10/05/2001
McKinsey redistribue la donne entre les acteurs ASP
Deux
ans après l'arrivée des premières
offres ASP (Application Services Providers)
sur le marché français, un constat s'impose:
le marché n'a pas décollé. Même
les acteurs directement concernés se refusent
désormais à avancer des chiffres ou à
faire des prédictions. Un
projet de recherche interne, réalisé par
le cabinet américain McKinsey
sur le marché de l'ASP en Europe, conforte
la tendance.
Emergence
de trois types d'ASP
L'analyse de McKinsey différencie
plusieurs catégories génériques
d'acteurs autour desquelles le marché pourrait
à terme se cristalliser. La première,
celle des fournisseurs de masse, regroupe les sociétés
qui distribuent des applications développées
par d'autres en large volume, d'où leur nom.
Typiquement, ce sont les opérateurs de télécommunications,
hébergeurs et ISP qui sont les mieux positionnés
pour développer cette tendance, selon le cabinet.
La seconde, celle des fournisseurs sur-mesure, désigne
les entreprises qui réalisent des applications
ad hoc pour des grands comptes aux besoins très
spécifiques : on pense ici aux grandes SSII bien
entendu, particulièrement bien placées
pour être à l'écoute des problématiques
de leurs clients et y répondre de façon
pointue. Dernière catégorie enfin, celle
des fournisseurs des solutions spécialisées:
elle fédère l'ensemble des acteurs qui
vont développer nativement des applications en
mode ASP, "pure players" donc, qui pourront
être aussi bien des éditeurs de solutions
verticales dédiées que des éditeurs
de solutions horizontales spécifiques telles
que la comptabilité. On
retrouve donc ici
une répartition assez largement reconnue aujourd'hui
: opérateurs/hébergeurs- intégrateurs-
éditeurs. Là où l'étude
est plus surprenante, c'est dans son pendant prédictif,
où les mieux placés ne sont pas forcément
ceux que l'on attendait.
Et
le vainqueur est...
Si les opérateurs de services Internet semblent
partir favoris parce qu'ils possèdent la maîtrise
de leur infrastructure, un réseau de distribution
étendu, une marque reconnue, etc., ce sont pourtant
eux qui arrivent derniers dans le classement McKinsey.
Reste à définir bien entendu les critères
de ce "classement" et à les accepter.
Sur le segment des fournisseurs
de masse, la marge opérationnelle des opérateurs
pourrait ainsi atteindre 12% de leur chiffre d'affaires
au terme de ces quatre années. Sur celui des
fournisseurs de solutions spécialisées,
les éditeurs atteindraient pour leur part 22%,
et sur celui des fournisseurs sur-mesure, les intégrateurs
se tailleraient la part du lion avec un ratio d'environ
38%. L'expertise des systèmes d'information de
ces derniers primerait donc sur les capacités
de R&D des grands éditeurs comme sur la possession
des infrastructures réseaux des opérateurs
internet.
Il n'y a cependant aucune raison de conclure que le
marché de l'ASP n'est pas assez large pour que
chacun y trouve sa place, et on peut raisonnablement
penser que les forces des uns pallieront les éventuelles
faiblesses des autres par le biais d'un jeu d'alliances
qui restent à construire.
A
lire aussi : On
attend de l'ASP beaucoup trop et beaucoup trop vite.
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