10/10/2001
Licences
logicielles: Microsoft fait à nouveau marche arrière
Microsoft
a officiellement annoncé dans la nuit de lundi
à mardi qu'il reportait pour la seconde fois
son programme
Licence 6.0. Celui-ci, qui devait entrer en vigueur
dès le 1er octobre 2001, avait été
récemment reporté sous la pression des
utilisateurs au 28 février 2002. Ce délai,
jugé beaucoup trop court par la majorité
des entreprises, vient donc d'être prorogé
au 31 juillet 2002. Les actions concomitantes des groupes
d'utilisateurs américains, du Tif en Angleterre
ou du Cigref en France ont semble-t-il porté
leurs fruits.
Dans la mire, le programme
"Software Assurance"
Pour
mesurer l'étendue des concessions accordées
par la firme de Redmond, il faut rappeler les grandes
lignes des épisodes précédents.
Lancé par Microsoft en mai dernier, le programme
Licensing 6.0 devait, sous couvert de simplification
pour les usagers, supprimer les différentes formules
de mise à jour jusqu'alors en place, et les remplacer
par deux solutions à partir du 1er octobre.
Comme alternative à la suppression des mises
à jour dites concurrentielles utilisées
notamment par les
petites entreprises,
une première option du programme consistait simplement
à acheter de nouvelles licences. Moyennant, évidemment,
un
surcoût non négligeable pour
les intéressées.
La seconde
option - celle que l'éditeur cherche à
promouvoir - propose aux entreprises de souscrire à
un nouveau programme baptisé Software Assurance
(SA), qui intègre la mise à jour des dernières
versions des produits Microsoft pendant la durée
du contrat signé. Seul hic de ce nouveau mécanisme
: son coût.
Un
programme surtout intéressant pour... l'éditeur
L'un
des premiers à avoir pointé du doigt l'évidence,
le Gartner,
avait fait remarquer dès le 10 mai dernier que
le principe de facturation de Software Assurance augmentait
substantiellement le prix des logiciels pour les entreprises
dont le cycle de renouvellement des licences dépassait
trois ans. En effet, Software Assurance est facturé
sur la base d'un forfait annuel qui représente
29% du prix de la licence pour les logiciels de bureautique
et 25 % pour les logiciels serveurs, ce qui au bout
de trois années revient à avoir payé
deux fois le prix de la licence ! Autre problème,
l'obligation faite aux entreprises de mettre à
jour leur parc au préalable pour pouvoir "bénéficier"
de SA. Ce qui revient pour nombre de sociétés
qui sont encore sous Office 2000, à mettre leur
version à la poubelle pour acheter Office XP
une première fois, avant d'adhérer à
Software Assurance pour 29% du prix qu'elles viennent
de débourser ! Une pilule un peu amère
qui n'est pas passée chez les responsables informatiques,
pris en otages et sommés d'opérer la bascule
avant la fin du mois de février.
Deux
concessions de Microsoft
Suite
à l'annonce faite par Microsoft hier, deux éléments
notables nous ont été confirmés
par la responsable marketing des programmes licences
France de l'éditeur, Sandrine Marcorelles-Bernard
: "Les deux modifications majeures concernent d'une
part l'extension de la période pendant laquelle
les entreprises pourront continuer à acheter
des upgrades logiciels aux conditions habituelles, et
qui est valable pour les programmes Open et Select.
D'autre part l'éligibilité des entreprises
qui
seraient encore sous Office 2000
au
programme SA , jusqu'au 31 juillet prochain". En
d'autres termes, les entreprises de 5 à 250 postes
(programme Open) comme les grandes entreprises (programme
Select pour des parcs supérieurs à 250
PC) se voient accorder un sursis de neuf mois à
partir d'aujourd'hui.
Le
Cigref prêt à en découdre
L'annonce
de ces mesures, qui ne font que retarder l'inévitable,
semble pourtant satisfaire globalement le Cigref
(Club informatique des grandes entreprises françaises).
Intérrogé à chaud sur la nouvelle,
son délégué général,
Sébastien Bachollet nous a livré son sentiment.
"Cette annonce représente une victoire pour
l'ensemble des utilisateurs et des directeurs informatiques
que nous représentons. Depuis mai dernier, nous
sommes en pourparlers avec Microsoft France et Microsoft
Europe et nous avons obtenu satisfaction sur de nombreux
points au terme du dialogue amorcé : report du
calendrier, maintient des mises à jour et d'Office
2000, etc." Un nuage subsiste cependant dans un
horizon temporairement dégagé : les 29%
à payer par an pour souscrire au programme. Sur
ce point, les exigences du Cigref restent fermes : "Nous
souhaitons que Microsoft revoit ses calculs, et s'aligne
sur les prix moyens du marché des logiciels.
Un taux de 12 % nous parait raisonnable, et nous espèrons
faire progresser les choses en ce sens dans les mois
qui viennent".
La réunion des DSI européens qui se tiendra
à Bruxelles les 29 et 30 novembre prochains à
l'initiative du Cigref aura-t-elle une influence positive
pour les utilisateurs ? Il est en tout cas certain que
pour peser dans la balance des négociations en
cours au plan international, les entreprises européennes
ont tout intérêt à faire bloc.
A lire
aussi pour plus de détails :
Gartner
Group épingle
le nouveau programme de licence de Microsoft.
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