17/07/01
Enquête
exclusive: Hébergement, les utilisateurs sont-ils raisonnables
? (Premier volet)
Dans le courant du mois de
juin 2001, JDNet
Solutions a réalisé une enquête sur l'hébergement
auprès de ses lecteurs. Après élimination des doublons
sur les 298 réponses reçues, il s'avère que
les 138 entreprises différentes ayant participé sont
représentatives d'un panel assez proche de la répartition
clientèle des hébergeurs. Le paysage dessiné intègre la
plupart des secteurs, avec les nouvelles technologies
et Internet en tête, mais aussi le tourisme et les
loisirs, les médias, l'industrie, la santé,
l'agro-alimentaire et même les collectivités
locales. près d'un tiers des sondés sont des start-ups
aux rangs desquelles un certain nombre d'agences web.
Le reste se constitue à peu près d'un cinquième
de grandes entreprises et organisations, l'équivalent
d'indépendants et trois cinquièmes de petites
et moyennes entreprises.
Afin de préserver la confidentialité liée aux sondés,
les chiffres des sociétés n'ont pas figuré
au rang des questions. Les observations sectorielles et
de taille ont donc été recoupées en marge par rapport
aux noms de marques. Ces tendances se révèlent aussi à
travers certains indicateurs comme le nombre moyen de
serveurs.
Le
profil de la demande
L'hébergeur
et la satisfaction du client
La
prestation de service
Le
profil de la demande :
En moyenne, 4 serveurs confiés à l'hébergeur
Sur
la totalité des répondants, la part de ceux qui hébergent
leurs applications web en interne est d'environ 9,6 %.
La grande majorité, soit 83,8 % des entreprises,
confie ses serveurs à un prestataire externe. 6,6 %
adoptent enfin une démarche mixte. Remarquons que les
applications en question sont d'abord des sites Internet
(89,5 %) puis des extranets (10,5 %). Aucun
responsable d'intranet ne semble avoir répondu au questionnaire,
ce qui paraît logique compte tenu de l'intitulé de l'enquête.
En effet, les applications qui donnent accès à l'intérieur
de l'entreprise vont être préférentiellement hébergées
en interne.
En moyenne, les plates-formes sont constituées de quatre
serveurs. Notons que 81 % d'entre elles en comportent
de un à cinq. Ici, l'on retrouve les 34,6 % des sondés
sur serveurs mutualisés. Au fur et à mesure que le nombre
d'hôtes augmente, le nombre de réponses décroît. L'entreprise
ayant cité la plus grande quantité de serveurs
déclare en posséder près de 200 chez quatre
prestataires différents. Pour des raisons de pondération,
les trois réponses situées à chaque extrême n'ont pas
été prise en compte dans la moyenne, car elles la faisaient
passer à 7 serveurs par entreprise.
La DSI seule sur les plus importants
projets
Juste
après les serveurs mutualisés qui tiennent le haut du
pavé (34,6 %), les entreprises préfèrent choisir
des plates-formes dédiées en location à 31, 6 %,
probablement parce que l'hébergeur les maîtrise mieux.
Ensuite, 51,9 % des sondés préfèrent d'abord acheter
leurs serveurs, parmi lesquels 30,1 % en assurent
eux-même la maintenance technique. L'hébergeur infogère
tout de même la propriété de ses clients dans 21,8 %
des cas. Au final, l'on constate également un excédent
de 18,1 %, qui souligne pour un peu moins d'une entreprise
sur dix la combinaison de plusieurs formes d'hébergement.
Dans la majorité des cas (44,3 %), c'est la direction
des systèmes d'informations de concert avec la direction
générale qui ont effectué ce choix. En l'absence de DSI,
un prestataire externe (cabinet de conseil, agence web...)
est intervenu sur 12,3 % des projets. En fonction
du nombre de serveurs, l'on remarque que celle-ci se retrouve
de plus en plus seule dans la prise de décision. Pour
moins de cinq serveurs (81 % des répondants),
la DSI n'effectue seule le choix que dans 20 % des
cas. De 6 à 15 serveurs (14 %), ce taux
passe à 25 %, à égalité avec une prise de décision
commune entre la DSI et la direction opérationnelle qui
soutient le projet. Au delà de 16 serveurs, la direction
informatique est systématiquement seule pour définir
la plate-forme.
L'hébergeur
et la satisfaction du client :
Colt Telecom, NFrance, Francexpress, Easynet
A l'observation des
résultats, il est intéressant de constater qu'entre 8 et
9 % des entreprises sondées n'ont pas un mais plusieurs
hébergeurs. Dans l'ordre, les prestataires les plus couramment
cités sont la filiale française du britannique
Colt Telecom (10 %), puis les deux français
NFrance Conseil et Francexpress à égalité (9,7 %),
et enfin Easynet (9,1 %), un autre opérateur britannique.
En dessous, l'on retrouve OVH et Online/Proxad (6,45 %),
puis Amen et Internet.fr (5,45 %). Les autres reviennent
moins souvent, et la vague suivante de ceux qui ont été
cités cinq fois comprend Integra, FTEbusiness, Uunet,
Fluxus, Verio et Level 3. Rappelons qu'en ce qui concerne
les hébergeurs sur plates-formes mutualisées
et les MSP - ou fournisseurs d'infrastructures infogérées
- ceux-ci ne possèdent souvent pas leur propre
centre. Ils proposent leurs prestations d'hébergement
à l'intérieur des datacenters d'opérateurs
plus importants.
60
% des sondés ont déjà changé d'hébergeur
Pour 59 % des
répondants au questionnaire, il ne s'agit pas du
premier prestataire choisi pour héberger leur application
web. Cela démontre qu'en 2001, les entreprises ont dans
leur majorité déjà connu une expérience non concluante.
Or, 59,7 % des entreprises ont démarré la mise en
production de leur site il y a plus d'un an, dont 17 %
depuis plus de deux ans. Si ces deux chiffres se recouvraient,
cela signifierait que très peu d'entreprises ont été satisfaites
par les prestations offertes jusque là. Mais à l'heure
d'aujourd'hui, les résultats montrent une réelle satisfaction
à l'égard de certains hébergeurs comme Verio, Matra Global
Netservices et Level 3. Ce qui suppose au moins une amélioration
chez ceux-ci, en particulier les deux derniers qui ont
été cités par certains comme étant
leurs précédents hébergeurs.
La
prestation de service :
Des coûts très bas en face d'exigences élevées...
Pour mieux comprendre
la majorité d'insatisfaits, il convient d'observer la
réponse aux attentes et les termes du contrats. Sur ce
dernier point, les éléments contractuels négociés avec
le prestataire sont d'abord le coût de la bande passante
(63,9 %), celui des services (59,3 %), puis
celui de la location (42,6 %). A égalité, la mise
en place d'une GTR (garantie de temps de rétablissement)
qui suppose un accord sur la qualité de service, est voulue
par 42,6 % des entreprises. Enfin, un quart des clients
seulement réclame aussi une cellule technique dédiée.
Après, les éléments décisifs dans la mise en oeuvre de
la plate-forme font l'objet d'une évaluation plus serrée
et sont ainsi classés de très à peu importants. Sont considérés
d'abord comme capitaux les éléments touchant à la remontée
d'alertes et à la surveillance en 24/7 (56,8 % de
moyennement ou très important), au rapprochement des contraintes
techniques avec une solution éprouvée (52,5 %), au
coût global de la solution (49,6 %), à l'évolutivité
(48,8 %) et enfin à la haute disponibilité
(45,2 %). Sur un plan moins décisif, l'on retrouve
les références de l'hébergeur que
75,8 % classent de peu à assez important,
puis le support technique à 70,3 %, la sécurité
à 60,8 % et l'anticipation autour de 59,6 %.
Les deux derniers, ainsi que la haute disponibilité,
sont donc jugés d'une importance moyenne. Même
si le fait de ne pas faire confiance aux références
traduit un certain réalisme quant au choix pragmatique
de la solution d'hébergement, la faible importance
accordée au support technique sous-entend que les
clients préféreraient ne jamais y avoir
recours. Quant aux points d'importance moyenne, ils paraîssent
sous-estimés au regard du coût global de
la solution. En ce qui concerne la sécurité,
par exemple, il convient de rappeler les risques réels
que présente Internet aujourd'hui.
...ce
qui peut expliquer une faible réactivité
Lorsqu'il s'agit de
juger les performances sur ces différents aspects, le
couperet tombe alors que les exigences de coût ont souvent
été globalement respectées pour 74 % du panel sondé.
La qualité de la bande passante est globalement
plutôt bonne (62,6 %), ainsi que celle du support
technique (57,6 %) et des infrastructures (55,6 %).
La qualité des conseils apparaît quant à
elle beaucoup plus moyenne, avec environ 41 % des
suffrages. Quant au trafic dû aux accords de peering
et à la haute disponibilité, ils récoltent
respectivement 29,6 % et 22,61 %. Ceci tend
à conforter certaines rumeurs selon lesquelles
une partie des hébergeurs mentiraient sur leurs
accords de peering.
En face, les reproches apparaîssent plutôt
éloquents. Ainsi, les quatre plus récurrents
tournent autour de la notion de temps. Le manque de réactivité
arrive en première position pour 54,5 % des
sondés, suivi du temps écoulé pour
une demande au service technique (53,4 %), au service
commercial un peu plus disponible (45,4 %), et du
respect des délais dont 38,6 % sont mécontents.
Entreprises/hébergeurs
: divorce avec torts partagés ?
Les effectifs des hébergeurs semblent souvent dépassés,
peut-être parce qu'ils ne focalisent pas assez leurs
efforts sur leur métier. Sont notamment ici pénalisés
les prestataires qui tentent de répondre à
toutes les demandes notamment en matière d'infogérance
applicative et de développements. Mais les clients
peuvent-ils aussi raisonnablement espérer plus
en la matière s'ils payent moins cher ? 30,7 %
d'entre eux reprochent un mauvais relationnel, qui peut
parfois être la cause de ce phénomène.
La haute disponibilité, coûteuse et peu usitée
comme en témoignera le second volet de notre enquête
sur les plates-formes techniques, pourrait aussi éviter
des pannes. Enfin, les 8 à 9 % qui ont
choisi plusieurs hébergeurs semblent aussi avoir
compris qu'un seul ne peut parer à toute éventualité,
et peuvent basculer de l'un à l'autre en cas de
panne.
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Second volet: Zoom sur les choix techniques >>
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