23/08/01
Questions
- réponses: "Tout intégré" versus "Best of breed" ?
La montée en puissance
de la gestion de la relation client et, plus généralement,
des infrastructures e-business a relancé un vieux
débat de l'informatique. Celui qui oppose les logiciels
dits "best of breed" aux offres de type "tout
intégré". Explications en cinq questions-réponses.
Comment
définir les notions de "tout intégré"
et de "best of breed" que les éditeurs
emploient souvent ?
Une solution de type "tout
intégré" entend se suffire à
elle-même pour satisfaire l'essentiel des besoins
d'une entreprise. Un logiciel tout intégré
cherche donc moins à se distinguer sur la performance
de l'ensemble de ses fonctions que sur l'exhaustivité
de sa couverture fonctionnelle. C'est entre autres avec
cette promesse que les progiciels de gestion intégrés
d'éditeurs tels que SAP se sont imposés.
En revanche une offre qui s'inscrit dans une logique "best
of breed" cherche à offrir la meilleure réponse
technologique à une problématique précise.
Prenons pour illustrer ces deux approches un domaine d'application
comme la gestion de la relation client: si un Siebel s'inscrit
dans une logique de "tout intégré",
ses solutions couvrant l'ensemble des besoins (automatisation
des forces de vente, animation des campagnes marketing,
gestion du centre d'appels), d'autres se concentrent exclusivement
sur l'un de ces sujets. Pour s'intégrer dans le
système d'information existant de l'entreprise,
les logiciels de type "best of breed" doivent
naturellement faire preuve d'ouverture. Sans surprise,
les logiciels conçus dans une perspective "tout
intégré" se soucient moins de leur
aptitude à s'intégrer avec d'autres.
Quelle est l'origine du concept
de "tout intégré" ? Recoupe-t-il
la notion de "suite logicielle" ?
Le
"tout intégré" fait parler de
lui en informatique depuis que les progiciels de gestion
intégrés (PGI ou ERP) se sont imposés
dans les entreprises. Au fil des ans, le blason de ces
PGI a toutefois commencé à se ternir. Côuteux,
lourds à déployer et à maintenir,
ces grands logiciels ont peu à peu pris une connotation
d'usine à gaz, sans toutefois que cela remette
en cause leur progression dans les entreprises. Résultat,
les éditeurs s'efforcent désormais de ne
plus utiliser cette notion de "tout intégré"
et lui préfère notamment celle de "suite".
C'est le terme qu'emploie un éditeur comme Oracle.
Sa plate-forme "eBusiness Suite", couvre des
domaines comme les finances, les ressources humaines,
la business intelligence, le e-commerce, etc. Une polyvalence
qui représente l'un des arguments clef de l'éditeur
(voir
l'interview de Jimmy Anidjar, vice-président France
et MEA de l'éditeur).
L'une des deux approches
l'a-t-elle clairement emportée sur l'autre ? Quelle
voie les entreprises doivent-elles suivre ?
Pour le moment, cette opposition
n'a pas vraiment de vainqueur. Aux dernières nouvelles,
les SAP, Siebel ou Oracle se portent assez bien... Dans
les faits, les grandes entreprises tentent de profiter
des deux approches: beaucoup d'entre elles ont opté
pour un grand progiciel intégré, ce qui
ne les empêchent pas de retenir une solution spécialisée
pour traiter un problème pointue ou critique pour
leur activité. Il faut aussi noter que le souci
croissant des entreprises pour la relation client a relancé
ce débat entre "tout intégré"
et "best of breed". En effet, dans le domaine
de la gestion de la relation client, peu d'éditeurs
peuvent se targuer de tout faire correctement. A
titre d'exemple, une entreprise qui exploite Siebel mais
qui souhaite mettre en oeuvre une solution de personnalisation
très fine de son site Web sera probablement tenté
de recourir à un autre logiciel à cette
fin. Bref, dans les
faits, le système d'information de l'entreprise
est loin d'être monochrome.
Puisque le système d'information
des entreprises reste hétérogène,
les défenseurs du "tout intégré"
revoient-ils leur position ?
Disons qu'ils la nuancent. C'est surtout le cas de SAP
qui reconnait désormais qu'il n'a pas le monopole
des systèmes d'information des entreprises qui
ont retenu ces solutions. L'éditeur, notamment
via sa filiale SAP Portals en charge de l'élaboration
des solutions de portails d'entreprise, travaille sur
les aptitudes de ses logiciels à intégrer
d'autres offres. Et, manifestement, un acteur comme Oracle
s'apprête lui aussi à amender sa position
sur le sujet.
Quel lien entre ce débat
et les solutions d'EAI
ou les technologies comme XML
?
Une entreprise qui choisit de composer son système
d'information à partir de solutions de type "best
of breed" doit s'occuper de les intégrer.
Délicat à priori, puisque contrairement
aux modules d'un PGI, ces logiciels n'ont pas forcément
été conçus pour travailler ensemble.
Pour mener à bien cette intégration, elles
recourent donc parfois à des solutions d'EAI (logiciels
d'intégration d'application). En outre, des langages
comme XML permettent aux applications de standardiser
les messages qu'elles s'échangent pour se synchroniser.
XML, comme d'autres technologies (Java, J2EE...) facilite
donc l'interopérabilité entre des solutions
émanant de divers éditeurs.
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