La valeur travail est-elle (vraiment) en crise ?

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Tony Blair
 

Tony Blair
Photo © number-10.gov.uk

 

Dans son discours de fin de mandat, le 30 mars 2007, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair a exposé sa vision du travail tel qu'il est vécu par ses compatriotes, et tel qu'il l'envisage pour la génération à venir. Derrière la rhétorique, une approche de la valeur travail qui remet en perspective aussi bien le débat public français que le rôle de la sphère politique dans l'organisation du travail.

 

Extrait du discours de Tony Blair : Le futur de notre nation - le rôle du travail

"La génération d'aujourd'hui veut plus qu'un emploi, plus que simplement gagner sa vie. Les gens veulent un bon emploi. Ils veulent une carrière. Ils veulent réaliser leur développement individuel au travers du travail autant que des espoirs et des craintes de la vie de famille. Notre but devrait être de les aider à accomplir cette ambition. Depuis le système éducatif, dont l'objectif devrait être d'ouvrir des aspirations pour tous les enfants, jusqu'aux politiques pour l'emploi, la gestion des compétences, la formation et la famille, le but devrait être de donner aux gens plus de pouvoir sur les décisions qui les concernent. Ce sera en effet la marque de la prochaine génération. Ils veulent le pouvoir. Ils croient qu'ils peuvent faire ce qu'ils veulent faire. Malgré toute la pression, l'insécurité et le changement, ils savent que le monde est beaucoup plus ouvert, riche de possibilités et d'opportunités que jamais auparavant. Notre tâche est de les aider à explorer et à exploiter ces opportunités.

 

"Les employeurs d'aujourd'hui nécessitent des employés créatifs et à l'aise pour communiquer"

Qui plus est, ceci est étroitement lié aux exigences du marché du travail moderne. Les biens et services d'aujourd'hui requièrent une spécification individuelle. Les employeurs d'aujourd'hui nécessitent des employés créatifs et à l'aise pour communiquer, qui soient non les rouages d'une grande machine mais, au contraire, les personnes qui font tourner ces rouages. Pour que cela arrive, les employeurs ont besoin d'employés satisfaits qui fassent des clients satisfaits.

 

Cela signifie qu'il est temps de tourner la page des débats des années 1980 ou 1990. (…) Tout au long de cette époque, le débat politique concernait la flexibilité du marché du travail dans le sens du droit des employeurs à embaucher et licencier. C'était tout à fait une notion qui appartenait à la droite.

 

Le rôle du nouveau parti travailliste a en partie été de nous délivrer d'une vision passéiste du marché du travail. La vérité, c'est que le monde était en train de changer, la sécurité de l'emploi assurée par la loi ne fonctionnait plus, les restructurations industrielles devenaient inévitables. La difficulté était que les retombées de tous ces éléments sont intervenues au moment où le chômage était élevé, où la récession se faisait cruellement sentir et où il n'y avait pas de salaire minimum, pas de crédit d'impôt et très peu d'aide pour les plus démunis.

 

"Le défi aujourd'hui consiste à rendre l'employé puissant, pas dans une logique de conflit avec l'employeur, mais en termes d'employabilité"

Mais quelque chose d'autre se passait au même moment, qui était nettement plus pour plaire à la politique progressiste. Le capital humain devenait le déterminant-clé du succès des entreprises et du pays. La formation, qui était restée si longtemps une cause sociale, devint un impératif économique. Puis, alors que l'emploi s'est amélioré et le nombre de chômeurs a décrû, la place des employés s'est consolidée. Ils peuvent changer d'employeurs.

 

Le défi aujourd'hui consiste à rendre l'employé puissant, pas dans une logique de conflit avec l'employeur, mais en termes d'employabilité. Le défi consiste à réclamer pour eux la flexibilité, à en faire un enjeu de prise de pouvoir et de capacité à réaliser leurs aspirations."



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