterie onéreuse et donc illicite.

C'est la raison pour laquelle des opérateurs de sites Web et de loteries par SMS ont imaginé de proposer aux joueurs le remboursement de leurs frais de connexion ou d'envoi.

Même dans le cas de loteries gratuites, des règles s'appliquent, issues du Code de la consommation. Ainsi, un règlement doit être déposé chez un huissier. Il devra reproduire la mention suivante : "le règlement des opérations est adressé, à titre gratuit, à toute personne qui en fait la demande", et préciser, en outre, l'adresse à laquelle peut être envoyée cette demande ainsi que le nom de l'officier ministériel auprès de qui ledit règlement a été déposé. En pratique, le règlement sera également publié sur le site Web de l'organisateur.

Les jeux de hasard transfrontaliers en Europe
Dans un arrêt du 6 novembre 2003 (affaire "Gambelli"), la Cour de justice des Communautés européennes a estimé qu'un Etat membre (en l'occurrence l'Italie) ne peut invoquer ni la protection du consommateur ni la protection de l'ordre public (lutte contre le blanchiment et le crime organisé) pour justifier une restriction à l'offre de paris depuis un bookmaker anglais opérant sur l'Internet, dans la mesure où :

- Depuis des années, l'Etat italien n'a de cesse de mettre en oeuvre une politique visant à accroître l'offre de jeux au profit des opérateurs de paris sportifs italiens autorisés. L'Italie ne poursuit donc plus une politique visant à modérer la passion du jeu au sein de sa population (argument traditionnel avancé par les Etats membres pour justifier les restrictions et prohibitions imposées à la concurrence étrangère).

- Le bookmaker anglais poursuivi en Italie est soumis à un régime d'autorisation et de contrôle très strict, qui exclut raisonnablement toute crainte de blanchiment de capitaux et de crime organisé (autre argument traditionnel avancé par les Etats membres).

En France, l'activité des casinos en ligne est a priori interdite. Pourtant, on ne peut s'empêcher de relever une attitude ambivalente des pouvoirs publics français, comparable à la situation italienne. En effet, l'Etat prélève des recettes importantes sur le produit des jeux, mais cette activité est pourtant perçue comme immorale. Parallèlement, l'Etat, actionnaire majoritaire de la Française des Jeux, mène une politique de développement très active, à tel point qu'un rapport du Sénat (rapport "Trucy") parle d'"Etat croupier". De ce fait, la législation sur les jeux et notamment l'interdiction des casinos en ligne pourrait être contraire aux articles 43 et 49 du traité CE. En effet, on peut douter du caractère "cohérent et systématique" de la politique française visant à réduire l'offre de jeux d'argent.

Notons qu'en Allemagne et aux Pays-Bas, la dernière jurisprudence "post-Gambelli" a estimé que, dans les faits, leurs législations et pratiques nationales n'étaient manifestement pas de nature à permettre une politique systématique et cohérente visant à réduire l'offre de jeux d'argent.

  A lire également
 Jeux-concours en ligne : les règles à suivre
 Jeux-concours en ligne : Peugeot tire les leçons de son Tour du Monde
C'est dans ce contexte, très contentieux et instable, que la Commission européenne a décidé en janvier 2004 de poser la question d'une harmonisation spécifique de ce secteur. La Commission souhaite harmoniser les services de jeux, loteries et paris d'ici 2010. Dans l'intervalle, la Commission a annoncé qu'elle lancerait une vaste consultation des acteurs concernés. Affaire à suivre…
 
 

Accueil | Haut de page

 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International