La rémunération des PDG, reflet de leur performance ?
"Ce qui est dommageable, c'est lorsqu'un mauvais
patron arrive à s'enrichir" |
Malgré la part importante d'intéressement dans la rémunération
des dirigeants, cela ne suffit pas à aligner leurs intérêts
sur ceux des actionnaires. Ces derniers ont ainsi été les premiers
à se saisir de la question et à militer pour de meilleures pratiques.
Dès 2003, ils ont réagi face à l'effondrement de la valeur
de leur capital (- 65 % en trois ans), alors que la rémunération
des dirigeants du Cac 40 avait, elle, gagné 85 %.
En effet, une action gratuite représente un gain quelle que soit
l'évolution du cours de bourse, bien qu'une hausse améliore
encore ce gain. De même, les rabais accordés par les entreprises
entre le prix d'exercice de l'option et le cours réel de l'action
au moment de son attribution rendent les options presque toujours rentables
(dans le cas de grands groupes). Sans parler des parachutes dorés
négociés par contrat sans objectifs définis. Des gains
assurés pointés du doigt par Thierry Aimar : "ce qui est
dommageable c'est lorsqu'un mauvais patron arrive à s'enrichir."
Des abus qui causent un grand tort au capitalisme français : "les
scandales jettent l'opprobre sur l'ensemble du système. Aux yeux du
public, c'est le marché qui est nocif...".
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Sylvain Perrier, Consultant en rémunération
des dirigeants chez Towers Perrin |
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Pour rendre les hauts salaires socialement acceptables, il faut donc
les lier étroitement à la performance de l'entreprise,
laquelle découle de l'efficacité de son premier manager. Un
travail peu aisé à en croire Sylvain Perrier : "on utilise
généralement la capitalisation boursière de l'entreprise
pour juger de sa santé, ainsi que la quantité de dividendes
versés (soit le rendement total de l'actionnaire). Or une crise économique
généralisée peut faire chuter le cours de l'action.
Il faudra alors regarder si le dirigeant a fait mieux que les autres. Si
ses concurrents sont cotés sur une autre place boursière cela
rend la comparaison difficile car il y a des tendances liées aux indices...
Beaucoup de paramètres rendent l'évaluation de la performance
difficile alors qu'il faut veiller à rester juste."
Les dirigeants, maîtres de leur rémunération ?
"Patrons et administrateurs représentent
un tout petit monde d'environ 200 personnes qui ont fréquenté les mêmes écoles" |
Il est courant d'entendre dire que tel patron s'est octroyé une prime
ou une augmentation de salaire. Pourtant, tout élément de rémunération
passe par le vote du conseil d'administration, lequel a, a priori, tout loisir
de refuser un versement non mérité ou excessif. Cependant, "sur
l'ensemble des sociétés du Cac 40, note Thierry Aimar, les deux
tiers sont managées par d'anciens hauts fonctionnaires. Patrons et administrateurs
représentent un tout petit monde d'environ 200 personnes qui ont fréquenté
les mêmes écoles. Le conseil d'administration décide de la
nature et de la hauteur de la rémunération d'un PDG qui est lui
même administrateur de son entreprise." Un jeu de je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette
dont tout le monde sort (apparemment) gagnant. Cependant, on constate que l'internationalisation
de l'actionnariat des entreprises françaises contribue à une déréglementation
naturelle du marché des dirigeants. "Aujourd'hui, plus de la moitié
du Cac 40 est financée par des capitaux étrangers. Ces derniers
font pression pour instaurer des règles de management plus proches des
usages internationaux et donc des comportements moins corporatistes."
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Dividendes versés par
le Cac 40 |
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Année
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Dividendes cumulés versés
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Evolution
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2003
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14 milliards d'euros
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-
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2004
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16 milliards d'euros
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+ 13,5 %
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2005
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24 milliards d'euros
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+ 50 %
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2006
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31 milliards d'euros
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+ 29,2 %
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Les dirigeants ont bien compris qu'il fallait contenter
les actionnaires après les périodes de vaches maigres post-bulle Internet.
Depuis 2003, les versements de dividendes du Cac 40 grimpent de façon spectaculaire. |
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Source : JDN Management / 2007 |
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