Les chatbots recruteront-ils à votre place ?

C'est plus qu'une tendance. Les bots sont là. Ils sont déjà capables de gérer service après vente ou d'assister des vendeurs. Peuvent-ils également recruter des salariés ? Il se pourrait bien que oui...

2016 a vu la démocratisation des chatbots, ces outils de discussion automatique, disponibles sur Facebook, Skype, Slack et autres applications de messagerie.
"Les chatbots sont les nouvelles apps" a déclaré en début d’année Satya Nadella, le PDG du géant américain Microsoft. Facebook vient d’ouvrir son système de messagerie Messenger pour permettre aux utilisateurs d’accéder à ces chatbots. Depuis, le marché a vu une explosion d’applications s’emparer de l’opportunité, offrant des services allant du service client au support technique, en passant par le coaching nutritionnel et le conseiller mode. En résumé, les chatbots peuvent tout faire.

Dans le domaine des RH, les médias eux-mêmes se sont emparés du sujet, prédisant une déferlante de chatbots automatisant partiellement (voire complètement) les processus et activités de recrutement. Qu’en est-il ? Les chatbots peuvent-ils réellement tout faire ?

Que sont les chatbots ?

En premier lieu, il faut comprendre que la notion regroupe deux éléments.
Le chatbot est un medium, une interface homme-machine qui permet de poser des questions à des utilisateurs sous la forme d’une messagerie instantanée et d’enregistrer les réponses Les applications de messagerie ont depuis 2015 dépassé les réseaux sociaux en nombre d’utilisateurs actifs. Le bot permet de rentrer en contact avec les personnes, candidats ou clients, là où ils sont. Si vous voulez avoir une présence en ligne, vous devez être sur les applications de messagerie.

Ensuite le bot peut posséder une intelligence artificielle qui tente de comprendre ces réponses et de réagir en conséquence. Le bot doit pouvoir interpréter une phrase du type “Je recherche une veste rouge” et proposer les articles pertinents à l’utilisateur, puis obtenir sa taille, son adresse, etc... Le bot devient ainsi le rêve de tout responsable des ventes, un vendeur parfait disponible 24h/24, qui va comprendre que ce que le client souhaite et le lui proposer immédiatement.

Efficace dans le contexte fermé d’une boutique en ligne, le bot l’est beaucoup moins dans un cas où les échanges sont complexes et très ouverts. La possibilité de générer de mauvaises réponses de la part du robot peut également nuire à la qualité de la conversation et peut fortement ternir la marque de l’entreprise.
Les ressources humaines doivent tenir compte de ces limites et utiliser les chatbots à leur juste mesure.

Quel apport de valeur des chatbots pour le recruteur d’aujourd’hui ?

Le chatbot est particulièrement pertinent pour assurer la première étape de sélection. 10 minutes, c’est le temps passé sur une candidature finalement rejetée après le premier entretien. Cela comprend l’analyse du CV et de la lettre de motivation, l’organisation de l’entretien téléphonique et le questionnement d’usage. 10 minutes alors que 33% de recruteurs avouent savoir s’ils vont recruter un candidat après seulement 90 secondes d’échanges.
Or ces premiers échanges suivent un script classique, ex : pouvez-vous présenter votre parcours ? quelles sont vos disponibilités ? comment nous avez-vous connu ? Ils peuvent techniquement être réalisés sans échange humain direct.

C’est d’ailleurs sur le créneau de l’entretien différé en vidéo que se sont positionnées de nombreuses startup ces derniers temps. Avec cependant des taux de transformation faibles car un entretien vidéo classique demande un effort important pour le candidat : s’assurer que son ordinateur soit compatible, installer une application, découvrir une nouvelle interface... Le chatbot résout ces problèmes. 
L’application est déjà disponible sur son mobile, sa tablette ou ordinateur personnel. Elle intègre nativement l'enregistrement audio ou vidéo, de manière intuitive. Le chatbot est également la solution la plus accessible pour les candidats.

En permettant une candidature plus rapide, utilisant des outils modernes, le chatbot devient également un avocat de la marque employeur.

Le chatbot ne déshumanise-t-il pas le processus ?

Il ne faut pas envisager le chatbot comme un remplacement de l’humain, mais comme une meilleure alternative à d’autres logiciels plus difficiles d’accès et moins intuitifs. Le recrutement est par essence une conversation entre l’entreprise et le candidat. Ainsi la technologie du chatbot s’y adapte particulièrement bien. Grâce au chatbot, les équipes de recrutement gagnent 50% du temps de présélection. Pour des emplois à fort volume de candidatures et très fort enjeu de communication (centre de contact, commerciaux), le gain atteint même 70%.L’intelligence offerte par les chatbots est grandissante, et il sera intéressant de voir l’évolution des tâches qui pourront être prise en charge par les chatbots.Le recrutement final est et restera cependant un processus humain qui repose sur le jugement personnel du recruteur.