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10/03/2001

Comment Visa prépare (activement) l'après Cyber-comm

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Etrange: à l'heure où Visa semble travailler d'arrache-pied sur un nouveau protocole de paiement, 3D-Secure, qui risque bel et bien de reléguer 3D-SET à l'arrière plan, tout se passe en France comme si... rien ne se passait ! Ou plus précisément, comme si le temps s'était arrêté depuis 3D-SET et Cyber-comm. Cette dernière solution, adossée à 3D-SET, apportait une authentification forte via la présence d'un lecteur de carte à puce sur le poste de l'acheteur et était activement soutenue à son lancement par de grandes banques françaises. Que s'est-il passé depuis avril 2000, date d'inauguration officielle de Cyber-comm ? Pourquoi Visa promeut aujourd'hui un nouveau protocole de paiement? Une nouvelle bataille américano-française se dessine-t-elle sur le front du paiement en ligne ? JDNet Solutions avance quelques éléments de réponse.


Officiellement, Visa joue sur l'argument du "changement dans la continuité". "3D-Secure ne fait qu'améliorer le modèle mis en place avec 3D-SET, nous explique-t-on chez Visa. A savoir, un modèle qui dissocie bien le domaine de l'acheteur, celui du marchand et enfin celui de l'interopérabilité (la plate-forme Visa, ndlr). D'ailleurs, il existera une passerelle entre 3D-SET et 3D-Secure et les deux systèmes cohabiteront". Le discours est tellement apaisant qu'on en oublierait presque que, dans les faits, Visa pousse bel et bien une solution de remplacement de 3D-SET. Et il faut insister assez lourdement pour enfin comprendre ce qui fait la différence entre les deux protocoles.

3D-Secure, la voie du pragmatisme
Voilà donc ce que nous avons pu recouper auprès de plusieurs interlocuteurs proches du dossier. Ce n'est plus vraiment un secret, 3D-SET a échoué parce qu'il a péché par excès de complexité, notamment en imposant aux marchands de transformer leur plate-forme de vente en ligne en véritable forteresse - entre autres pour gérer une infrastructure de certificats propre au système. "Pour comprendre le caractère peu pragmatique de 3D-SET, il faut se souvenir qu'à l'époque de son élaboration, les technologies Internet n'étaient pas forcément aussi mûres qu'aujourd'hui", nuance toutefois l'un de nos interlocuteurs. Sans oublier que bon nombre d'acteurs croyaient vraiment encore il y a deux ans pouvoir diffuser massivement des lecteurs de carte à puce... Cette complexité, et le coût de l'infrastructure qui en découle, a donc eu raison de 3D-SET. "Le système n'a pas démarré aux Etats-Unis", concède Claude Megglé, directeur sécurité et normalisation de Cyber-comm. Et en Europe ? L'intéressé cite des projets en Allemagne et... au Japon.

Face à l'échec de 3D-SET, Visa a donc choisi d'élaborer un protocole beaucoup moins contraignant pour l'acheteur comme pour le marchand. Et pour cause: 3D-Secure déplace en quelque sorte la complexité du système de paiement des "terminaisons" (l'acheteur et le marchand) vers les plates-formes de Visa et des banques. Tout fonctionne en fait via des redirections d'adresses assurées par le "Visa Directory", un annuaire qui reroute les requêtes sur les banques. Résultat, si dans le modèle 3D-SET, le marchand prenait à sa charge une partie de la procédure de validation de la transaction, il en est totalement déchargé avec 3D-Secure. Chaque sous-procédure qui compose la validation d'une transaction se solde par l'intermédiation de Visa et des banques. Conséquence fondamentale: la responsabilité, auparavant partagée entre le marchand et la banque, est désormais exclusivement à la charge de cette dernière...

Un pur produit Visa...
Pour authentifier l'acheteur, 3D-Secure (qui définit un schéma de paiement et non un protocole de sécurité) donne aux banques trois possibilités: l'échange d'un login et d'un mot de passe, par exemple via une session SSL; le recours à la lecture d'une carte à puce; et, enfin, l'utilisateur d'Arcot ID, une solution qui s'apparente à une carte à puce logicielle et qui se conforme totalement aux spécifications 3D-Secure. Là encore, Visa a privilégié la souplesse.

Sans surprise, tout n'est pas rose dans le modèle 3D-Secure. 3D-SET avait pour mérite d'être le fruit d'une alliance entre Visa et Mastercard; 3D-Secure, en revanche, est un pur produit Visa. D'ailleurs, Mastercard a dans ses cartons un protocole concurrent (nommé SPA/UCAF). Un nouvel épisode se soldant par l'élaboration d'un n-ième protocole n'est donc pas exclu... Toutefois, le temps semble clairement jouer en faveur de Visa. Qui a déjà fixé des dates butoir: d'ici avril 2002 (pour les transactions sur la région Europe) et avril 2003 (pour les transactions internationales), les banques devront se conformer à l'un des deux modèles 3D. Visa laisse en effet aux banques la possibilité de déployer directement 3D-Secure ou de passer par une phase intermédiaire 3D-SET. Pas d'ambiguité pour Visa donc: le terminus s'appelle bien 3D-Secure.


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