Mooc de recrutement : nouveau booster de la marque employeur ?

Pour développer leur marque employeur, les entreprises rivalisent d’efforts via les réseaux sociaux ou les relations avec les écoles. Certaines passent à un stade supérieur en proposant des Mooc de recrutement et de sourcing. Et ça marche.

Enfin, notre économie retrouve un peu de croissance ! Bien sûr, il s’agit d’une bonne nouvelle et ce regain de dynamisme entraînera très certainement de forts besoins de recrutement. Même en période de crise, certaines entreprises peinaient à trouver des profils compétents et motivés, en particulier dans les métiers "en tension". Aujourd’hui, avec des candidats plus sollicités qu’avant, la tâche risque de devenir plus ardue. La plupart des entreprises ont déjà engagé de solides efforts en matière de marque employeur : sites emploi attractifs, relations suivies avec les écoles et entreprises… Mais cela ne suffit plus. Comment alors se différencier et attirer les meilleurs ? Comment dynamiser et renouveler sa marque employeur ?

Allier digital et formation

La réponse tient en un mot : la formation. Parce qu’elle reste l’une des principales ressources qu’une entreprise a à offrir. Et parce que, grâce aux Mooc, cette formation peut s’adresser au plus grand nombre, et permettre à de potentiels candidats de révéler leurs compétences pour un métier. Initialement proposés par des écoles ou universités, les Mooc deviennent également un formidable moyen de développer sa marque employeur pour une entreprise.

Les exemples ? Ils sont d’abord venus des Etats-Unis, et des entreprises aux métiers très technologiques et connaissant donc de forts enjeux de recrutement. Sur la plate-forme Udacity, des entreprises comme Google, Amazon, IBM, ou Mercedes proposent des "Nanodegree" :  des formations en ligne courtes et intenses sur des technologies prometteuses comme la voiture autonome ou la réalité virtuelle. Ouvertes à tous, sans aucun pré-requis, elles représentent un moyen innovant de dénicher de futurs talents. Ils pourront, par la suite, être contactés par l’une des entreprises sponsor. Le concept séduit, puisque 60 000 personnes en moyenne suivent l’un de ces "nanodegrees", à tout moment.

Des candidats nombreux et enthousiastes

Mais les Mooc de formation ne s’adressent pas exclusivement aux geeks américains : à leur tour, les entreprises françaises se mettent au Mooc pour recruter. Et le succès est au rendez-vous. Orange, par exemple, a lancé sa formation de web-conseiller en ligne, qui a attiré 15 000 inscrits, dont 33% ont suivi la formation jusqu’au bout. La SNCF et Eurotunnel, de leur côté, ont proposé deux Mooc consacrés au métier de conducteur de train : une profession technique, exigeante, pour lequel il n’existe aucune formation académique. Là encore, les candidats ont été nombreux : 10 000 et 5 300 inscrits respectivement,  un chiffre supérieur à celui obtenu par la moyenne des Mooc en France. Avec une grande diversité des profils, puisque certains candidats venaient de secteurs aussi divers que l’alimentation ou l’informatique ! Exactement les profils qu’un processus d’identification de candidats classique n’aurait jamais pu repérer.

Mais au-delà d’un éventuel recrutement, utiliser un Mooc de formation sert surtout, pour l’entreprise, à faire passer une série de messages. D’abord, cela affirme sa modernité, et sa capacité à utiliser les outils digitaux. Ensuite, mener cette démarche montre qu’elle donne de l’importance à la formation : un point essentiel, car la possibilité d’apprendre dans leur poste est l’une des premières attentes des jeunes. Enfin, en proposant un outil gratuit, l’entreprise se place dans une posture généreuse, ouverte, et montre son savoir-faire, à la fois en termes de métier et de pédagogie.

C’est pourquoi le Mooc de formation n’est pas seulement le moyen d’enrichir sa marque employeur : il permet de renouveler l’essence même de son contenu. De montrer que l’entreprise adopte un langage direct, concret, transparent. Ce qui correspond exactement aux attentes des jeunes. Toutes les études le montrent : les nouvelles générations souhaitent que l’on s’adresse à elles de manière simple et immédiate, en leur donnant le choix d’adhérer ou non à la proposition. C’est tout le propos de ces Mooc d’un nouveau genre, qui cherchent, non à convaincre ou à faire rêver, mais à échanger et à former.