17/04/01
IPLabel
émule le navigateur pour tester toutes les couches
d'Internet
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les articles du dossier consacré à la mesure
de la performance
Web
En avril 2000, la société TellMe, reconnue en
France pour ses tests de charge et de qualité de service
des serveurs Minitel/Audiotel, change de nom et devient IPLabel.
Créée en 1983, l'entreprise a développé
une technologie innovante qui retient l'attention en 1999
de plusieurs personnes travaillant chez Oléane,
dont Christophe Depeux, Alain Gouret et son directeur commercial
depuis 1997 Eric Varszegi. Au moment où Jean-Michel
Planche, ancien dirigeant de l'ISP racheté par France
Télécom, lance Witbe, ses 3 collaborateurs
reprennent l'actif de TellMe qui employait à l'époque
moins de 10 personnes. Aujourd'hui, l'effectif d'IPLabel
est passé à près de 22 salariés,
un nombre qui devrait encore augmenter à 50 d'ici
la fin de l'année.
Ce n'est qu'après 10 ans passés à
définir des tableaux de bord illustrant la performance
commerciale des entreprises chez Mercury International, un
cabinet de conseil qui n'a rien à voir avec l'éditeur
Mercury Interactive, qu'Eric Varszegi intègre Oléane.
D'après l'actuel P-D.G. d'IPLabel, "à partir
de début 2000, les entreprises ont commencé
à modifier leur discours en mettant de côté
le concept de best effort au profit d'un Internet performant.
Malgré l'euphorie du moment, nous n'avons pas voulu
nous précipiter, et nous avons décidé
de développer notre technologie avant de la lancer
sur le commerce." Au final, IPLabel ne commercialise
ses services que depuis le 15 janvier 2001, et profite
du carnet de clients de TellMe qui comptait plus de 100 grandes
entreprises françaises.
Plus de la
moitié des transactions échouent
Concernant la mesure de la performance web, IPLabel
déclare répondre à plusieurs types de
besoins exprimés par les entreprises. Le premier est
directement lié aux temps de réponse du site,
dont l'affichage des pages ne doit pas excéder la barre
des 8 secondes. "Si la publicité s'affiche
en 10 secondes, une partie des internautes aura déjà
cliqué sur le lien suivant", explique Eric Varszegi.
"Pour les annonceurs qui mesurent déjà
l'audience, nous pouvons aussi estimer le pourcentage de temps
durant lequel les bannières sont vues". Ensuite,
le second besoin est lié à la notion de transaction.
"En général, de deux ou trois traitements
sur quatre au niveau de la base de données échouent,
et l'entreprise veut vérifier si ses investissements
techniques sont rentabilisés", continue-t-il.
"Dans ce cadre, nous testons les parties applicatives
et les bases de données des sites e-business."
Enfin, un autre niveau de besoin concerne les tests de montée
en charge, à vocation proactive notamment en terme
de dimensionnement.
En même temps, IPLabel répond aux demandes de
deux catégories de prestataires, qui sont sa cible
privilégiée (des offres existent également
en prix public, par abonnement). D'un côté, les
hébergeurs et les opérateurs IP voient leurs
marges réduites avec le renforcement de la concurrence,
et se doivent de prouver leur qualité de service en
faisant appel à un prestataire indépendant pour
conserver leurs clients. De l'autre, les développeurs
- SSII et agences web - veulent prouver à leurs clients
que les composantes du site ne viennent pas dégrader
la qualité perçue par l'internaute.
Visibilité
sur 4 millions d'internautes français
Aujourd'hui, l'offre d'IPLabel se scinde en trois :
Datametrie pour la surveillance des sites, Datalimit pour
les tests de montée en charge, et enfin DataTellMe
qui reprend l'ancienne offre Minitel/Audiotel de la société
et représente une "part annecdotique" de
son CA. Dans le cadre des deux premières prestations,
cinq éléments sont testés. La première
partie concerne le dernier kilomètre, afin de déterminer
si les liaisons des fournisseurs d'accès -RTC, RNIS,
ADSL ou liaisons louées - sont efficientes.
Ensuite,
IPLabel observe si les routeurs et les backbones des réseaux
des opérateurs sont suffisamment taillés. Pour
cela, le système de mesure et de tests est installé
sur 5 des plus importants réseaux français:
IP2000 de France Télécom (visibilité
sur Wanadoo, Oléane et FTe-Business), UUnet/Worldcom
("20 % du trafic des entreprises françaises"
selon Eric Varszegi), Colt Télécom ("10 %
des entreprises et 20 % de tout le trafic"), Level 3
(visibilité sur Cegetel, AOL et Free), et enfin ISDNet
(Liberty Surf, Freesbee, M6Net, Eureka, Mageos, Tele2, etc.).
"En gros, nous voyons 4 millions d'internautes grand
public et nous surveillons 90 % de tout le trafic Internet
français" résume Eric Varszegi. La plate-forme
est également installée à Londres, Frankfort,
Amsterdam et New-York, et l'ensemble compose ainsi un total
de 9 points distincts pour les mesures. Au cours des 18 prochains
mois, leur nombre devrait augmenter à près de
64.
Enfin, les trois derniers éléments systématiquement
surveillés sont l'hébergeur et son infrastructure
(DNS, tuyaux, cache, load balancing...), la composition des
pages du site, et les applications situées au niveau
du back-office, bases de données comprises.
Un pseudo-navigateur
teste en dessous du niveau 7
Techniquement
au niveau des mesures en elles-même, IPLabel présente
une particularité de taille. Au lieu d'employer les
protocoles de la couche 3 du modèle OSI, les développeurs
ont élaboré en interne, à partir du code
d'Explorer, un navigateur qui émule différents
types de connexions et transfère toutes les données
dans une base Oracle pourvue d'un système d'historisation.
"Notre émulateur se base sur des couches allégées
d' Internet Explorer de manière à pouvoir prendre
tous les chronos sur les temps qui nous intéressent,
et ce dès réception des premiers octets"
explique Alain Gouret, directeur du développement d'IPLabel.
"Grâce à notre pseudo-navigateur web, nous
pouvons modéliser l'usage mais aussi la traçabilité
du réseau et les temps de latence. Nous avons aussi
une technologie de reconnaissance qui permet par exemple de
vérifier si la bonne bannière de publicité
s'affiche bien à un moment donné. Tous ceux
qui travaillent au niveau 3 ne peuvent pas procéder
ainsi et s'asservir sur les données reçues qu'ils
ne peuvent interpréter."
En matière commerciale, IPLabel ne souhaite pas vendre
en direct, "pour éviter les discussions stériles
entre entreprise et prestataire", selon Eric Varszegi.
"Nous préférons approcher les professionnels
de l'Internet qui utilisent notre outil comme base de discussion
avec leurs clients." La société compte
toutefois quelques clients directs comme la place de marché
Buying-Partner. Côté prix, Datametrie démarre
à 180 Euros par mois pour une seule URL surveillée.
Datalimit, de son côté, coûte à
partir de 7 500 Euros pour un test correspondant
à 500 utilisateurs simultanés. [François
Morel, JDNet]
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