19/07/01
Enquête
exclusive Hébergement : quels choix techniques ? (second
volet)
<<
Retour au premier volet: les utilisateurs sont-ils raisonnables
? >>
Lors de la publication
des résultats de la première partie de l'enquête sur
les entreprises française et leurs hébergeurs, nous
nous sommes attachés à observer comment la prestation
délivrée tentait de répondre à la demande. A présent,
nous allons regarder de plus près de quoi se compose
l'architecture des serveurs, mais aussi les équipements
d'infrastructure en support chez l'hébergeur.
Sommaire de ce second volet
La plate-forme logicielle
Le matériel : les équipements
en support
Conclusion : Et si c'était à refaire
?
52,5 % des sondés ont ainsi jugé d'une importance moyenne
ou grande le rapprochement des contraintes techniques
avec une solution éprouvée. Et cette réponse a été vécue
comme le deuxième point décisif derrière la remontée
d'alertes et la surveillance 24/7. Le logiciel est en
effet l'intelligence du site web, et il faut des matériels
en support de cette intelligence afin de la rendre disponible.
Or, ce deuxième aspect n'est peut-être pas aussi matérialisé
que le premier, comme le démontrent les résultats qui
suivent. Sur les parties logicielles et matérielles,
l'on notera un faible bruit provoqué par des prestataires
comme les agences web qui déclarent utiliser toutes
les solutions. Mais la nuance tient dans le fait qu'elles
les maîtrisent, leur propre site n'étant pas bâti sur
plusieurs plates-formes en même temps. Ensuite, il convient
d'appliquer une autre modération, un petit nombre d'entreprises
sondées exploitant plusieurs applications web.
La plate-forme logicielle
:
L'environnement web se teinte d'Open Source
D'une manière générale, le choix de l'environnement
serveur ne pose pas de problème aux hébergés, qui savent
de quoi il en retourne. Ainsi, Windows et Linux se retrouvent
au coude à coude sur des machines équipées de processeurs
Intel. Le système d'exploitation de Microsoft est cité
par 70,8 % des sondés (47,5 % sur NT et 23,3 % sur 2000),
et l'OS libre par 64,2 %. L'Unix de Sun, alias Solaris,
arrive en troisième position, réparti à 16,7% sur des
stations Sparc (Sun) et à 6,7 % sur des PC (Intel).
Enfin, le binôme NT sur stations Alpha (Digital) ne
récolte sans surprise que 5,8 %. Première constatation:
les plates-formes ne sont pas toujours homogènes, le
total des réponses étant supérieur à 100 %.
Juste après, le serveur web leader du marché n'est plus
Microsoft IIS (45 %), mais Apache (63,4 %). Outre son
prix égal à zéro car il est Open Source, son déploiement
recoupe celui de Linux. Certains auront aussi profité
du fait qu'il est disponible sur Windows, et moins sujet
aux failles que IIS. Une différence importante de pénétration
apparaît entre le système d'exploitation et le serveur
web de Microsoft. Pour une plate-forme mixte, la distribution
des réponses, et donc le parc réel installé, ne sont
pas non plus révélés par les réponses favorables à Apache.
Loin derrière, les serveurs web intégrés aux boîtes
noires de type Cobalt ou Right Vision (6,11 %) sont
devant les produits Netscape/Iplanet (4,6 %). Mais une
fois de plus, le résultat d'Apache souligne la prime
au libre donnée par nos lecteurs (lire le sondage paru
le 17 juillet), qui se répète au paragraphe suivant.
Les pages dynamiques sont omniprésentes
Derrière le site, l'on retrouve de manière quasi-systématique
une base de données relationnelle, l'Open Source MySQL
(54,3 %) en tête, suivie de Microsoft SQL Server 7 (38,8
%), puis Oracle 8i (18,6 %), et enfin IBM DB2 (3,9 %)
à égalité avec les sites sans base de données. Parmi
les langages de scripts pour les pages dynamiques, PHP
s'avère le plus commun: près de 60% d'entreprises y
ont recours. Avec 38,6 %, l'ASP se marie avec SQL Server.
Ensuite, la troisième position n'est pas occupée par
ColdFusion d'Allaire (9,5 %), mais par Perl/CGI (31,5
%) juste derrière le langage de Microsoft. Or, le questionnaire
était fermé sur cette question, la dernière option indiquant
l'absence d'usage d'un moteur de scripts (7,1 %). Et
l'omniprésence des bases de données relationnelles laisse
entendre le recours à un ou plusieurs autres langages,
qui peuvent être JSP (Java Server Pages) ou JsSP (Javascript
Server Pages).
Un besoin tourné vers le développement propriétaire
A côté, les architectures trois-tiers qui sont l'apanage
de nombreuses solutions commerciales sont beaucoup moins
répandues. Microsoft arrive en tête (29,2 %) avec .Net
et Com/DCom, suivi de très loin par IBM Websphere (8,8
%) et BEA Weblogic (5,3 %). Les deux derniers sont peut-être
plus présents sur des applications comme les intranets
et les places de marché qui réclament davantage d'intégration.
Le fait remarquable tient surtout dans l'absence de
serveur d'application chez environ 62 % des entreprises.
Un pourcentage auquel il faudrait sûrement retrancher
les choix non donnés aux sondés, comme ATG et les serveurs
d'application Open Source (Enhydra...). Mais les derniers
sont encore peu répandus d'après la plupart des études.
Enfin, lorsque l'on parle d'une plate-forme de gestion
de contenus, la réponse ouverte (autre: 35,2%) est non
dans 61,1 % des cas, ce qui renvoit dans ces situations
à des développements propriétaires. Finalement, cette
solution apparaît la plus en adéquation avec les objectifs
du site, car elle répond par essence de manière stricte
au besoin. Mais s'il n'y a pas de licence à payer au
contraire de Spectra (5,6 %), Vignette et Broadvision
(3,7 % chacune), les coûts s'enflamment très rapidement
au niveau des ressources humaines engagées sur le projet.
De plus, la maintenance n'est pas standardisée. Si l'entreprise
veut payer moins cher son hébergeur, c'est peut-être
aussi qu'elle n'a pas parfaitement maîtrisé ses coûts
sur ce poste.
Le matériel : les équipements
en support
Cisco affirme clairement sa suprématie
Apparemment, seules les sociétés à forte composante
technologique savent en profondeur quels sont les équipements
réseaux installés. Les 38,2 % qui répondent qu'ils n'ont
pas de routeurs devraient a priori (mais seulement a
priori) essayer de comprendre d'abord comment fonctionne
un réseau comme Internet, composé de multiples liaisons
qui partent d'un seul point. Ici, Cisco se trouve dans
un quasi-monopole, cité par 56,2 % des votants. A côté,
les trois restants font pâle figure : Alteon à 6,7 %,
Foundry à 4,5 % et Cabletron à 1,1 %.
Mais les parts de marché des autres fournisseurs (Alcatel,
Lucent, Nortel, Avici Systems, Juniper Networks, Motorola,
Intel...) ont été ignorées dans le questionnaire, ce
qui apporte une explication à l'apparente méconnaissance
de l'infrastructure. Une partie des 38,2 % se sont probablement
rabattus vers la case "pas de routeur" à défaut de voir
leur fabriquant aux côtés de Cisco. Sur la haute disponibilité,
Cisco est également en tête (avec 30,5 %) de la liste
fermée qui comprend Foundry (8,5 %), Akamai (6,1 %),
et F5 Networks jamais cité.
La qualité s'améliore peu sans les pratiques nécessaires
Sur les autres matériels et logiciels chargés d'améliorer
les performances et la disponibilité du site, le taux
d'équipement reste faible. A chaque fois, le leader
est répertorié avec trois autres, et les concurrents
non cités sont parfois moins nombreux que les fournisseurs
de routeurs, car il s'agit dans l'ensemble de marchés
plus récents. De façon récurrente, aussi, c'est l'absence
de procédés logiciels ou matériels qui arrive largement
en tête. Cette partie représente 79,3 % sur le clustering
hardware, 74,3 % sur les équipements dédiés à la répartition
de charges (ou load balancing), 72,1 % sur les caches
logiciels, 71,2 % sur le clustering logiciel, et 62,2
% sur la haute disponibilité. Respectivement, les fournisseurs
les plus cités sont Compaq (9,8 %), Alteon (14,9 %),
RedHat sur les deux suivants (13,7 % et 13,9 %) et Cisco
(30,5 %).
Or, cela ne signifie pas que les matériels et les logiciels
correspondants ne sont pas présents dans les centres
des hébergeurs. Ceci dit, au vu des investissements
qu'ils représentent, en particulier du côté des équipements,
leurs prix sont répercutés sur les tarifs des services.
L'entreprise qui cherche à alléger ses coûts préfère
donc travailler à même son application, d'autant plus
que la bande passante est soi-disant chargée de répondre
à tous les problèmes de performances. Mais une solution
comme celle des clusters, qui permet de considérer un
ensemble de machines comme un unique environnement pour
partager l'exécution d'une application en fonction de
l'utilisation des différents processeurs, n'est pas
forcément chère. Dans ce domaine, les capacités offertes
nativement par les serveurs ou par des systèmes d'exploitation
comme Linux et Windows NT ne coûtent rien.
Conclusion : Et si c'était
à refaire ?
L'hébergement aux Etats-Unis : le miroir aux alouettes
Au final, si l'entreprise devait choisir un autre mode
d'hébergement, la question de la prise en charge de
l'application web sur une plate-forme située aux Etats-Unis
est soulevée par 55,8 % des participants. Non seulement,
cette hypothèse fait peur car elle suppose qu'une partie
majoritaire des capitaux Internet des entreprises pourrait
quitter le sol français. Mais aussi, elle est aberrante,
et ce pour au moins quatre raisons.
D'abord, il est très difficile de garder un oeil sur
une application hébergée à l'autre bout de la planète.
Sur une partie des problèmes de maintenance, comme le
reboot d'un serveur, il est possible de prendre la main
à distance. Mais comment s'assurer qu'un matériel supplémentaire
payé sera bien mis en place à temps ? Ensuite, les compétences
des américains dans le domaine ne sont pas forcément
meilleures que celles des Français, ce qui transparaît
notamment à travers la fermeture de certains ISP outre-Atlantique
pour les mêmes raisons qu'ici. Troisièmement, le déficit
de relationnel ne peut pas être comblé de la sorte.
Il est même encore pire au vu du décalage horaire et
parfois de la barrière du langage. Et enfin, la bande
passante ne résout pas tous les problèmes. En France
comme dans toute l'Europe, des fibres courent dans toutes
les directions et relient à très haute vitesse le continent
nord-Américain.
L'entreprise veut encore plus rationaliser les coûts
Derrière l'hébergement sur une batterie de serveurs
située aux Etats-Unis, les entreprises choisiraient
de porter leurs applications d'une plate-forme dédiée
vers une plate-forme mutualisée pour 43,2 % d'entre
elles. Pour des applications non critiques, cela ne
pose pas forcément de problème. Et ce, d'autant plus
qu'un serveur partagé en panne touche plus de clients
qu'un dédié, ce qui remue peut-être davantage l'hébergeur
qui craint pour son image de marque. Pour un site critique,
il faut remarquer que si l'un des hébergés voisins passe
par d'importants pics de connexion, la performance sera
probablement détériorée.
Du reste, la première comme la deuxième solution témoignent
d'abord d'une volonté de rationaliser les coûts pour
61 % des votants, suivie par la déception de la qualité
du serveur (53,7 %). Mais chaque chose a un coût, en
particulier la qualité des plates-formes. Et si tout
a été dépensé sur un développement propriétaire qu'il
convient de faire évoluer tout en garantissant sa performance
applicative, il ne reste plus beaucoup de place pour
les services d'amélioration de la qualité rendus par
l'hébergeur. Ceux-ci comprennent notamment la répartition
de charges et l'installation de caches, qui eux, peuvent
être en partie mutualisés. Quand à la sécurité, elle
suppose également un coût, et c'est peut-être pour cela
qu'elle rebute tant. Pour ceux qui n'ont plus les moyens,
la solution pourrait donc être d'économiser sur une
partie des développements.
La solution: améliorer la disponibilité... de l'hébergeur
Bref, l'échec cuisant des hébergeurs français n'est
peut-être pas complètement de leur fait, sauf... qu'ils
ne sont pas toujours au rendez-vous pour faire profiter
leurs clients de leur expertise. Seuls des MSP avisés,
ou fournisseurs d'infrastructures hébergées, peuvent
se targuer d'avoir réduit leur charge de travail réseau
pour mettre les mains dans le cambouis de l'application.
Mais en général, les plus pragmatiques refusent de prendre
en charge des développements propriétaires dont ils
n'auraient pas la maîtrise. Et pour cause... ce travail
revient à des professionnels du développement.
En fait, une majorité d'hébergeurs aurait surtout intérêt
à améliorer son service au moins en terme de qualité
humaine. Car le client paraît souvent mal conseillé
dans ses choix techniques liés à l'hébergement de son
site web. Du reste, les entreprises qui plébiscitent
la qualité des conseils (40,9 %) accordent peut-être
moins d'importance au coût global (73,9 %). Lorsque
l'on scrute les résultats au cas par cas, ce sont aussi
celles qui se plaignent le moins de leurs prestataires.
Et ce, à l'inverse de celles qui regrettent un mauvais
relationnel (30,7 %). Pour améliorer la disponibilité
des sites, il faudrait donc peut-être penser d'abord
à améliorer la disponibilité des hébergeurs, en particulier
pour ceux qui ne l'ont pas encore compris.
<<
Retour au premier volet: les utilisateurs sont-ils raisonnables
? >>
|