28/05/01
Wanadoo
Services Pro : le feuilleton de l'été
Question
: que doit faire un hébergeur lorsque de nombreux
sites parmi ses 48 000 clients mutualisés
connaissent une migration vers de nouveaux serveurs
? En l'absence d'accords sur la qualité de service,
la réponse pourrait tenir dans le simple fait
de les prévenir d'éventuels problèmes,
et de mettre en place une hotline adaptée qui
tienne aussi suffisamment la charge, le tout accompagné
d'une méthodologie précise concernant
les aspects techniques du basculement. Sur certains
de ces points critiques, cités parmi d'autres,
la présidente de Wanadoo
Services Pro Mireille Le Van nous a déjà
répondu dans un précédent
article publié le 15 mai dernier.
Mais à présent, les réponses se
font plus rares alors que les plaintes de clients et
Net Partenaires de la filiale de France Télécom
affluent dans notre messagerie. Lors d'un court entretien
que nous avons eu mercredi avec elle, Mireille Le Van
n'a pas souhaité apporter de précisions
sur des "cas annecdotiques". Et pourtant,
il apparaît que certains des problèmes
rencontrés ne sont pas du tout isolés.
Plusieurs agences et développeurs web contactés
ensuite par téléphone font ainsi état
de difficultés redondantes, qui les amènent
notamment à se poser la question d'un changement
d'hébergeur.
Un collectif virtuel
de Net-Partenaires mécontents
"Les techniciens de Wanadoo Services Pro ont basculé
les plates-formes de nos clients sans nous prévenir",
affirme Philippe Delcroix, responsable du développement
chez +2.com,
une agence web de 6 personnes située à
Valenciennes. "Et depuis la mi-avril, nous rencontrons
une nonchalance de tous les services. Par exemple, lorsque
nous avons affaire à une hotline de niveau 2,
nous sommes censés avoir des interlocuteurs valables.
Sur un problème technique donné, l'un
d'eux nous a répondu qu'il était impossible
de créer un lien CGI vers une autre plate-forme.
Mais si c'était le cas, il ne serait pas possible
de placer des bannières de publicité sur
des sites."
La société +2.com a donc envoyé
un mailing à d'autres Net Partenaires de Wanadoo
SP en vue de constituer sans trop y croire un collectif
pour bénéficier d'un poids plus conséquent
auprès de l'hébergeur. Et surprise, "en
moins de 4 heures, nous avons reçu 50 réponses
de sociétés affolées ou dépassées",
dévoile Philippe Delcroix. "Au total, ce
sont 150 réponses qui nous sont parvenues,
en majorité des agences web." Le cas cité
dans le précédent article n'apparaît
donc pas si isolé que l'hébergeur voudrait
le faire croire.
Sous-hébergement et
préjudices en cascade
"Nous allons demander 80 kf pour le préjudice
que nous avons subi au niveau du temps passé
par l'équipe de développement", continue
Philippe Delcroix. "En effet, à un moment
donné les sites n'existaient plus. Certains de
nos clients qui avaient subi des préjudices nous
ont même menacé de porter plainte contre
nous. Quand nous avons appelé le support, ils
nous ont d'abord répondu que nous n'avions pas
de compte chez eux. Après avoir fini par le retrouver,
ils nous ont déclaré avoir perdu le CGI-Bin
pendant la manoeuvre de backup. Et 3-4 jours plus
tard, lorsqu'ils l'ont retrouvé et réinstallé,
les attributs des droits sur les fichiers n'avaient
pas été mis à jour. Imaginez 40 clients
avec 15 ou 20 fichiers par site. Imaginez
le temps passé, sans compter qu'en environnement
Perl, il faut envoyer les fichiers au format Unix et
nous les avons reçus au format Dos." Résultat,
+2.com va désormais migrer avec ses clients chez
Agarik,
qui lui promet une garantie de temps de rétablissement
de deux heures avec 5 % d'abattement sur le loyer
mensuel suivant en cas de dépassement.
Serveurs FTP encombrés,
fausses adresses...
Parmi les autres Net Partenaires contactés, l'agence
web NetConcept
(essayez d'envoyer un message à partir du lien
Mail) basée en Loire Atlantique emploie 5 personnes
qui devraient être 9 à la fin septembre.
"Pendant un an, nous avons bien travaillé
avec Domicile", déclare Ronan Cassin, son
responsable technique et développement. "Et
depuis quatre ou cinq mois, ce qui correspond à
peu près à leur rattachement à
Wanadoo, nous rencontrons une qualité dégressive
sur différents points. Par exemple, sur la réservation
du domaine, les coordonnées sont fausses à
chaque fois. Combien de fois avons nous passé
20 minutes ou une heure au téléphone
avec des personnes qui n'avaient pas de réponses
à ces problèmes ? Et parfois, la
réponse était 'on vous rappellera'. Puis,
nous avons rencontré une deuxième série
de problèmes. Notamment avec les serveurs FTP,
où il faut parfois s'y reprendre à 20 fois
pour se connecter alors que tout fonctionne chez nos
autres hébergeurs. Mais du côté
web, les sites tiennent tout de même la charge."
NetConcept cherche donc un autre fournisseur, et pense
notamment s'adresser à Verio
France.
Sur un autre plan,
qui concerne certaines lourdeurs sur l'administration
des pages dynamiques générées en
PHP à partir de MySQL, le développeur
de sites web indépendant Claude
Honnore rencontre un problème résolu
en partie par NetConcept. "Normalement, les procédures
utilisées sont standard d'un hébergeur
à l'autre", explique-t-il. "Mais chez
Wanadoo Pro Sites, il faut se connecter en mode sécurisé
Telnet/SSH et certains sites ne passent pas à
cause de cela. Pour l'instant, je m'occupe de trois
sites qui sont chez eux, et j'ai demandé à
mes clients de migrer ailleurs." Ici, Ronan Cassin
apporte une solution : "soit il faut effectivement
se connecter en Telnet/SSH et saisir des commandes SQL
en direct, soit il faut installer un PHP MyAdmin. La
base MySQL tombait régulièrement, mais
une fois que l'on comprend soi-même la logique
tortueuse, cela fonctionne."
MySQL/PHP trop complexe = bricolages
divers
Autre interlocuteur, autre problème. Rémy
Leveau est le webmestre du site du label indépendant
de production et d'édition phonographique et
musicale EMP
Records spécialisé dans le jazz, le
rock'n'roll et la world music. "Nous avions choisi
Telecommerce, qui se sont avérés être
très sérieux, et Domicile car nous pensions
à Jet Multimédia pour l'hébergement,
mais ces derniers nous ont proposé Cybermut comme
solution de paiement. Or, dès le départ,
la solution Real Networks ne fonctionnait pas. Nous
avons contacté le support technique de l'éditeur
à défaut d'obtenir des réponses
de notre hébergeur, et ils nous ont répercuté
que les serveurs installés pointaient vers un
répertoire et ne pouvaient donc pas fonctionner.
Après avoir commencé à redévelopper
notre site en Flash, un responsable technique de Wanadoo
nous a aimablement proposé d'héberger
nos streams sur son propre serveur Real. Mais en attendant,
nous refusons de les payer et c'est notre avocat qui
gère cette affaire."
La peur de la concurrence délie
les langues
Résumons.
Il y a deux ans environ, Domicile (le nom du prestataire
à l'époque) a lancé un programme
de partenariat auprès de petits développeurs
et d'agences web souvent locales. Derrière, ceux-ci
ont parfois récolté des contrats, mais
ont aussi contribué à nourrir le porte-feuille
de 48 000 sites hébergés. Lorsque
France Télécom décide de confier
à sa sous-filiale Wanadoo Services Pro (filiale
de Wanadoo) l'hébergement des sites sur plates-formes
mutualisées, Domicile prend le nom Wanadoo Pro
Sites. L'opération suit de près le début
de migration des anciens serveurs de RapidSite vers
les nouvelles plates-formes. D'un côté,
des difficultés techniques sont rencontrées,
et le support n'arrive plus à suivre le nombre
d'appels. La société se trouve apparemment
obligée de renforcer ses équipes à
la va-vite avec des personnes qui seraient moins qualifiées
selon certains Net Partenaires. De l'autre côté,
le regroupement des agences web Triel, Immedia et MediaLine
Production au sein du pôle Wanadoo (voir article
JDNet du 3 janvier 2001) inquiète logiquement
ces Net Partenaires qui à présent se posent
des questions. Et les langues se délient. Car
si Wanadoo Pro Sites a rencontré récemment
de gros problèmes, tous les autres hébergeurs
ne sont pas forcément roses non plus et connaîssent
également des soucis techniques. Mais en matière
de support et de pratiques, l'affaire s'avère
plus spécifique.
Wanadoo Services Pro expliquera
sa stratégie en juin
Dans le précédent entretien répercuté
dans l'article
paru il y a une dizaine de jours, Mireille Le Van
nous confiait que ces agences web étaient là
uniquement pour intervenir sur des aspects non pris
en compte par les Net Partenaires. Un sujet sur lequel
elle veut bien continuer à s'exprimer... "Beaucoup
de Net Partenaires demandent une clarification de notre
politique de partenariats. En juin, nous seront prêts
à répondre à tous ceux d'entre
eux qui voudront bien nous rencontrer lorsque nous nous
déplacerons dans 6 grandes villes de France."
D'ici là, le système de supervision de
Witbe devrait être installé, et le parc
de serveurs installé sur une plate-forme homogène.
Car entre salles blanches, les clients ne sont pas toujours
logés à la même enseigne. Et le
basculement entre plates-formes crée parfois
des incompatibilités entre les anciens sites
web et les nouveaux systèmes.
Sur ce, une série de leçons s'impose,
à la fois pour la filiale de France Télécom
sur tous les points évoqués plus haut,
mais aussi pour les Net Partenaires et des clients hébergés.
Car lorsque l'on cherche à héberger un
site qui commence à devenir critique, d'autres
solutions existent que les plates-formes mutualisées.
De plus, un grand nombre de prestataires proposent à
présent des accords sur la qualité de
service avec une garantie de temps de rétablissement.
Cela ne remplace pas un site disponible à 100 %,
mais lorsque l'hébergeur doit des pénalités,
il essaie le plus souvent de limiter les risques. Une
option que pourrait choisir l'usine à sites partagés
de Wanadoo/France Télécom.
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