26/09/01
L'offre
séduit pour l'infrastructure technique mais se fait attendre
sur le versant fonctionnel
Initié
depuis une dizaine d'années aujourd'hui, le mouvement
du logiciel libre suscite des questions de plus en plus
précises au fur et à mesure que les grandes
entreprises basculent sous des environnements Linux
et créent des émules. Quels bénéfices,
quelles difficultés éventuelles d'implémentation,
quelle pérennité à terme, etc.
, autant de questions qui ont été débattues
ce matin à l' occasion du forum organisé
par Benchmark
Group , l'éditeur du Journal du Net, qui
réunissait développeurs, éditeurs,
prestataires de services et utilisateurs de solutions
libres.
Des arguments en faveur du
"libre"...
Premier
constat, les arguments généralement mis
en avant par les tenants du logiciel "libre"
ont été assez largement repris à
leur compte par les sociétés utilisatrices
présentes, qui ont notamment mis en avant dans
leurs critères de choix : la réduction
du coût, la flexibilité, et la sécurité
des solutions logicielles libres. Ainsi, par exemple,
le représentant de Sécurité Solaire,
société en charge de réaliser des
prévisions sur le rayonnement solaire, estimait-il
que les solutions mises en place (basées sur
des serveurs web Apache et des BDD MySQL) représentaient
un gain de coût annuel de l'ordre de 50% environ
par rapport à des solutions équivalentes
de types propriétaire. Précision importante
toutefois, cette estimation ne tenait pas compte des
frais de maintenance, qui sont, de l'avis même
de certaines société de conseil, l'un
des pricipaux centres de dépenses des logiciels
sous Linux.
... mais aussi des réserves
Le représentant du web intégrateur Owendo,
Franck Gonzales, n'a pas hésité à
faire remarquer que "l'attachement à un
prestataire pour des développements spécifiques
libres peut devenir aussi fort que celui qui lie certaines
entreprises à des solutions logicielles propriétaires",
tant il est vrai que la programmation dans les environnements
libres requiert des compétences pointues. Point
de vue confirmé d'ailleurs par le directeur technique
de L'équipe.fr
qui reconnaissait avoir procédé à
des recrutements très ciblés pour mettre
en place son serveur d'application JServ et ses
serveurs web Apache. Jean-Pierre Laisné de Bull
Infrastructures
& Systèmes contrebalançait toutefois
cette analyse: "Les ingénieurs qui sortent
des grandes écoles désormais ont majoritairement
une formation à la programmation sous environnement
Linux, et la pénurie souvent décriée
de programmateurs compétents appartient de plus
en plus au passé".
Besoin
d'un leadership ?
Si certains acteurs de la communauté des
développeurs comme Loïc Dachary de la FSF
Europe (Free Software Foundation) ont tenu à
réaffirmer la nécessité pour celle-ci
de rester indépendante pour préserver
la dynamique qui a fait son succès, les éditeurs
du monde libre présents comme Mandrakesoft
ou Red
Hat, ou certains intégrateurs comme Clever
Age, ont reconnu qu'un certain "leadership"
devrait néanmoins guider à l'avenir les
directions prises par la communauté. Voilà
sans doute pourquoi Olivier Ezratty, directeur de la
division .Net de Microsoft,
est (presque) tombé d'accord avec les représentants
du logiciels libres en estimant que "le succès
d'un logiciel dépend plus de l'atteinte d'un
seuil critique de développeurs, que de la nature
du logiciel lui-même - libre ou propriétaire".
A défaut d'un tel leadership, l'univers du logiciel
libre pourraient tarder à répondre aux
besoins des utilisateurs non-techniques, à la
fois en termes de services et de produits packagés.
De
fait, là où l'intérêt des
serveurs Apache (60% du marché des serveurs web
en France aujourd'hui) n'est plus à démontrer,
les offres d'applications d'entreprises (ERP, CRM, etc.)
ou encore de bureautique (type Microsoft Office ou Star
Office de Sun) se font encore attendre, même si
certains comme IBM ou SAP ont déjà fait
un premier pas dans cette direction.
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