Google et les médias : toujours plus proches, toujours plus hostiles

Google et les médias : toujours plus proches, toujours plus hostiles Axel Springer relance la polémique du droit d'auteur avec Google. De son côté, Lagardère Active préfère fumer le calumet de la paix et signer un partenariat avec le géant du Web.

Les relations entre Google et la presse européenne tiennent du soap opera. Quand un éditeur se résout à faire la paix avec lui, un autre durcit les hostilités. Dernier exemple en date, Lagardère Active vient en effet de sceller un "partenariat stratégique" qui permettra d'"assurer la promotion et l'accessibilité des contenus riches et variés de  Lagardère Active via les plateformes technologiques de Google". Au même moment, Axel Springer, relance selon Politico la fronde d'éditeurs déterminés à obliger la Commission européenne à durcir le ton vis-à-vis de Google sur la question du "copyright". Un sujet porté depuis plus d'un an par l'Open Internet Project, structure à laquelle participent activement Axel Springer, CCM Benchmark (éditeur du JDN) et… Lagardère Active. 

Google a les moyens de répondre aux besoin des éditeurs

Il faut dire que ces derniers temps Google ne ménage pas ses tentatives de séduction vis-à-vis de groupes de presse qui n'ont pas toujours les moyens de refuser ses cadeaux. Le partenariat entre Google et Lagardère Active doit de son côté permettre "la mise en place de comités stratégiques réguliers afin d’assurer un suivi des initiatives" et d'"accélérer la mutation numérique de l'entreprise", explique Denis Olivennes. Sont ainsi évoqués le développement sur YouTube des chaînes et vidéos de marques existantes (Paris Match, Elle, Europe 1...), la commercialisation d’inventaires numériques ou encore le co-marketing d'opérations spéciales.

Autre projet mené par Google, la DNI (Digital News Initiative), déclinaison à l'échelle européenne du Fonds pour l'innovation numérique de la presse, mené par Ludovic Blécher. Dotée de 150 millions d'euros pour trois ans, la nouvelle structure de Google s’appuiera sur huit éditeurs partenaires, la plupart quotidiens : Les Echos en France, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Die Zeit en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie.

Le retour de la polémique sur Google News et le droit d'auteur ?

Du côté d'Axel Springer et d'autres groupes médias européens non cités par Politico, l'opération séduction de Google semble vaine. Ces derniers tenteraient ainsi de convaincre le commissaire européen au numérique, Günther Oettinger, d'intégrer des dispositions favorables aux éditeurs concernant l'application du droit d'auteur. Concrètement, imposer à Google de payer une commission pour chaque papier partiellement repris sur Google News. Une source anonyme précise à Politico que la Commission y serait favorable. Pour rappel, un tel décret a vu le jour en Espagne avec pour résultat la fermeture du Google News local. Une fermeture qui n'arrange finalement personne : pas plus le lecteur qui perd un service utile, que les médias qui perdent là une source d'audience, ou que Google . Une certitude : la relation entre Google et les médias est plus que jamais compliquée. La faute à une schizophrénie entre partenariat de distribution de contenus et concurrence au moment de capter les investissements publicitaires qui n'a jamais été aussi vraie qu'aujourd'hui.