De la digitalisation à l’ubérisation, un marché de l’art en pleine mutation…

Longtemps épargné par le digital car jugé alors incompatible, le marché de l’art depuis quelques années entreprend sa mutation numérique. Et l'on assiste déjà à une ubérisation du marché de l’art dans le sens où des intermédiaires ont été supprimés, où l’offre est globalisée et où il existe un avantage concurrentiel certain pour nombre de ces nouveaux services. Et après ?

Longtemps épargné par le digital car jugé alors incompatible, le marché de l’art depuis quelques années entreprend sa mutation numérique - portée par le développement des ventes d’œuvres d’art en en ligne, en très forte croissance, et qui devraient atteindre 6 milliards d’euros en 2019, selon le dernier rapport annuel Hiscox 2015 (1) (contre 2,5 milliards en 2014). Autre fait révélateur, le "click and buy" devient un nouveau comportement d’achat : et ce sont près de 50% des personnes interrogées qui affirment avoir acheté des œuvres d’art en ligne au cours des 12 derniers mois, contre 38% en 2014.L’arrivée d’acteurs de tous ordres (2) au sein de plateformes (blogs, agrégateurs de contenus, etc.) et sites de e-commerce dédiés à l’art (3), aux côtés de maisons de vente plus traditionnelles comme Christie’s, Drouot et Sotheby’s (pas en reste avec leurs sites d’enchères en ligne), permet de lever certains freins relatifs aux enchères en salle de vente, comme l’inaccessibilité d’un milieu relativement fermé, avec ses propres rites et des règles absconses pour beaucoup.En France, le marché de l’art, en 4e position derrière le Royaume-Uni, la Chine et les Etats-Unis, a su se mettre à l’heure du digital grâce aux maisons de vente qui ont su négocier le tournant de la digitalisation, permettant sans aucun doute de rester dans le top 4 ! Ainsi pour la Maison Tajan, qui organise environ 60 ventes par an, la transformation digitale s’est faite en deux étapes : son premier site web a été lancé en 1996, imposant sa présence sur Internet aux autres acteurs dès cette époque. Et dès 2004, elle a axé tous ses efforts sur son référencement dans les moteurs de recherche. Chez Tajan, 60% des acheteurs sont des clients étrangers (Russie, Chine, Brésil et Mexique) et leur moyenne d’âge a sensiblement baissé. Ces clients ont par ailleurs des envies bien ciblées comme les montres, les vins et spiritueux, l’art asiatique et le design.Chez Millon & Associés, c’est à l’initiative de la nouvelle génération, représentée par maître Alexandre Million, que la maison s‘est lancée dans l’aventure des ventes en ligne (et pas forcément en direct live). Ici, on se fait un point d’honneur de collaborer avec les plateformes comme Barnebys (4), qui centralisent les informations des ventes aux enchères à travers le monde en un seul clic. Et la maison Millon est allée encore plus loin en créant trois nouveaux services uniquement offerts en ligne : Artprecium, objets d’art vendus uniquement en ligne, Asium qui propose la même chose pour les arts d’Asie et Appolium pour les instruments de musique. Cela permet ainsi d’aller à la rencontre d’acheteurs potentiels nouvellement identifiés et de répondre à leurs habitudes de consommation on line, ces nouveaux clients recherchant avant tout de l’efficacité, de la rapidité mais aussi des achats discrets… Pour les satisfaire, de nouvelles spécialités ont été créées et on assiste depuis quelques années à l’organisation de ventes thématiques dédiées à la BD, aux jeux vidéo ou à l’art aborigène. Chez Osenat, célèbre maison de vente de Fontainebleau du très médiatique maître Jean-Pierre Osenat, président du SYMEV (Syndicat des opérateurs de ventes volontaires), on a perçu très tôt l’impact d’Internet qui viendrait révolutionner les pratiques du marché de l’art, et toutes les ventes sont relayées sur le site, avec des catalogues on line offerts à tous. Par ailleurs, dans son rôle de président du SYMEV, maître Osenat oeuvre sans relâche pour mettre au cœur du débat les différents enjeux de la digitalisation du marché de l’art.
Des comportements d’achat nouveaux et décryptés
Qui sont ces nouveaux clients, rompus aux nouvelles technologies ?
Le mimétisme, en tant que facteur incontournable dans le processus d'achat des objets d’art, a été bien compris par les nouveaux acteurs omniprésents sur les réseaux sociaux (principalement Facebook et Instagram) ainsi que par les musées et les galeries qui s’approprient de plus en plus ces plateformes pour informer, mettre en visibilité ou capter l’intérêt/l’attention des acheteurs, des collectionneurs, des conservateurs et des observateurs du marché de l'art.Et les dernières études démontrent, en confirmant aussi que cette tendance semble irréversible, que 91% des acheteurs en ligne potentiels passent entre 1 et 12 heures par jour, sur les réseaux sociaux…
Quelles sont les raisons qui poussent les clients à passer à l’acte "on line" et surtout à récidiver ? Principalement, et par ordre décroissant
1 - La recherche facilitée des objets d’art et de collection, et des achats à des guichets uniques
2 - La découverte de nouvelles œuvres et de nouveaux artistes
3 - L’étendue et la diversité de l’offre d’objets d’art et de collections proposées
4 - L’accessibilité des prix, les plateformes en ligne proposant des œuvres dans tous les segments de prix.

Mais comme toutes les industries en mutation rapides à l’ère du digital, l’achat d’art en ligne pose aussi un certain nombre de problématiques à résoudre. Des défis sont à relever et certains intervenants du marché ont compris tout leur intérêt à proposer des solutions on line concrètes pour pallier notamment : 
1 - L’impossibilité d’inspecter l’œuvre de visu avec 82% des acheteurs en ligne
      citant ce problème comme étant le plus grand frein à l’achat d’art en ligne
2 - La difficulté de pouvoir confirmer l’authenticité d’une œuvre
3 - Le manque de confiance accordée parfois au vendeur
4 - Le manque d’informations sur l’objet
5 - Les problèmes de logistique
6 - Le manque de possibilités de financement.

Et des réponses émergent déjà grâce, notamment, aux nouvelles technologies, avec l’intelligence artificielle, le Cloud, la Blockchain (5) et le Big Data pour notamment :
1 - La vérification matérielle : si Internet facilite l’achat, un problème demeure souvent : l’impossibilité de voir l’œuvre de visu avant de passer à l’acte. Or grâce à la réalité augmentée, la représentation virtuelle de l’œuvre devrait devenir la plus aboutie possible : animation 3D (rotation) et zoom "haute résolution" pour les œuvres, avec à terme des recherches sur l’expérience du "toucher" à distance. 
2 - L’authenticité et la confiance : comment être sûr de ne pas acheter un faux ? C’est la hantise de tout acheteur. Et pour 80% des sondés, le certificat d’authenticité doit être la norme. La confiance constitue donc un défi majeur et, comme pour le e-commerce, l’avis de pairs (peer-to-peer et blockchain) deviendra donc un élément-clé dans la décision d’achat et la confiance accordée au vendeur.
3 - L’information : l’acheteur doit pouvoir accéder à toutes les informations souhaitées sur l’artiste, la réalisation de l’œuvre, sa conservation notamment, et un service de traitement de données qualitatives (Big Data) viendra le conforter dans son achat.
4 - La logistique (transport) suite à l’achat et l’assurance (7) durant ce transport sont enfin les derniers défis à relever, d’autant plus légitimes que l’on est sur un marché où les tarifs ne répondent pas toujours à des règles logiques pour des novices.
Des nouveaux business models se mettent en place 
Si une maison de vente est avant tout une marketplace (rencontre de l’offre et la demande), sa présence en ligne ne doit pas empêcher de rencontrer "plus physiquement" ses clients, qui expriment aussi ce besoin de proximité et d’interactions directes. D'où l’événementalisation par les maisons de ventes, comme pour le duopole Christie’s et Sotheby’s, avec la mise en scène d’événements, before, preview, must-see et place to be, en vue de fidéliser une clientèle rajeunie, toujours plus versatile et exigeante.

Il est donc maintenant courant d’assister à la coexistence dans un même modèle économique de services offline et online soit un bricks-and-clicks model, avec une tendance forte à souligner : le fait que les clients recherchent en premier lieu du contenu sur Internet, avant de se diriger physiquement vers les maisons de ventes pour rencontrer éventuellement des spécialistes.

Ces nouvelles places de marchés, tout en permettant de rendre accessible au plus grand nombre l’objet d’art, dématérialisent néanmoins les ventes et une question se pose alors - et pas des moindres puisque les comportements d’achat sur ce marché sont basés essentiellement dessus : comment donner confiance à l'acheteur ? Déjà des experts on line, comme le site Expertissim, y répondent et demain c’est la technologie Blockchain (5) qui pourrait créer un nouveau maillon fort dans cette chaîne de valeur.
Prochaine étape après ou grâce à cette digitilisation : l’ubérisation du Marché de l’Art?
Grâce à la digitalisation, on vit déjà à l’heure de la "mobilité" des ventes avec la possibilité de tout réaliser depuis son smartphone, à partir d'applications dédiées. 
Et l’ubérisation, alors ? Déjà au Royaume-Uni, le phénomène existe et a fait lâcher un maillon de la chaîne du second marché.En effet, les antiquaires anglais regroupés au sein de la très respectée fédération British Antique Dealers Association, quasi-centenaire et qui comptent 330 membres, ont décidé de passer outre les commissaires-priseurs et de créer leur propre site de vente aux enchères qui sera en ligne en juin prochain. Et le modèle économique, là encore, est simple : l’acheteur, qui a donc intérêt a le faire sur ce site, ne paie plus de frais d’adjudication comme lors d’une vente aux enchères (Buyer's premium) et c’est le vendeur qui supporte seul les frais, soit 15% de commission sur le prix marteau. Des galeristes ou des courtiers en art outre-Manche ont déjà sauté le pas, mais le fait nouveau ici c’est l’effet nombre… Et aussi le fait qu’un site regroupe l’ensemble d’une profession dans une prestation de vente aux enchères ! Modèle à suivre par d’autres intervenants du marché ?

Au grand festin du numérique, serez-vous à table ou dans l'assiette ? A l'heure où ce ne sont pas "les gros" qui mangent les petits mais les plus rapides qui mangent les "lents", comment les entreprises abordent-elles les transformations qu'impose le numérique? Telle était formulée l’invitation à l’Université du Numérique initiée par le MEDEF, qui s’est le tenue les 16 et 17 mars derniers à Paris.
Cloud, puissance de calcul, traitement du Big Data, vente de services associés... Et si ces technologies nous entraînaient de façon irréversible vers une ubérisation de l’économie de services ? 
La phénoménale accélération du numérique et la digitalisation de services de plus en plus nombreux remettent en cause des activités historiques de certaines corporations professionnelles. Et le marché de l’art n’y échappe pas, ni notamment les commissaires-priseurs.Si l’on considère Internet comme étant le plus grand magasin du monde, il est certain que les acteurs du marché de l’art proposant des plateformes et services de commerce en ligne détiennent l'avantage d'une plus grande accessibilité à l’art.Au carrefour de l'économie du partage, de l'innovation numérique, de la recherche de compétitivité et du besoin d'indépendance des utilisateurs, le phénomène d’ubérisation, soit un changement rapide des rapports de force grâce au numérique, arrive comme une lame de fond qui devrait petit à petit impacter l’ensemble des secteurs de l'économie traditionnelle des services. Et l’ubérisation semble être pour de nombreuses activités de services, la suite logique de la transformation numérique !L'ubérisation, qui est aussi appelée "disruption", est née du fait que l'innovation numérique et les nouvelles technologies sont désormais maîtrisées par beaucoup, que de plus en plus de consommateurs recherchent la facilité et la liberté d’acheter, et aussi qu’ils veulent s'offrir des services au juste coût. Or l’ubérisation, en supprimant certains intermédiaires, permet cette diminution du coût des services, comme dans le cas des taxis Uber, qui se sont imposés rapidement grâce à leur capacité à proposer un service innovant, à forte valeur ajoutée, pour le client final, et à opérer globalement afin d’atteindre une taille critique, créant ainsi rapidement un avantage concurrentiel dans leur secteur.Ainsi en abolissant des intermédiaires et en horizontalisant les rapports de force entre les parties prenantes de la chaîne de valeur, en rapprochant l’utilisateur final de l’offre, certaines plateformes dans le marché de l’art contribuent déjà à ubériser leur offre puisqu’elles apportent notamment une nouvelle conception dans la manière dont l’art est diffusé et consommé, en "repensant" la légitimité des circuits d’intermédiation dits traditionnels.La plateforme Auction After Sale illustre bien cette tendance : en offrant une seconde vie aux lots invendus, elle permet à des acheteurs de rentrer, par le biais d’une plateforme agrégateur de contenus, en contact sans autre intermédiaire, avec des lots estimés mais invendus de la veille, et de transmettre une offre ferme à l’opérateur de ventes aux enchères. Tout le monde semble y trouver son compte ! Et plus l’offre d’objets d’art sera importante, plus la demande suivra !Reste un aléa néanmoins : l’acceptation de l’offre, soit la réponse des commissaires-priseurs qui seuls détiennent le mandat de vente de l’objet, connaissent le prix de réserve et peuvent donc finaliser la transaction.L’uberisation totale de ce service serait alors une étape supplémentaire où les commissaires-priseurs laisseraient cette "intermédiation" à la seule plateforme, mais en France la réglementation ne s’y prête pas forcément...Autre écueil, le principe consacré par la Directive Européenne sur le commerce électronique, selon lequel les prestataires et services intermédiaires en ligne ne doivent pas être tenus pour responsables du contenu qu’ils transmettent, stockent ou hébergent. Les sites de vente aux enchères en ligne (ou courtiers en ligne) sont des sites Internet jouant un rôle d'intermédiaire entre un vendeur et un acheteur souvent non professionnels. Mais en cas de litige, le consommateur peut-il attaquer en justice le courtier en ligne ?
En France, c’est la Directive Européenne, sur le commerce électronique adoptée en 2000, et en rediscussion aujourd’hui, qui sert de base à la loi pour la confiance dans l’économie numérique de 2004 (8), celle-ci conférant aux hébergeurs une responsabilité juridique limitée à la différence des éditeurs. Ce texte dispense les intermédiaires techniques, telles que les plateformes d’hébergement, de surveiller les flux transitant sur leurs serveurs, bien qu’ils soient tenus de réagir promptement a posteriori lorsque sont détectés la présence de contenus illicites ou d’activités illégales ainsi que des informations portant atteinte aux droits de propriété intellectuelle d’autrui tels le droit d’auteur…

La Commission a récemment lancé une enquête sur le rôle de ces plateformes intermédiaires en ligne, en ce qui concerne les œuvres protégées par le droit d’auteur, affirmant ainsi sa volonté de clarifier le statut des intermédiaires techniques et laissant présager que des révisions législatives ciblées pourraient être apportées à la Directive sur le commerce électronique d’ici fin 2016.

On assiste donc déjà à une ubérisation du marché de l’art dans le sens où des intermédiaires sont supprimés, où l’offre est globalisée et où il existe un avantage concurrentiel certain pour nombre de ces nouveaux services. 
Alors demain, entre collectionneurs, plus qu’un seul clic ?

A signaler une dernière tendance en vogue, soit la mise en relation entre collectionneurs, comme le proposent déjà les sites Artbanc et ArtViatic, qui signale entre autres au marché que l’achat d’art devient définitivement une expérience multicanal.

Si cette ubérisation peut faire peur, car elle bouscule les modèles établis, introduisant plus de concurrence dans des secteurs où il y en avait auparavant peu ou pas assez, c’est sans doute aussi une bonne chose pour l’utilisateur final car en général la concurrence et la suppression d’intermédiaires s'accompagne d'une meilleure qualité de service, car plus transparente, et surtout de coûts de services plus bas.

Néanmoins face au scénario d’une disparition, à terme, des opérateurs intermédiaires traditionnels, il importe de sensibiliser les consommateurs afin qu’ils adoptent au mieux un mode d’accès hybride et multicanal, privilégiant une complémentarité entre les environnements physiques et les nouveaux environnements numériques de commercialisation des objets d’art.

Des acteurs indépendants, directement mis en relation avec leurs clients grâce à des plateformes digitales et après ? Quid de la sécurité et de la confidentialité, si on supprime les tiers de confiance?

Les nouvelles technologies ont permis de façon indiscutable et irréversible de rendre moins opaque le monde du marché de l’art. Et si elles permettront à terme de sécuriser les transactions, il faut néanmoins rester vigilant sur la provenance des objets d’art et les conditions d’acquisition…

Par ailleurs, si aujourd’hui encore des objets uniques et rares s’échangent physiquement dans les salles de ventes, il existe de plus en plus d’objets habilités aux transactions en ligne comme les tableaux, la sculpture ou la photographie. Et demain il est prévu de nouvelles tendances d’achat chez les collectionneurs qui s’intéressent déjà à de nouveaux types d’objets facilement vendables en ligne, comme les œuvres d’art numérique qui trouvent preneurs d’abord on line, et c’est logique ! En effet, une nouvelle génération d’entrepreneurs a créé son activité et sa richesse en ligne. Alors les comportements d’achat s’en ressentent.  Ces nouveaux startupers achètent de plus en plus, de la façon qui reflète le mieux leurs habitudes de vie, on line ! Et c’est aussi la raison pour laquelle les business angels et autres fonds investissent de plus en plus dans le marché de l’art en ligne (9). 

La boucle est bouclée ! 

Pour Georges Nahon, le patron de l'Observatoire de l'innovation d'Orange rencontré à l'Université du Numérique du Medef, l'Intelligence Artificielle et la blockchain révolutionneront le fonctionnement des opérateurs économiques et les comportements d’achats. Et c’est la prochaine étape de la révolution numérique qui s’annonce plus spectaculaire encore.

Si les amateurs d’art n’achètent pas aujourd’hui exclusivement sur Internet, les nouvelles places de marché dédiées élargissent néanmoins le champ des possibles en ciblant un public beaucoup plus large, avec des offres toujours nouvelles, et en abolissant progressivement les intermédiaires. 

Aucun doute désormais, le monde de demain sera rempli de robots, enrichi d’intelligence artificielle, de plus en plus piloté par des algorithmes qui vont orchestrer information, sécurité et services y compris dans le marché de l’art. D’ici là, immergés de plus en plus dans la réalité virtuelle ou baignés dans la réalité augmentée, nous aurons basculé dans un Internet expérientiel, en vivant des expériences actives avec des installations de plus en plus sophistiquées, impliquant capteurs, caméras et faisant appel au toucher pour aller à la rencontre des œuvres...

Oui après, la digitalisation et l’ubérisation du marché de l’art, la virtualité sera bien la prochaine évolution. Et elle s’annonce au moins aussi importante…

1) Voir le Rapport Hiscox dans son intégralité ici : https://www.hiscox.fr/wp-content/uploads/2015/11/20140425-Le-rapport-Hiscox-du-marché-de-lart-en-ligne-2014.pdf
2) Artsy, Artsper, Artspace, Paddle8 ou EarlyWork notamment. Les quatre premiers acteurs clés de la vente aux enchères en ligne en terme de prix/ rareté sont Auctionata, Paddle8, christies.com/onlineonly et Artnet Auctions ; ils ont enregistré depuis deux ans en moyenne une croissance de 110% de leurs adjudications en ligne.
3) Le géant américain Amazon a lancé dès 2013 une plate-forme dédiée au marché de l’art afin de le rendre plus accessible au grand public, car c’est l’enjeu : «  accroitre la demande ».
On y retrouve des oeuvres issues de galeries ou de marchands d’art, allant de 100 à plus de 10 000 dollars, jusqu’aux oeuvres de Monet ou Rockwell dépassant le million de dollars.
4) La plateforme Barneby's est déjà présente en Suède, au Royaume Uni, en France, en Allemagne, en Espagne  et aux USA.
5) La blockchain est un phénomène à la pointe de l’innovation; les créations de start- ups se multiplient sur le sujet, et les investisseurs mobilisent d’ores et déjà des sommes gigantesques pour s’assurer de ne pas louper le coche. La blockchain est une réponse à la question de la confiance entre individus qui interagissent entre eux. L’opérateur central n’est plus tant celui qui fournit le service que celui qui agrège et coordonne les contributions des individus, et extrait la valeur pour lui-même. De nouvelles structures d’organisations émergent ainsi, basées sur des blockchains qui éliminent donc la figure de l’intermédiaire. Ces organisations permettent à des individus de se coordonner de façon décentralisée et de coopérer pour fournir un service dont ils vont bénéficier eux-mêmes. La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle. La Blockchain,  ce sont 3 caractéristiques : 
- le Peer to Peer soit la  désintermédiation et donc une diminution des coûts
- un Registre, ou  une base de données, soit une traçabilité et une preuve numérique d’existence
- le Contrôle par les  utilisateurs soit le  consensus distribué / 
Cette technologie devrait proposer plus de sécurité et l’infalsification des preuves d’existence avec une autorité centrale constituée par l’ensemble des utilisateurs qui réguleront. 
La  blockchain (« chaîne de blocs »)  offre une base de données publique, sécurisée et distribuée (c’est-à-dire partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire) qui contient l’ensemble des échanges effectués entre ses utilisateurs Une blockchain peut donc être assimilée à un grand livre comptable public, anonyme et infalsifiable. « un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible. ». Cette technologie peut être utile à bien des domaines : les brevets, les votes pour des élections, les instruments financiers (dérivés, emprunts, micro-crédit…), l’immobilier, les certificats de toutes sortes (par exemple les diplômes ou les certificats d’authenticité).
Et de façon générale, la blockchain pourra potentiellement remplacer tous les « tiers de confiance » centralisés (banques, notaires, cadastre…) par un système informatique décentralisé..
6) La réalité augmentée, superpose des couches d’informations numériques entre notre vision et le monde qui nous entoure, « est aussi disruptive que l’imprimerie ou Internet. Elle remplacera d’ici quelques années le mobile comme notre principale porte d’entrée vers le monde digital, « Elle nous fera passer de l’Internet de l’information à l’Internet des expériences.  Avec la réalité augmentée, le monde réel et le monde virtuel s'entremêlent. Ces données viennent compléter les informations que l'Homme perçoit habituellement de son environnement L'objectif : faire entrer le monde virtuel dans notre quotidien à l'aide d'objets connectés tels que les Google Glass par exemple. Elle pourrait nous faciliter la vie en nous permettant de manipuler des images 3D. La réalité augmentée trouve aussi de nombreuses applications utilitaires dans l'aide à la décision, l'assistance et le guidage, pour des domaines aussi variés que l'architecture, l'industrie, le tourisme et la médecine.
7) Ainsi 73% des acheteurs d’art en ligne attachent une grande importance au fait de bénéficier d’une couverture d’assurance appropriée lors de l’achat. Le transport est l’étape la plus risquée, bien que la majorité des expéditeurs assure l’œuvre durant son transport, les acheteurs d’art en ligne expriment le besoin de nouveaux services comme une couverture d’assurance adaptée
8) En France, la loi pour la confiance en l'économie numérique (ou loi CEN) du 21 juin 2004 n'a pas prévu de responsabilité spécifique pour les courtiers en ligne, et le problème c'est qu'il est difficile de faire entrer ces sites dans une catégorie particulière prédéterminée par la loi. Doit-on les considérer comme des fournisseurs d'hébergement au sens de l'article 6-I-2 de la loi CEN ? Où ont-ils plutôt la qualité d'éditeur de contenus? La responsabilité des courtiers en ligne, du type eBay, n’est pas la même selon qu'ils sont hébergeurs ou éditeurs. Si les courtiers en ligne venaient à être qualifiés d'hébergeurs, ces derniers n'auraient qu'une responsabilité allégée. En effet, la loi CEN prévoit pour les hébergeurs une responsabilité a posteriori, c'est-à-dire que les hébergeurs ne verront leur responsabilité engagée que s'ils en avaient eu une connaissance effective ou s'il ne retire pas le contenu illicite une fois qu'on l'a averti.  En revanche, si les courtiers en ligne sont considérés comme des éditeurs de contenu, c'est une responsabilité a priori qui leur incombe, c'est-à-dire qu'ils doivent veiller eux-mêmes à ce qu'il n'y ait pas de contenu illicite. Ainsi, dès qu'un contenu illicite est mis en ligne sur leur site, leur responsabilité est engagée.
9)  Des moments clés qui ont marqué l’évolution du marché de l’art en ligne durant ces derniers mois, on retiendra :

  • Le lancement de The Space, une nouvelle plateforme d’art numérique mise en place et soutenue par le Arts Council England et la BBC ; 
  • Le lancement de Artbinder, une application permettant aux galeries d’art de gérer et de présenter des œuvres d’art à leurs clients à distance ; 
  • Le lancement des enchères en direct d’objets d’art par eBay ;
  • La domination de Heritage Auctions sur le marché mondial des ventes aux enchères en ligne en 2014; 
  • Le lancement de Arta, une société de transport d’objets d’art en ligne ; 
  • Le lancement de la nouvelle plateforme d’enchères en ligne en direct de Sotheby’s et eBay.
  • Le lancement d’Auction After Sale qui donne une seconde chance aux lots invendus en les mettant à la vente en ligne sur sa plateforme dès le lendemain de la vente aux enchères.
  • Et une initiative prometteuse avec la plateforme« My Web'Art, lancée en janvier 2015 décrite comme une plateforme internationale premium de vente d'œuvres d'art de grande qualité, basée à Hong Kong, et ambitionnant de devenir une référence incontournable du marché, avec comme modèle économique, proposer aux artistes de s'acquitter de frais d'inscription annuels de 900 euros en contrepartie de la présentation de leurs œuvres pendant un an sur la plateforme, avec une commission de 30% pour la vente de n'importe quelle œuvre et le réinvestissement de tous les bénéfices dans la société. Le principe a très vite séduit les artistes qui, en travaillant avec les galeries, ont l’habitude de verser plus de 50% de commissions lors de la vente de leurs œuvres.