31/10/01
IBM
acquiert l'éditeur d'EAI Crossworlds Software
Le
marché des solutions d'EAI (plates-formes d'intégration
d'applications) se réduira-t-il dans quelques
mois à trois ou quatre grands acteurs ? A la
vue de la consolidation en cours, on est tenté
de répondre par l'affirmative. Dernier épisode
donc, IBM vient de mettre la main sur Crossworlds Software.
L'acquisition, qui doit encore être approuvée
par les actionnaires de Crossworlds, s'élève
à 129 millions de dollars. Une somme payée
cash par Big Blue. Après l'acquisition d'Active
Software par webMethods,
de Neon par Sybase,
les fournisseurs d'EAI pourront bientôt se compter
sur les doigts d'une main. D'autant que l'on ne voit
pas forcément très bien comment des Mercator
ou des Vitria vont pouvoir poursuivre seuls leur route
à l'ombre des webMethods, Tibco et IBM.
Achat de légitimité
L'acquisition
par Big Blue d'un acteur de l'EAI ne surprend pas vraiment.
En dépit d'un marketing habile autour des marques
MQSeries et Websphere, l'offre d'EAI d'IBM demeure incomplète
et morcelée. D'un côté, l'équipe
MQSeries a produit MQ Series Workflow, une solution
de gestion des flux inter-applications intimement liée
évidemment au bus logiciel maison. D'un autre
côté, l'équipe de Websphere a sorti
Websphere Business Integrator, un logiciel destiné
à la gestion de flux B to B. Aux côtés
de ces deux offres, IBM affichait jusqu'au début
2001 deux grands partenaires: Neon et Crossworlds. Le
premier étant tombé dans l'escarcelle
de Sybase, IBM n'a manifestement pas eu envie de se
faire doubler une seconde fois... Cependant, cette acquisition
ne règle pas tous les problèmes d'IBM
dans le domaine de l'EAI. Loin de là.
Côté face, Crossworlds, précurseur
de l'EAI, représente sur ce marché une
certaine légitimité. En outre, la plate-forme
d'intégration de Crossworlds tutoie techniquement
le bus logiciel MQSeries d'IBM, ce qui facilitera l'intégration
des offres. Mais la médaille a son revers: Crossworlds
est réputé pour la modélisation
des flux que permet sa plate-forme mais moins pour la
robustesse du serveur d'intégration ou pour la
richesse des connecteurs. Cette plate-forme manque d'ailleurs
de références de déploiement à
grande échelle, comme nous l'ont rappelé
des consultants que nous avons interrogés sur
le sujet. IBM achète donc de la légitimité
mais pas forcément la meilleure des solutions
pour les trois strates technologiques qui composent
une architecture EAI (connecteurs applicatifs/serveur
de flux/modélisation des flux).
Du pain sur la planche...
Surtout, cette acquisition ne règle pas le plus
gros problème d'IBM en matière d'EAI,
à savoir l'intégration des différentes
offres. S'il semble probable que l'offre de Crossworlds
va venir supplanter MQSeries Workflow (les deux offres
se chevauchent totalement), on peut légitimement
s'inquiéter du temps qu'il faudra à Big
Blue pour réussir l'intégration entre
MQSeries, Websphere et Crossworlds au sein des outils
de développements et des référentiels.
Autant dire que les utilisateurs ne profiteront pas
avant longtemps - soyons optimistes, disons 18 mois
- des bénéfices d'une telle opération.
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